Allemagne

C’est l’un des effets collatéraux de la hausse du nombre de demandeurs d’asile outre-Rhin : les ventes de dictionnaires de langue décollent. Dans Der Spiegel, Gabriele Schmidt, gérante de l’éditeur spécialisé Pons, filiale du groupe Klett, évoquait récemment une "hausse notable" des ventes. Eckhard Zimmermann, responsable du secteur numérique de l’éditeur munichois Langenscheidt, confirme : "La demande a explosé, en particulier pour l’arabe, le perse et l’albanais, et ce phénomène concerne autant les versions imprimées que numériques." C’est via le smartphone, "porte ouverte sur le monde" pour les réfugiés, souligne Eckhard Zimmermann, que s’est propagé le succès viral du dictionnaire en ligne arabe-allemand de Langenscheidt (1).

Alerté en août par les organisations d’aide aux migrants sur l’urgence d’un outil de traduction, l’éditeur a mis à disposition son dictionnaire en ligne, téléchargeable gratuitement. Sa popularité a rejailli sur les autres titres de l’éditeur, comme les guides de conversation. "Toutes les autres langues disponibles, le français ou l’anglais par exemple, sont utilisées de manière beaucoup plus intensive : de nombreux réfugiés qui les ont apprises comme seconde langue à l’école s’en servent comme d’un substitut, explique Eckhard Zimmermann. Nous n’avons pas encore une application entièrement en arabe, mais elle est en cours de réalisation." Les librairies soutiennent la demande, et l’éditeur affirme travailler avec eux main dans la main. "Nous nous rendons dans des centres d’accueil pour connaître les besoins des réfugiés, mais aussi des bénévoles", raconte-t-il. Un dictionnaire en images, Zeig mal ! ("Montre !"), permettant de communiquer facilement, en est à sa troisième réimpression. Avant que l’école n’aide à mieux cerner l’ampleur des besoins : "Nous distinguons deux phases : celle de la prise de contact, puis celle de l’apprentissage et de l’intégration, précise Eckhard Zimmermann. Nous sommes d’abord face à un enjeu de communication immédiate, de soutien rapide. Dans un second temps, il s’agira de mettre à disposition des produits adaptés, bien préparés didactiquement."

Gilles Bouvaist, à Berlin

(1) www.langenscheidt.de.

30.10 2015

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