Le marché dans l’espoir d’un nouveau souffle

Slumberland BD World à Charleroi. L’enseigne compte onze points de vente. - Photo Slumberland BD World

Le marché dans l’espoir d’un nouveau souffle

Les distributeurs, les libraires et les éditeurs espèrent renverser la tendance constante à l’érosion du marché du livre belge.

J’achète l’article 1.5 €

Par Clarisse Normand
avec Créé le 16.02.2018 à 00h53

"Notre marché a suivi l’an dernier à peu près les mêmes évolutions qu’en France", estime Patrick Moller, P-DG du principal distributeur, Dilibel, filiale d’Hachette Livre. Fortement dépendant de la production française, il a notamment pâti de la faiblesse de cette offre au premier semestre et afficherait, selon Patrick Moller, un recul de 1 % à 2 %. "Chez Dilibel, en revanche, les locomotives du second semestre (Astérix, Dan Brown, etc.) nous ont permis de terminer l’année avec une hausse de 7 %."

Chez MDS Benelux (Média-Participations), très présent en bande dessinée et en jeunesse, Michel Delaye, manager des relations éditeurs et du service clientèle, enregistre aussi une progression, se félicitant de l’arrivée récente à son catalogue de l’éditeur belge jeunesse Mijade et du français Anne Carrière. Côté éditeurs, Simon Casterman, directeur financier de Casterman, revendique une bonne année 2017 pour la BD. En littérature, Luce Wilquin, qui dirige la maison qui porte son nom, sent une certaine morosité, même si elle se veut sereine.

En librairie, les échos sont plus contrastés. Avec 11 points de vente répartis sur le territoire (3 à Bruxelles et 8 en Wallonie), l’enseigne Slumberland BD World se montre "satisfaite de 2017 après un exercice 2016 catastrophique", indique Cédric De Waele, responsable marketing et communication. A Bruxelles, Brigitte de Meeûs (Tropismes) se réjouit elle aussi, après la fréquentation très faible enregistrée en 2016 à la suite des attentats, d’un retour des touristes et d’une reprise d’activité, tandis que Marc Filipson (Filigranes) ne parle que de très légère hausse, voire de stabilité. A La Louvière, Bernard Saintes (L’Ecrivain public) ne cache pas avoir connu "en 2017 sa plus mauvaise année d’activité depuis trente-trois ans" et dénonce la concurrence d’Amazon.fr, avantagé par le différentiel de prix.

Disparitions et créations

A côté des transmissions des librairies Graffiti à Waterloo (1) et UOPC à Bruxelles, l’année a aussi été marquée par des disparitions, en particulier celles de Page après page à Spa et de Libris Agora à Liège. En revanche, quelques magasins ont vu le jour, surtout à l’initiative des enseignes. La Fnac a ouvert à Charleroi, portant à 11 le nombre de ses points de vente en Belgique. Club a créé deux établissements, à Charleroi et à Liège, et en annonce un autre pour avril 2018 à Ath. Avec 45 magasins et un chiffre d’affaires 2017 de 60 millions d’euros, la chaîne wallonne, reprise en 2014 par le flamand Standaard Boekhandel, réaffirme sa volonté de se développer dans les zones de trafic (gares, aéroports…).

S’il est encore trop tôt pour que l’entrée en application du prix unique, début janvier, ait eu quelque incidence, les libraires se veulent optimistes. Au-delà des hausses mécaniques que certains pourront enregistrer avec la disparition des discounts, le début d’année est jugé plutôt encourageant. En outre, le groupement de 49 libraires qui a remporté l’an dernier l’appel d’offres de la Communauté française de Belgique (2) voit revenir un certain nombre de collectivités et peut les servir "dans des bonnes conditions puisque les remises ont été plafonnées, dans cet appel d’offres, à 12,5 %", se félicite Olivier Verschueren (Livre aux trésors, Liège). Prévu sur trois ans, ce marché continuera donc à faire sentir ses effets en 2018 et 2019.

(1) LH 1141 du 15.9.2017, p. 34.

(2) LH 1119 du 3.3.2017, p. 24.

16.02 2018

Les dernières
actualités