Les amateurs de romans policiers privilégiant la psychologie à la violence s’apprêtent à voyager vers un lieu apparemment paisible et idyllique. C’est à Sandhamn, dans l’archipel de Stockholm, dernière île avant la Finlande, que Viveca Sten a planté le décor de ses livres. Le premier, La reine de la Baltique, débarque à la rentrée dans la collection « Spécial suspense » d’Albin Michel après avoir été découvert en avant-première à l’automne dernier par les lecteurs de France Loisirs.

En Suède, Viveca Sten a le même agent et le même éditeur qu’une certaine Camilla Läckberg qu’elle titille désormais dans la liste des meilleures ventes. Ses cinq premiers romans ont été traduits dans une quinzaine de pays et se sont écoulés à plus d’un million et demi d’exemplaires sur sa terre natale. Un score impressionnant pour un pays de neuf millions d’habitants. Vêtue de rose et de blanc, souriante, la dame s’exprime dans un excellent français appris à Grenoble pendant ses études d’économie et de droit. Sandhamn, elle y séjourne huit semaines chaque été dans l’île. Son mari, épousé il y a plus de trente ans, et ses trois enfants adolescents l’y accompagnent aussi deux ou trois week-ends par mois durant l’hiver. Le reste du temps, la famille loge à Stockholm avec un chat qui n’aime pas la neige !

Du hareng et de l’aquavit.

Sandhamn, on met deux heures pour en faire le tour à pied. Les voitures n’y circulent pas. Certaines maisons aux couleurs brique et aux fenêtres blanches datent de 1890. On y trouve une église, un hôtel luxueux, des restaurants où déguster du hareng et de l’aquavit, une crèche, mais plus d’école. Aux cent vingt habitants qui y vivent à l’année, s’ajoutent les cent mille touristes qui visitent les lieux en été. C’est là que Viveca Sten élabore des volumes haletants et tenus où elle met en scène le duo d’enquêteurs formé par Thomas Andreasson, inspecteur de la brigade criminelle de Stockholm, et Nora Linde, son amie d’enfance devenue avocate.

Ecrire, la nouvelle étoile du polar scandinave en a toujours eu envie. En 2005, il lui a semblé temps de se lancer tout en conservant son poste d’avocate spécialisée dans le droit international - travail auquel elle a fini par renoncer en 2011. D’emblée, Sandhamn s’est imposée comme le cadre idéal avec ses contrastes. Une construction, une chute et une certaine logique psychologique devaient également être de la partie. Pour La reine de la Baltique, elle a cherché à mélanger une histoire de famille et d’amour, reconnaissant volontiers que ses goûts la portent plus vers l’univers d’une Agatha Christie que celui d’un James Ellroy.

En une semaine, elle avait terminé le premier et le dernier chapitre de La reine de la Baltique. Forum, son éditeur, a tout de suite été emballé et a publié le premier titre de la série en 2008. Viveca Sten n’a pas besoin de bureau et peut travailler n’importe où si elle a son ordinateur : dans un café, un hôtel ou sur un bateau.

Elle rédige d’abord un synopsis de vingt pages, a besoin de connaître ses personnages (la couleur de leurs yeux comme leurs hobbies) et la fin de chaque intrigue. Elle se documente sur les détails techniques puis se lance dans un premier jet de quatre cent cinquante pages qu’elle soumet à Forum. Avant de corriger les répétitions, d’éliminer les scories. Chaque livre lui demande entre douze et quinze mois de labeur. Sa fille de 20 ans, Camilla, qui a déjà écrit quatre romans de fantasy pas encore publiés, est toujours sa première lectrice.

Viveca Sten donne souvent des conférences sur la manière de bâtir un roman policier, de créer une atmosphère et une intrigue. La romancière est une adepte de Facebook, où elle veille à la mise à jour de sa page officielle, et de Spotify. Elle a attaqué son sixième opus dont l’intrigue commence un lendemain de Noël avec un corps retrouvé au bord de l’eau. Parallèlement, Swedish TV 4 continue d’adapter les aventures de Thomas Andreasson et Nora Linde dans une série de films, The Sandhamn murders, où elle a un droit de regard sur les scénarios et apparaît costumée en serveuse avec trois mots de dialogue.

Impossible de la croire lorsqu’elle explique qu’en suédois Viveca veut dire « petite femme ». D’évidence, Mme Sten a vraiment tout d’une grande.Alexandre Fillon

La reine de la Baltique, Viveca Sten, Albin Michel, 20,90 euros, 388 pages, ISBN : 978-2-226-24975-3. Sortie : 5 septembre.

Les dernières
actualités