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Un compte Twitter ouvert sous le nom de « RushdieExplains » a suscité durant quelques années l’ire de Salman Rushdie. Le professeur américain à l’origine de cette usurpation avait convaincu jusqu’à 30 000 followers.

Le romancier s’est donc notamment lancé à son tour, en 2011, sur Twitter sous le nom de « @SalmanRushdie1 » et a directement apostrophé l’usurpateur : « Qui êtes-vous? Pourquoi prétendez-vous être moi? Abandonnez ce nom d'usager. Vous êtes un imposteur. Vos abonnés doivent le savoir. ».

L’arrivée sur la toile du célèbre écrivain avait d’ailleurs suscité des malentendus : Facebook, qui pensait avoir affaire à un usurpateur, avait fermé pendant 48 heures le compte réellement ouvert par l’auteur. Celui-ci avait alors adressé copie de son passeport… sur lequel apparaissait encore son véritable état-civil. Le réseau social avait donc réactivé le compte mais en le renommant Ahmed Rushdie avant, au vu de l’indignation générale, de donner enfin raison au père des Versets sataniques. Celui-ci avait déclaré ensuite : « Je me sens tellement mieux. Une crise identitaire à mon âge, ce n'est pas drôle. »

Le droit pénal français sanctionne sévèrement l'usurpation du nom d'autrui, même du nom d'emprunt. Félix Tournachon, dit Nadar — dont le milieu de la culture commémore cette saison la disparition, il y a un siècle  —, avait ainsi poursuivi avec succès son frère qui entendait publier sous le pseudonyme de Nadar jeune.
C’est à l’heure actuelle l’article L. 226-4-1 du Code pénal qui s’applique : "le fait d'usurper l'identité d'un tiers ou de faire usage d'une ou plusieurs données de toute nature permettant de l'identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d'autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende".

La formule sur les « données de toute nature » a été rédigée pour appréhender, outre le patronyme, l’adresse IP, les logos et autres pseudonymes qui peuvent aussi être usurpés.

L’ancien texte a été également modernisé par une loi du 14 mars 2011 pour rappeler que ce délit concerne aussi l’univers numérique. Il est ainsi disposé que « cette infraction est punie des mêmes peines lorsqu'elle est commise sur un réseau de communication au public en ligne. »

Le Tribunal correctionnel de Paris a condamné, sur le fondement de cette disposition, le 18 décembre 2014, un informaticien qui avait conçu un faux site de campagne de Rachida Dati. Le 24 mars 2015, le même tribunal a condamné deux individus qui avaient usurpé l’identité d’un tiers sur Facebook.

D’ordinaire, un message d’alerte au réseau social suffit à faire cesser le problème. Le cas litigieux était plus complexe, car il s’agissait d’une vengeance à connotation pornographique, avec utilisation de photographies ; ce qui avait été rendu possible par le vol du téléphone portable de la victime.

En 2010, le Tribunal de grande instance de Paris avait sanctionné un usurpateur qui s’en était pris à l’acteur Omar Sy. Les juges avaient usé du droit à l’image et du l’article 9 du Code civil qui vise les atteintes aux respect de la vie privée.

Et, le 15 novembre 2012, le tribunal correctionnel de Bobigny avait condamné pour diffamation un ancien salarié qui avait créé un fausse page Viadeo dans le but de nuire à son supérieur hiérarchique.

La Cour d'appel de Paris s'est penchée, en 1921, sur l'utilisation d'un pseudonyme commun à deux comparses en littérature. Les magistrats avaient ainsi estimé que l'accord de chacun était nécessaire pour l'exploitation de ce qui s'apparentait à une œuvre de collaboration.

Autres temps et mêmes moeurs. 

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