13 janvier > Roman France

Elle s’appelait Agathe. C’était une fille vive, drôle, enjouée, chaleureuse, un brin autoritaire peut-être, parfois. Elle aimait regarder des bêtises à la télé, danser, les fruits de mer, les tribus, étudier, tenir une conversation et ne plus la lâcher. Courageuse, elle aimait aussi faire comme si de rien n’était. Comme si l’on n’avait pas découvert presque à sa naissance qu’elle était atteinte de mucoviscidose. Qu’elle ne vivrait pas bien vieille. Vingt-trois ans. Et le scandale de sa mort est infini.

C’est moins autour de ce scandale que de l’éblouissement, de la succession d’épiphanies que fut sa vie, que tourne (au sens où ce serait bien une "circum navigation" autour de l’être aimé, de sa paradoxale présence) L’été d’Agathe, le livre que lui consacre son père, le journaliste Didier Pourquery. L’été, puisque le récit s’organise entre le 21 juin, jour où les médecins d’Agathe apprennent à ses parents qu’il n’y a désormais (après un combat incessant, des dizaines d’hospitalisation, deux greffes des poumons) plus rien à faire et le jour effectif de son départ, un mois et demi plus tard. S’y glisse le souvenir, les allers-retours erratiques de la mémoire.

Qu’écrire d’un tel livre, si ce n’est que l’on doit à son sujet comme son auteur de l’aborder aussi comme une proposition littéraire. L’obscénité est trop souvent l’envers noir de la douleur : Pourquery y échappe absolument. Jamais il ne se "pose en majesté souffrante". Il reste à sa place avec une impressionnante sobriété. Il n’oublie ni d’où il écrit, les terres arides du chagrin, ni pour qui. Pour cette Agathe qui aimait les anniversaires et les cadeaux et qui, en quelque sorte, en fait avec ce livre un magnifique à son père : puisqu’il faut bien vivre, le révéler en écrivain. Olivier Mony

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