Commémoration

Le génocide des Arméniens : une exposition et des livres

Villageois kurdes dans le quartier arménien de Van. Empire ottoman, 1916. - Photo Exposition Mémorial de la Shoah de Drancy-Aram Vrouyr. Coll. Musée d'Histoire d'Arménie.

Le génocide des Arméniens : une exposition et des livres

Le Mémorial de la Shoah de Drancy présente ce printemps une exposition sur "Le génocide des Arméniens de l'Empire ottoman". Le sujet est récurrent cette année avec le 20e anniversaire de la loi du 29 janvier 2001, reconnaissant le génocide arménien. L'auteur, prix Goncourt et Médicis 1995, Andreï Makine a également signé le roman L'ami arménien (Grasset), tout juste auréolé du prix des Romancières 2021.

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Par Dahlia Girgis
Créé le 31.03.2021 à 21h05

"Stigmatiser, détruire, exclure." En trois thèmes, le Mémorial de la Shoah de Drancy présente ce printemps une exposition sur "Le génocide des Arméniens de l'Empire ottoman". Le sujet est récurrent cette année avec le 20e anniversaire de la loi française du 29 janvier 2001, reconnaissant le génocide arménien. L'auteur, prix Goncourt et Médicis 1995, Andreï Makine a d'ailleurs signé le roman L'ami arménien paru chez Grasset en janvier. Il vient de recevoir le prix des Romancières 2021, dans les locaux de Livres Hebdo, le 31 mars.

"Ce n'est pas juste un conflit interreligieux. Il y a une logique de domination, colonialiste et impérialiste", explique Claire Mouradian, commissaire de l'exposition au Mémorial de la Shoah de Drancy. Dans une salle au sous-sol, plusieurs panneaux présentent chronologie, extraits de périodiques, images d'archives et livres historiques. Chacun retrace une part de l'Histoire du peuple arménien, éparpillée aujourd'hui dans plusieurs pays.
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"Marche de la mort vers le désert syrien"

Près de 1,3 million de personnes sont mortes durant le génocide débuté en 1915. Les Arméniens étaient déjà stigmatisés au sein de l'empire Ottoman. En 1878, la signature de traité de Berlin, censé garantir l'appui des puissances occidentales à l'indépendance arménienne, exacerbe les tensions. Des massacres sont régulièrement commis par les autorités. Lors de la Première Guerre mondiale, ils deviennent les boucs émissaires de l'échec dans la grande guerre. Les autorités les envoient alors dans des "marches de la mort vers le désert syrien". Les déportés sont envoyés dans des camps de concentration en Syrie et en Mésopotamie. Les survivants au voyage sont massacrés sur ces "sites-abbatoirs". Environ 700000 Arméniens ottomans sont rescapés.

La mémoire et le génocide

"Je me souviens très bien que, même dans l'horreur de la Première Guerre mondiale, la tragédie arménienne de 1915  soulevé en moi une profonde émotion. Le mot génocide n'avait pas encore cours à l'époque, mais j'ai senti alors tout ce qu'il a signifié plus tard." Cette phrase de Joseph Kessel, écrivain et membre de l'Académie française est affichée à l'entrée de l'exposition. Il l'avait prononcé le 24 avril 1975, lors du 60e anniversaire du génocide des Arméniens.
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Le terme "génocide" émerge plus tard, en 1948, comme infraction du droit pénal international et inspire les revendications des Arméniens. Toujours pas reconnu par la Turquie, le génocide arménien a parfois été minimisé dans la mémoire collective. En témoigne plusieurs extraits négationnistes présentés dans l'exposition, comme celui de Pierre Loti dans La mort de notre cher France en Orient (Calmann-Lévy,1920).

Egalement exposé, The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire d'Arnold Toynbee, acheté par Claire Mouradian sur Ebay. Publié pour la première fois en 1916, il contient une compilation de déclarations de témoins oculaires du génocide.

L'exposition sera disponible en ligne dès le 24 avril, accompagné d'un ouvrage publié par les éditions du Mémorial de la Shoah, Les génocides des Arméniens de l'Empire ottoman, de Claire Maroudian, Raymond Kévorkian et Yves Ternon.
 

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