Photo OLIVIER DION

J'ai été traductrice toute ma vie", dit Nicole Taubes, qui n'a pourtant publié sa première traduction qu'à 52 ans, Tonio Kröger de Thomas Mann. Née en 1939 dans une famille juive immigrée d'Europe centrale, elle est bercée par le yiddish avant que la guerre ne fasse taire cette langue de l'enfance. Elle choisit pourtant l'allemand, "la langue de culture, la langue mère chez les juifs". Poussée par ses parents dans des études de sciences naturelles, elle part à Berlin-Est où elle vivra douze ans. Elle travaille à l'Institut de biologie générale, mais elle précise : "Je traduisais tout le temps, j'avais des piles de Brecht sous le bras, c'était une compulsion. A mon retour à Paris, je traduisais Freud dans le métro, partout." Les portes ont été longues à s'ouvrir malgré ses incessantes propositions. "J'ai ramé pendant dix ans. Petit à petit, un réseau d'excellence s'est constitué. On me donne à traduire des livres réputés." Les poèmes de Heinrich Heine, Robert Walser, Eduard Mörike, ou encore La nef des fous de Sébastien Brant pour lequel elle a obtenu le prestigieux prix Gérard-de-Nerval. Scènes de la vie d'un faune d'Arno Schmidt paraîtra chez Tristram en septembre. "Si je devais arrêter de traduire pour une raison impérative, j'en crèverais."

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