7 mars > Roman France

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A 22 ans, Cassius Clay entre dans la légende. L’improbable challenger de Sonny Liston met K-O le champion du monde poids lourd au sixième round. On est en 1964. Cassius Clay n’est pas encore Mohamed Ali, n’a pas encore rejoint la secte afro-américaine the Nation of Islam, ne s’est pas encore converti à la religion du Prophète… Cassius Clay, c’est Cassius Clay Junior, le fils de Cassius Clay Senior, un peintre d’enseignes à Louisville, dans le Kentucky. Le garçon a coutume d’accabler son adversaire d’incantations rimées, aussi le surnomme-t-on la « Louisville Lip » (« la grande gueule de Louisville »). Mais dans le milieu de la boxe, Clay c’est « the Greatest ». D’où vient cette rage de vaincre les Sonny Liston, les Joe Frazier, les Floyd Patterson… et qui lui permettra d’accumuler 56 victoires ? Pour que son paternel alcoolique qui badigeonne des réclames soit fier, certes : « Le cœur des nuits d’été retentira des éclats de rire tonitruants de mon père soulevé au-dessus des maisons par la gloire de son fils à venir », chante par-devers soi le jeune Cassius. Mais « le ring invisible » du boxeur est le champ d’une autre bataille. Un match contre l’injustice : l’horreur de la ségrégation. Elle n’a cessé officiellement, on se pince encore pour le croire, dans ce pays « exportateur » de démocratie et aujourd’hui présidé par un métis noir, qu’avec le Civil Rights Act de 1964… Officiellement, seulement. Le dernier roman d’Alban Lefranc revisite les raisons intimes de l’énergie combative du futur Mohamed Ali. Après avoir abordé la figure du nouveau cinéma allemand, l’auteur de Fassbinder, la mort en fanfare (Rivages, 2012) s’insinue dans la biographie de l’icône noire de la boxe afin de composer un texte lyrique mêlant éléments de vie et subjectivité fictive. Scandé par les soliloques enflammés de Cassius Clay, le récit claque au rythme de la colère de son héros : « Tu marcheras dans le monde avec mes yeux et ma bouche, derrière la barrière de mes poings./Tu ne bégaieras plus./Mon silence veillera sur ta parole en sang. » Il se souvient, il avait 13 ans, d’Emmett Till, cet adolescent noir de Chicago guère plus âgé que lui, battu à mort et jeté à l’eau par deux hommes voulant apprendre au « nègre » impudent à ne pas soutenir le regard d’une vendeuse blanche dans une boutique. Sean J. Rose

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