30 octobre > roman Etats-Unis

L’héroïne et narratrice du troublant roman de Maureen Gibbon qui paraît chez Christian Bourgois a 17 ans et porte des "bottines de putain vertes". La rousse Louise Meurent n’a encore peur de rien. Cette fille d’un graveleur-ciseleur travaille rue Pastourelle avec son amie, la brune Denise Desrosiers. Nise, sa presque "frangine", a déjà un enfant élevé à la campagne. Toutes deux sont de jeunes brunisseuses d’argenteries aux mains rugueuses qui partagent une chambre minable près de la place Maubert, la "Maub". Elles aiment à traîner dans les rues de Paris. A dessiner, tant cela aide à voir les choses, tant cela permet de garder une trace de la journée. Et aussi de se faire remarquer des garçons, domaine qui les intéresse.

La veille au soir, Louise embrassait un soldat qui la serrait violemment contre lui. Là, voici qu’un inconnu trentenaire les aborde, elle et Denise. Il prétend s’appeler Eugène, être précepteur, venir de Gennevilliers. Au fond qu’importe si c’est vrai, puisqu’il leur offre à dîner dans une brasserie. Avant de leur annoncer qu’il a envie de faire l’amour avec elles, ce qui ne leur a pas échappé. Les demoiselles ont déjà posé pour un certain Félix Moulin qui leur a donné vingt francs à chacune dans son atelier de la rue Richer…

Avec sa plume enlevée et une solide documentation sur l’époque qu’elle fait revivre, Maureen Gibbon enchaîne le lecteur à ce délicieux Rouge Paris et à son héroïne appelée à devenir modèle de profession. Elégant et sensuel, ledit Rouge Paris parle de création et de désir. Il y est également question d’un autre atelier, rue Guyot celui-ci. D’Edouard Manet et de la création d’Olympia et du Déjeuner sur l’herbe. Al. F.

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