Québec

Yvon Lachance- Photo FABRICE PIAULT/LH

A l’Association des libraires du Québec (ALQ), « nous nous rapprochons d’une réelle loi qui aura un impact assuré sur les librairies », s’est félicité le président, Serge Poulin (Librairie Carcajou), dans un communiqué lundi 2 décembre. Le ministre de la Culture du Québec, Maka Kotto, venait d’annoncer le dépôt prochain d’un projet de loi réglementant le prix du livre, physique comme numérique : pour trois ans dans un premier temps, les rabais sur les nouveautés ne pourront, pendant les neuf premiers mois d’exploitation, excéder 10 % (voir nos informations sur Livreshebdo.fr). C’est peu dire que la loi est attendue par les libraires indépendants (1), qui subissent de longue date les discounts massifs des grandes surfaces sur les best-sellers. En 2012, d’après un sondage de l’ALQ sur un échantillon représentatif de 30 de ses 120 adhérents, la rentabilité de la librairie est tombée à 0,84 %, soit en moyenne 10 000 dollars canadiens (6 900 euros). « Nos chiffres ne sont pas catastrophiques, admet Yvon Lachance, codirecteur de la librairie Olivieri, à Montréal. Mais il n’y a pas de développement depuis plusieurs années. Nous ne sommes pas favorables au statu quo, mais nous avons du mal à dégager des moyens pour investir. »

D’après Katherine Fafard, directrice générale de l’ALQ, « depuis 2007, les ouvertures ne viennent plus compenser les fermetures et, depuis 2009, 31 établissements ont fermé, dont 13 pour les seules années 2012 et 2013 ». La ville de Québec, en particulier, a vu disparaître depuis l’été la vénérable Librairie générale française, La Boutique du livre, La Campanilloise et la librairie spécialisée BD, Phylactère. La fermeture de la librairie du Nouveau Monde serait imminente. Guérin disparaît à Montréal. Si les raisons sont spécifiques (fin de bail, mauvaise gestion, absence de relève), « il y a une accélération », observe Katherine Fafard.

Alors que la génération des baby-boomers atteint l’âge de la retraite (c’est le cas de 60 % des membres de l’ALQ), la question des transmissions de librairies apparaît cruciale. Depuis cinq ans, l’ALQ multiplie les formations à la succession. Cette année, elle a produit une étude sur les aides - au demeurant limitées - accessibles aux acquéreurs, mais ces derniers ne se bousculent pas au portillon d’un secteur peu rentable. Chez Pantoute, une librairie de référence à Québec, il aura fallu trois ans pour qu’enfin se dégage une hypothèse de reprise par des salariés. A la Sodec, organisme gouvernemental qui propose des prêts à faible taux ou qui se porte caution, les demandes sont, selon Louis Dubé, chargé de projet livre et édition, « en très forte hausse ». Fabrice Piault

(1) Le Québec compte au total 330 à 350 librairies, dont 192 « agréées » (répondant à certains critères de qualité et autorisées à enregistrer des commandes publiques).

05.12 2013

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