2 avril > Premier roman France

Prosateur trop rare, Jean-François Coulomb avait jadis glissé quelques nouvelles dans la revue littéraire Rive droite, avant d’en proposer en 2010 un plein recueil, intitulé Vendanges tardives, publié à l’enseigne de L’Editeur. Le voici désormais hébergé chez Albin Michel où paraît début avril l’épatant Une semaine de juin.

Il est ici question d’amitié et d’amour. De vie et de mort. De tristesse et de solitude. De ce qui nous fait battre le cœur, avancer et tenir contre vents et marées. Le tout en moins de deux cents pages, ce qui ne manque pas d’élégance. Les mousquetaires de Coulomb sont au nombre de deux, Alexandre et Félicien, et ne se quittent pas depuis des décennies.

Ces messieurs naviguent au milieu de la cinquantaine. On sent qu’ils ne sont pas du genre à raffoler de leur époque. Le premier est commissaire-priseur. Le second est un financier méprisant le milieu dans lequel il évolue. Commençons par Alexandre dont le garçon de 10 ans à peine veut devenir basketteur, puis égyptologue. Voici un homme qui déteste être pris au dépourvu. Son père, Gaston de Sallanches, a été ministre sous Giscard avant de démissionner avec perte et fracas. Le vieux serviteur de la France ne trouve rien de mieux que de rendre l’âme dans un restaurant de poisson où il déjeune avec son fils. L’enterrement, s’il vous plaît, aura lieu aux Invalides.

Pour souffler, Alexandre file se saouler au bar du Ritz en compagnie de Félicien, avec qui il a si souvent éclusé du champagne et écouté Melody des Rolling Stones. Complices au possible, ces deux-là se comprennent au quart de tour. Autour d’eux, on trouve des femmes. Absentes ou bien présentes. Dont Alice, que Félicien aime "tout court" malgré les cahots. Ou Louise, demoiselle du genre sublime et futée, dont on rêve d’obtenir le 06.

"L’intelligence, lit-on au détour d’une page, c’est peindre la vie de jolies couleurs." Une devise et une note pas toujours faciles à tenir, même si le cœur y est… Pied au plancher, Jean-François Coulomb parle avec tact du temps qui file sans qu’on s’en rende compte et qui finit par vous rattraper. On notera que le jeune romancier a pris soin de faire précéder son éclatant coup d’essai de deux citations signées Roger Nimier et Jacques Chardonne.

Volontiers hussard à son tour, Coulomb s’inscrit dans une tradition bien française. Celle qui prise les courts romans, faussement légers, portés par des dialogues pétaradants taillés au scalpel. On descend cul sec Une semaine de juin, emballé par l’étonnant mélange de maturité et de jeunesse dont fait preuve le débutant. Garçon, remettez-nous ça ! Et au plus vite ! Al. F.

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