5 janvier > Histoire États-Unis > Nat Turner

On reçoit ce témoignage comme un choc. Il dérange parce qu’il renvoie à l’indicible, un mélange de rage, de désespoir et de furie meurtrière. William Styron ne s’y était pas trompé en publiant en 1967 Les confessions de Nat Turner (Folio, 1982). Catherine Hermary-Vieille avait aussi romancé cette histoire dans L’ange noir (Plon, 1998). Voici enfin le texte original de Nat Turner publié en 1831 à Baltimore.

Le 21 août 1831 à Jerusalem, comté de Southampton, en Virginie, des esclaves noirs prennent les armes contre leurs maîtres blancs. Cinquante-cinq hommes, femmes et enfants sont massacrés à la hache ou au pistolet. L’instigateur de cette vengeance se nomme Nat Turner. Il a 30 ans, il se présente comme un prophète en "mission de mort".

Avant d’être arrêté puis pendu, écorché et démembré, l’avocat Thomas R. Gray recueille ces confessions stupéfiantes. Impassible, Nat Turner raconte comme un prédicateur. "Mon objectif était de semer la terreur et la dévastation où que nous allions." Cette "soif de sang" qui explose après tant d’années dans les fers paraît sans limites. "Je contemplais avec une satisfaction muette les corps mutilés qui jonchaient le sol."

Plusieurs révoltes émancipatrices ont eu lieu dès le XVIIIe siècle aux Etats-Unis, mais celle de Nat Turner fut la dernière avant la guerre de Sécession qui conduisit à l’abolition de l’esclavage. Ce document historique présenté par Michaël Roy nous fait entrer dans une violence extrême, entre hallucination et cauchemar. Le réalisateur Nate Parker s’en est inspiré pour son film The birth of a nation (La naissance d’une nation) qui sortira le 11 janvier. L. L.

Les dernières
actualités