« On dit souvent que sport et littérature sont antinomiques, mais je ne suis pas d’accord. Ces deux univers peuvent coexister et être sources de synergie », affirme Marc-Olivier Taccard, gérant de l’unique librairie française dédiée au sport, Le Vestiaire à MoT, située place de la Libération à Nice. Début avril, cet ancien journaliste sportif et collaborateur de l’AS Monaco a pu célébrer la conjugaison de ses deux passions : la littérature et le sport.
« Un jour, j’ai voulu acheter le livre d’un copain sur le football, je suis allé à la Fnac, dans plusieurs librairies, mais je ne l’ai trouvé nulle part », raconte-t-il. De là aussi lui est venu l’idée d’une enseigne qui proposerait un vaste catalogue d’ouvrages sportifs. Après plusieurs stages en librairie et une poignée de modules délivrés par la formation Book Conseil, Marc-Olivier Taccard a alors imaginé un modèle économique hybride.
La librairie comme lieu de vie
Les 90 m2 de surface dont il dispose sont répartis en trois univers : alors que plus de la moitié est dédiée aux livres, le reste est divisé en deux espaces de co-working ou de réunion, c’est selon. « J’avais envie de créer un lieu de vie où l’on peut faire plusieurs choses, prendre un café, échanger, travailler au milieu des livres… ça me garantit plusieurs sources de revenus mais ça permettra peut-être aussi aux gens d’adopter un autre regard sur la librairie », explique-t-il.
Si aujourd’hui ses étagères accueillent près de 2 000 références, Marc-Olivier Taccard veut voir double. « Il faut sortir des a priori sur les sportifs, certains sont des personnages hors normes qui ont vécu cinq vies en une », soutient le libraire, citant volontiers le boxeur Mike Tyson ou la gymnaste Nadia Comăneci, au cœur de La petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon. Pour mieux brouiller les frontières érigées entre les deux disciplines, le libraire - marqué dès le plus jeune âge par la lecture d’école Premier de cordée de Roger Frison-Roche - a donc fait le choix de garder l’agencement traditionnel des librairies.
« Il faut sortir des a priori sur les sportifs »
Littérature, poche, histoire, philosophie, cuisine, bien-être, bande dessinée sont donc autant de rayons dans lesquels se glissent des ouvrages sportifs d’une grande diversité. À côté de Chantal Thomas, qui livre une ode à la nage dans L'étreinte de l’eau (Arthaud), Sylvain Tesson prend les chemins noirs pour se rendre du Mercantour à la côte ouest. Peter Handke signe quant à lui le philosophique L’angoisse du gardien de but au moment du penalty, porté au cinéma en 1972, tandis que Jean-Baptiste Andréa, Goncourt 2023, fait la belle part à l’alpinisme pour Cent millions d’années et un jour (L’Iconoclaste).
Et pour convaincre les moins sportifs de découvrir la boutique, Marc-Olivier Taccard ne lésine pas sur les événements en tout genre, surtout à l’approche des Jeux olympiques 2024. Au programme : show de danse avec une troupe tahitienne en guise de clin d’œil à la compétition de surf à Tahiti, mais aussi rencontre avec Yvon Amiel, créateur de la série jeunesse Antoine le pilote en vue du Grand prix de Monaco, échanges avec le spécialiste du vélo Julien Camy et Xavier Garcia (Perdants magnifiques, Solar), ou encore conférence avec Pierre Assouline (Le Nageur, Gallimard) et Etienne Bonamy (Les forcés de la route, Exergue).