Revoilà Barry Miles, biographe de Bukowski ou de Zappa et éminent spécialiste de la contre-culture. En octobre dernier, l'éditeur marseillais Le Mot et le reste faisait traduire son Beat hotel : Allen Ginsberg, William Burroughs & Gregory Corso à Paris, 1957-1963. Et la formidable collection "Rivages rouge" de Philippe Blanchet enchaîne aujourd'hui avec un passionnant Ici Londres !, dont le sous-titre est on ne peut plus explicite : Une histoire de l'underground londonien depuis 1945.
Fils d'un conducteur de tramway, Miles a été conçu à Londres, est né dans les Cotswolds, avant de passer toute son enfance dans la capitale anglaise, le "berceau de tant de richesses, d'art et de culture". Ce qui l'a amené à consacrer un livre drôle et lucide sur la vie artistique de Londres, sur sa bohème beatnik, hippie et contre-culturelle. Notre guide ramène le lecteur dans ce qui fut la plus grande ville du monde avant la Seconde Guerre mondiale.
Miles nous promène dans Soho ou Fitzrovia, nous ouvre la porte des pubs, brossant en chemin une série de portraits hauts en couleur. Comment ne pas succomber à l'excentricité de Tambi, l'éditeur de Poetry London qui a publié Dylan Thomas et Stephen Spender et contribué à faire connaître Nabokov, Henry Miller ou Anaïs Nin ? A Nina Hamnett, modèle fameux qui collectionnait les amants ? A Julian Maclaren-Ross, l'auteur du Temps de l'amour et de la dèche (Stock, 2004), qui vendait des aspirateurs en faisant du porte-à-porte, buvait et écrivait sans relâche ? Ou encore à l'illustrateur Quentin Crisp dont le passe-temps favori était "de se faire des reproches" ?
A mesure qu'il remonte les années, Barry Miles montre des artistes et des étudiants, des galeristes et des libraires, des militaires homosexuels. Il insiste sur l'arrivée de la télévision, sur les radios libres et les happenings, détaille l'ascension médiatique des "angry young men". Sans jamais s'en tenir au mythe, il n'occulte pas les petites ou les grandes tragédies qui ont émaillé l'histoire.
