12 février > Roman Mexique

Du fait, entre autres, de la fragilité des pellicules alors utilisées et de l’absence de tout souci de conservation, on considère que plus de 80 % de la production totale des films muets dans le monde est perdue à jamais. Il est tentant de rêver de cette Atlantide, de ces images surgies du néant pour aussitôt y retourner. C’est à cet exercice d’hallucination douce que s’est livré, pour son premier roman, Londres après minuit, le scénariste et critique de films mexicain, Augusto Cruz.

Londres après minuit est peut-être le plus fascinant de ces joyaux disparus. C’est un film de 1927 sur lequel se penchèrent les plus fascinantes fées du Hollywood de cette époque : Irving Thalberg, le modèle du Dernier nabab de Fitzgerald, à la production, Tod Browning, l’auteur de Freaks, à la mise en scène, et pour l’interprétation, le terrifiant et fascinant Lon Chaney. Pourtant, depuis le grand incendie qui détruisit en 1967 les entrepôts de la MGM, Londres après minuit est le film dont tous ont entendu parler et que personne n’a vu.

Le roman éponyme d’Augusto Cruz est d’abord une vertigineuse variation autour de ce manque. Forrest Ackerman, qui fut le plus grand spécialiste et collectionneur de films d’horreur et de science-fiction, y confie à un ancien agent du FBI le soin de retrouver une copie du mythique long-métrage. Ce sera le début d’une enquête fascinante, entre Mexique et Californie, dans un clair-obscur d’où surgissent, comme autant de monstres, des silhouettes inquiétantes : Dracula, Frankenstein, Nosferatu, une actrice oubliée, un acteur maléfique et le plus monstrueux d’entre tous, incarnation de la mauvaise conscience américaine et prince de la nuit, J. Edgar Hoover. Il y a de quoi faire des cauchemars magnifiques. Olivier Mony

Les dernières
actualités