Pour fêter ses 20 printemps et assurer les 20 suivants, Le Pommier (Humensis) fait une cure de jouvence et se recentre sur sa branche la plus solide. Juliette Thomas, qui en a pris la direction il y a deux ans, succédant - après un long compagnonnage - à Sophie Bancquart, a mûrement réfléchi au sens de son catalogue à l'occasion de cet anniversaire. Elle donne un coup de jeune au logo de la maison, avec l'aide de l'agence Cartoonbase, proposant une signature plus graphique mais comprenant l'arbre et la pomme symbolique du Pommier. Elle a aussi pris la douloureuse décision d'arrêter les nouveautés jeunesse, diminuant sa production de moitié. Désormais, l'équipe, composée de trois personnes, édite une vingtaine de titres par an.
Adepte de la « slow édition », Juliette Thomas accompagne au mieux chaque texte et mise sur la force de vulgarisation de la maison, qui mêle humanités et sciences, essais et fictions, avec des ouvrages manifestes dans lesquels les auteurs s'engagent. « Notre mission de faire partager un savoir scientifique et philosophique prend aujourd'hui une utilité publique avec la concurrence de la désinformation, analyse-t-elle. Le besoin d'apport de connaissances se fait plus urgent, mais il passera peut-être par des canaux différents que le papier. »
Le Pommier a donné ses premiers fruits en mars 1999, au sein de Fayard, sous l'impulsion de Sophie Bancquart et de Michel Serres. Figure tutélaire de la maison, le philosophe reste la meilleure vente du catalogue (300 000 exemplaires de Petite Poucette écoulés depuis 2011) et a publié le 27 février pour cet anniversaire Morales espiègles, déjà 4e des meilleures ventes d'essais cette semaine (voir p. 57). En 2001, Le Pommier devient indépendant, avant de rejoindre en 2007 le groupe Belin, aujourd'hui dans Humensis. « Pour moi, le maître mot de notre aventure, c'est la transmission », précise Juliette Thomas, qui prévoit une opération en librairie dès mars avec les ouvrages phares du catalogue.