20 août > Roman France

Ses Vieilles, héroïnes d’un roman paru en 2010, prix Renaudot poche en 2012, ont séduit près de 220 000 lecteurs. L’écrivaine et éditrice Pascale Gautier poursuit avec La clef sous la porte sa peinture du désarroi comique de l’homo occidental vieillissant. Etre ou ne pas être "dans la vie", telle est la question que se posent quatre quinquagénaires, parvenus à l’heure des déceptions du crépuscule plus que portés par les promesses de l’aube. Auguste, prof en banlieue parisienne, célibataire, fils dévoué, est chargé d’organiser la transhumance annuelle des pots de lauriers-roses de ses parents du Var, où ces retraités hivernent, aux Hautes-Alpes, où ils migrent à la belle saison. Dans la capitale, Agnès la provinciale se sent harcelée par ses trois frères qui insistent pour qu’elle les rejoigne dans leur village d’enfance au chevet de leur mère à l’agonie. Mais Agnès est excédée car "ça fait cinq fois au moins qu’elle meurt". José, seul et "le cœur sec", assiste au spectacle du monde devant sa télé, et erre dans les rues avant son rendez-vous chez le médecin. Ferdinand, dans son pavillon tout confort à Montfavet situé près de chez ses beaux-parents, ne supporte plus ni sa femme ni sa fille adolescente…

Ronchons, ressassants, sur la défensive, frustrés, misanthropes, casaniers, tous s’exaspèrent, le plus souvent en silence, devant "le grand n’importe quoi", les voisins, les jeunes, les vieux, la famille qui n’est que contraintes, le pays qui va à vau-l’eau… Mais la fantaisie oulipienne, un cocktail de grinçant et d’attendri, d’amer et de charitable, vient alléger tout ce déprimé. Et à la fin, mettre la clef sous la porte peut s’entendre aussi comme le premier geste d’un nouveau départ, entre "A tchao bonsoir !" et "En voiture, Simone !". V. R.

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