27 août > Roman France

Le 24 octobre 1555, à Bruxelles, Charles Quint (1500-1558), roi d’Espagne et de Sicile, prince des Pays-Bas, empereur du Saint Empire romain germanique, décide, au terme de près de quarante années de règne sans partage, de tentatives d’hégémonie, de conquêtes, de guerres, de succès et d’échecs, de préparer son abdication, sa renonciation au pouvoir et au monde. Petit à petit, il va se défaire de ses titres et possessions, légués à ses successeurs, l’Espagne à son fils Philippe II, l’Empire à Ferdinand. Mais le processus, minutieusement imaginé par lui et exécuté par ses fidèles, prendra presque deux ans. Ce n’est que le 3 février 1557 qu’il pourra emménager dans sa villa du monastère hiéronymite de Yuste, en Estrémadure, pour y écouter la messe depuis son lit, et se préparer à mourir. Cet esprit morbide ira jusqu’à mettre en scène une répétition de son enterrement, avec un faux cadavre dans son cercueil, afin de s’assurer que tout sera parfait le jour fatal. Il lui faudra attendre aussi mai 1557 pour ne plus être empereur (son dernier titre), et pour qu’on ne vienne plus solliciter son aide en cas de périls extrêmes pour le royaume. Rongé par la goutte depuis des années, il n’en avait plus la force.

Sur cette trame historique déjà formidable, et peu connue, Amélie de Bourbon Parme a tissé une autre intrigue : follement passionné d’horloges, Charles Quint en avait collectionné trente-trois, maniaquement entretenues par son horloger personnel, Giovanni de Crémone, et qui l’ont suivi partout jusqu’à sa mort. "Une horloge est comme un être vivant", lui fait dire la romancière. Au point que la Sainte Inquisition même s’inquiéta de certaines de ces machines astronomiques : ne représentaient-elles pas le ciel conformément à la théorie de l’hérétique Copernic ? Trois d’entre elles en particulier, noires, fabriquées par un mystérieux moine de Cordoue, que Charles Quint, propriétaire de l’une, n’aura de cesse de faire retrouver afin qu’il lui en révèle tous les secrets, tous les arcanes.

Le secret de l’empereur est à la fois un passionnant roman historique, un suspense ésotérique, une fable philosophique sur la condition humaine et ses vanités. En marge des modes. J.-C. P.

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