La librairie toulousaine La Renaissance, qui fête discrètement cette année ses 75 ans, tient une place à part dans le paysage. Créée en 1944 aux lendemains de la libération de Toulouse, elle s'installe en 1981 en périphérie de la ville, au cœur du quartier populaire du Mirail, pour aller chercher les lecteurs là où ils se trouvent. C'est elle qui tient, depuis dix-huit ans, le Village du livre à la Fête de l'Humanité, accueillant plus de 200 auteurs en dédicaces. A Toulouse, elle est la librairie partenaire des festivals du Livre de jeunesse Occitanie, mais aussi de Toulouse, Polars du Sud. « Cette activité hors les murs représente aujourd'hui, avec les ventes aux collectivités, plus de la moitié de notre chiffre d'affaires. C'est ce qui nous permet de tenir, observe la directrice Roselyne Gutierrez, salariée de La Renaissance depuis trente-huit ans. Notre déménagement au Mirail en 1981 était un acte militant. L'idée, novatrice à l'époque, était de nous rapprocher des publics ne lisant pas. Et plus généralement de tous les publics potentiels. D'où nos activités sur les salons, avec les écoles, les entreprises. »
Au-delà de leur dimension économique, les activités hors les murs, et en particulier la Fête de l'Humanité, permettent à la librairie de nouer des contacts avec les auteurs et de les inviter plus facilement quand elle veut organiser, dans ses murs, des rencontres. Une façon de faire vivre ce magasin doté d'une surface de vente de 100 m2 et d'une salle de conférences. A l'écart du centre-ville où domine Ombres blanches, La Renaissance s'affirme par son offre engagée et s'efforce aussi de répondre aux attentes très différentes qui émanent d'un quartier composé d'un côté de logements sociaux, et de l'autre d'entreprises de pointe.
Deuxième plus ancienne librairie de Toulouse, après Privat, elle emploie sept temps pleins et a réalisé au dernier exercice un chiffre d'affaires de 980 000 euros. Elle se prépare à une transmission de direction en interne. « L'enjeu de cette transmission, reconnaît Roselyse Gutierrez, est de maintenir l'héritage militant de la librairie, qui reste, par ailleurs, détenue par trois actionnaires historiques. »
