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Le maître de l’étrange

Saint Georges terrassant le dragon. - Photo Paolo Uccello/Londres, National Gallery

Le maître de l’étrange

L’historien d’art Mauro Minardi consacre une monographie monumentale à Paolo Uccello.

Par Jean-Claude Perrier
avec Créé le 22.09.2017 à 01h40

Parmi les peintres de la Renaissance italienne, le Florentin Paolo Uccello (1397-1475) n’a pas été reconnu à sa place légitime. Il a presque fallu attendre le XXe siècle, Marcel Schwob, les surréalistes, Artaud, Soupault, les peintres métaphysiques comme Chirico, Morandi, ou encore Braque, dont il était l’un des artistes favoris, pour que justice lui soit rendue. Tout ça à cause de Vasari, qui, le présentant comme "pauvre et marginalisé", lui a fait de la "contre-publicité". L’historien de l’art Mauro Minardi, professeur à l’université de Bologne, tord le cou à cette sinistre réputation : Uccello a bénéficié de commandes pour des sites prestigieux, à Florence et à Venise, où il a travaillé sur les mosaïques de Saint-Marc.

Devancier direct de Léonard de Vinci, c’était un chercheur en quête de perfection : les lois de la perspective l’ont toujours obsédé. Un touche-à-tout, également : peintre de chevalet, sculpteur, fresquiste, mosaïste, auteur de vitraux… Un "poète hermétique", dit Minardi, dont les tableaux sont chargés de références et de symboles. Un artiste qui peint aussi bien un Christ grisâtre qu’un portrait de jeune homme, presque translucide, ou encore de désastreuses représentations de la Vierge et l’Enfant quasi extraterrestres. Quant au cycle de la bataille de San Romano, on dirait un dessin animé.

Unique, novateur, fascinant, Paolo Uccello méritait bien son monument de papier. C’est fait, et magistralement, forme et fond. J.-C. P.

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