3 septembre > Essai France

Ils sont romanciers (Tristan Garcia, Lila Azam Zanganeh), ancien ministre (Bruno Le Maire), journaliste (Géraldine Muhlmann), directrice adjointe du cabinet de François Hollande (Constance Rivière), sociologue (Sarah Gensburger), historien de l’art (Adrien Goetz), chef d’entreprise (Frédéric Mazzella) ou mathématicienne (Laure Saint-Raymond). Ils sont jeunes encore. Certains sortent de la cuisse de Jupiter, d’autres non. Tout ou presque les sépare, leurs choix de vie, leurs bulletins de vote. Mais une chose les réunit : ce sont des anciens élèves de l’Ecole normale supérieure.

Dans De bons élèves, Marie-Laure Delorme, responsable de la rubrique littéraire du Journal du dimanche, les rassemble tout en orchestrant leurs dévoilements successifs. Dans son précédent livre, Les allées du pouvoir (Seuil, 2011), elle auscultait l’Ena et ses pensionnaires ; cette fois-ci, l’ENS et ce qu’il en reste pour ceux qui en furent les passagers plus ou moins clandestins. Il ressort de tout cela que la fabrique du pouvoircompte de nombreuses pièces.

Que l’on n’attende pas de ce livre, à la fois empathique et parfois perplexe, un de ces pamphlets faciles par lesquels les pensionnaires de l’entre-soi se dédouanent d’avoir participé à la "reproduction du même". Il s’agit moins de juger que d’écouter et de renouer les fils de ces destins croisés. La violence des classes prépas, le risque de la liberté, les tribus et les clans, l’ouverture du champ des possibles, tout ce qui fait l’(extra)ordinaire de la vie d’un normalien est ici dessiné. Jamais Marie-Laure Delorme ne cède au nihilisme de la doxa du cancre, jamais ces jeunes gens ne semblent renoncer à leur superbe inactualité. Olivier Mony


28.08 2015

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