Quais du Polar, le grand rendez-vous de la planète polar a, du 5 au 7 avril, plus que jamais agité la presqu’île lyonnaise, fêtant cette année son 20e anniversaire. Des salons du palais de la Bourse ou de l’hôtel de ville, jusqu’au siège d’Interpol, en passant par les médiathèques, musées et théâtres de la métropole, les centaines de bénévoles œuvrant à la bonne tenue du festival ont eu fort à faire pour gérer une édition anniversaire qui de l’avis de sa direction « a battu tous les records, et ce dès le vendredi ». A commencer par les libraires partenaires, qui annoncent 330 000 euros de chiffre d’affaires cumulés sur le week-end, soit une augmentation de 15%, d’après la direction de la manifestation.
A l’étage du palais de la Bourse, dans les salons qui accueillaient « Polar connection », riche programmation dédiée aux professionnels de l’édition, les rendez-vous furent aussi riches que variés. Au programme : rechercher et lancer de nouvelles voix, savoir s’entourer d’experts policiers, chiffres clefs du marché avec le CNL et la Sofia, présentations de catalogues, d’adaptations, des dernières tendances du thriller francophone et européens…
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Format poche et polar à quatre mains
Ou encore ces échanges entre éditeurs autour du poche, format qui bénéficiait d’un espace dédié sur le festival cette année et qui « permet de combler cette addiction qu’est celle des lecteurs de polar » d’après Cécile Boyer-Runge, chez Points. Pour Yannick Dehée, à la tête de Nouveau Monde éditions, maison qui s’est lancé sur le polar récemment et par le poche, il s’agit d’un « passage obligé » pour se faire sa place. Se passer du grand format ou non, stratégies de mise en place, de marketing, de diffusion, stratégies terrains pour les médias et les libraires, relations avec éditeur original en grand format, mise en place de prix des lecteurs… : « Le poche est un vrai métier à part entière », ont pu résumer en choeur les éditeurs présents, de Nouveau mondes à Points en passant par Rivages et le Livre de Poche.
A noter également cette passionnante table ronde réunissant les poids lourds du polar Caryl Férey et Tim Willocks avec leur éditrice Natalie Beunat autour de la co-construction narrative et l’écriture de polar à quatre mains. Ceci à l’occasion de la sortie pour le 20e anniversaire de Quais du Polar de Le Steve McQueen (Points), polar signé par les deux auteurs et qui se joue entre Lyon et Manchester. « Une belle intention qui peut devenir complètement foireuse », de l’avis de Caryl Férey, relatant avec son comparse le projet de A à Z : des quiproquos sur le calibrage de leurs chapitres (Tim Willocks ayant confondu les 180 000 signes demandés avec 180 000 mots…) aux très concrètes inspirations communes, des échanges constants avec l’éditeur constant au travail avec le traducteur, de la mise en place des modèles narratifs choisi aux constructions des personnages par aller / retour… « C’est une synthèse d’énergie, un subtil équilibre entre la contrainte, la surveillance et la liberté qu’on leur laisse… », a résumé l’éditrice Natalie Beunat.
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Des kilomètres de files d’attentes
Du coté de l’insondable programmation grand public, dès les premières heures d’ouvertures du vendredi, ce sont littéralement des kilomètres de files d’attentes qui se dessinaient aux abords du palais de la Bourse, camp de base de Quais du Polar, ou s’enchaînaient les dédicaces depuis les stands des libraires partenaires. 135 auteurs en provenance de toute la planète se retrouvaient à Lyon pour cette édition hors normes : Dennis Lehane, Ragnar Jonasson, Guillaume Musso, John Grisham, Maxime Chattam, Jo Nesbø… Inutile de préciser que pour certaines rencontres, comme celle réunissant Michel Aussi, Karine Giebel, Bernard Minier et Franck Thilliez pour un focus sur le polar français contemporain, il fallait arriver très tôt pour espérer avoir une place.
De croisières littéraires en escape game, de murder party en projections dans les cinémas lyonnais : c’est une « foule passionnée, enthousiaste et intelligente » qui s’est pressée entre Rhône et Saône pendant trois jours des plus festifs, résume Hervé Le Corre. Et pour cause, dimanche en fin de journée, la direction de l’association Quais du Polar annonçait un nouveau record de fréquentation à plus de 100 000 festivaliers, et plus de 20 000 participants à la fameuse Grande enquête se tenant dans toute la ville. « L’événement affiche aujourd’hui fièrement la richesse de cette double identité : résolument internationale et profondément lyonnaise », résume l’organisation dans un communiqué envoyé dimanche soir. Et de conclure : « l’avenir nous appartient, rendez-vous en 2025 ! ».