Droits d'auteur

Partage de la valeur : à qui profite le livre ?

Comment se répartissent les revenus tirés de la vente d'un livre ? - Photo Gerd Altmann / Pixabay

Partage de la valeur : à qui profite le livre ?

Une étude commandée par le Syndicat national de l’édition (SNE) révèle que sur le chiffre d’affaires net éditeur, la part des droits d’auteur est plus conséquente que celle revenant aux éditeurs.

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Par Éric Dupuy
Créé le 01.02.2024 à 11h20 ,
Mis à jour le 01.02.2024 à 18h54

Une étude inédite* du Syndicat national de l’édition (SNE), publiée jeudi 1er février et concernant le partage de la valeur générée par l’édition de livres, révèle que, en moyenne, 25 % du chiffre d’affaires net d’une maison d’édition revient aux auteurs et 18 % est conservé par l’éditeur, une fois ses coûts directs assumés.

Échantillon représentant 30 % du marché

C’est une étude qui « pose la réalité de l’économie de l’édition », commente Renaud Lefebvre, le directeur général du SNE. Alors que des débats sont en cours entre auteurs et éditeurs au sujet de la rémunération des premiers, qui se fait contractuellement sur un pourcentage du prix public hors taxe (PPHT) défini par les deuxièmes, le SNE a « souhaité mesurer le caractère équitable » sur « une valeur distribuable », précise l’ancien P-DG de Dalloz.

Partage valeur droits d'auteur
La base de calcul de la partage de la valeur selon le "chiffre d'affaires éditeur net"- Photo CAPTURE ECRAN - ETUDE SNE

À partir des comptes sociaux 2022 de 36 maisons d’édition, dont 26 issues des cinq premiers groupes éditoriaux, le cabinet KPMG, mandaté par le SNE, a recueilli les données sous accord de confidentialité. Celles-ci représentent près de 30 % du marché des cinq genres éditoriaux étudiés (littérature, pratique, jeunesse, BD et art), représentant eux-mêmes près de 70 % du marché global du livre, avec un chiffre d’affaires PPHT de 1,120 milliard d’euros.

Au global, l’étude révèle que la part générée par l’activité de commercialisation (diffusion, distribution et vente) s’élève à 51 % contre 49 % pour l’activité de fabrication d’un ouvrage (création, édition).

Partage valeur droits d'auteur
Le SNE a divisé la valeur du chiffre d'affaires net éditeur en sept postes dont quatre de "coûts assumés" pour la création d'un livre- Photo CAPTURE D'ÉCRAN - ETUDE SNE

Ce sont ces 49 % qui représentent le chiffre d’affaires net éditeur et deviennent la base de calcul de l’étude. Par ce prisme, les droits d’auteur représentent près de 25 % du montant généré, tandis que la part conservée par l’éditeur tombe à moins de 18 %, incluant ses frais de structure. Le reste, plus de 55 % du chiffre d’affaires net éditeur, se partage entre les coûts directs assumés pour créer le livre, tels que la fabrication (32 %), les fonctions opérationnelles, la promotion et la logistique.

« Une étude cohérente »

Dans le détail des genres éditoriaux, la part des droits d’auteur est plus importante en littérature générale (près de 30 %) et en BD (27 %), tandis qu’elle est la plus faible dans le secteur de la jeunesse (18 %) et du pratique (19 %). « Quelles que que soient les variations, jamais la part auteur n’est inférieure à la part éditeur », note Renaud Lefebvre. C’est également vrai dans le secteur du livre d’art, où la part des droits d’auteur n’atteint pas 12 % du chiffre d’affaires net éditeur, mais la part de ce dernier après déduction des coûts assumés est négative (–7,6 %). 

Partage valeur droits d'auteur
Deux secteurs où les coûts de fabrication sont bien plus importants que les droits d'auteur- Photo CAPTURE ECRAN - ETUDE SNE

« C’est une étude cohérente », a réagi le président du SNE Vincent Montagne, patron du groupe Média-Participations, qui s’attendait à ce que « la valeur des à-valoir non couverts soit plus importante que cela ». Selon l’étude, cette dernière représente près de 14 % du montant total des droits d’auteur. Extrapolé à l’ensemble du secteur, cela représente « 80 millions d’euros par an », note le SNE dans son étude. Ce document doit être présenté aux instances représentatives des auteurs alors que le cycle de discussions sur la rémunération, mené sous l’égide du ministère de la Culture, touche à sa fin avec un rendu des conclusions attendu dans les six prochains mois.

*L'ensemble de l'étude est à télécharger ici ou à retrouver sur la gauche de l'article.

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