« Cette année sera riche, éclectique et généreuse. Surtout, elle marquera l’histoire de notre ville, mais aussi de notre pays », a déclaré, lors d’une conférence de presse donnée vendredi 12 janvier à la Bibliothèque nationale de France (BNF), Jeanne Barseghian, maire et première vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg. Désignée par l’Unesco « capitale mondiale du livre 2024 », la cité alsacienne se transformera, dès le 23 avril 2024, en un vaste espace culturel pérenne.
Présent lors de l'échange, Ernesto Ottone, directeur adjoint pour la culture à l’Unesco, a également tenu à rappeler que « Strasbourg est un partenaire patrimonial historique ». Et à énumérer les engagements transversaux d’une candidature qui sort du lot : « Le programme de la ville, organisé autour de cinq axes, est tourné vers le monde. Il vise à promouvoir l’alphabétisation, à engager l’éco-responsabilité des citoyens, à renforcer les liens entre les instituts, les villes et les pays et à présenter la lecture comme un catalyseur de développement durable et d’inclusion ».
Cinq temps forts au rythme des saisons
Fiers de représenter la labellisation, pour la première fois, d’une ville française, les organisateurs ont tour à tour dévoilé les grandes lignes du programme « Lire notre monde ». Au total, plus de 250 manifestations et actions littéraires permettront d’aborder des thématiques contemporaines, telles que l’écologie, les droits humains, le féminisme, l’accessibilité, dont la capitale alsacienne se revendique.
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La programmation s’ouvrira donc sur une semaine de festivités littéraires, inaugurée par « la Grande lecture de Strasbourg ». Des centaines de lieux, des bars aux tramways, jusqu’à la Cathédrale Notre-Dame seront, de fait, investis pour des lectures à voix haute, portées une pluralité d’acteurs culturels (auteurs, éditeurs, institutions culturelles...) et par les strasbourgeois eux-mêmes. Parmi les premières plumes conviées, dont certaines parrainent l’événement : Lidia Jorge, Patrick Chamoiseau, Andrei Kourkhov, Nancy Huston, Laurent Gaudé, Alberto Manguel, ascal Ory ou encore Dany Laferrière.
Les festivités se poursuivront ensuite avec les 9ᵉˢ Rencontres de l’illustration, qui mettront en lumière les travaux de Julie Doucet, Grand prix Angoulême 2022, et de Gustave Doré, dessinateur strasbourgeois du XIXᵉ siècle. La bande dessinée indépendante sera, quant à elle, portée par la 15ᵉ édition du Festival Central Vapeur. Le lendemain, la fête des librairies indépendantes réunira 1500 libraires avant que « la Grande lecture » ne reprenne, le week-end, dans toute la ville, aux côtés des médiathèques, exceptionnellement ouvertes la journée de dimanche. À la suite de ces sept jours d’inauguration, de nombreux autres événements - lectures théâtralisées, musicales, projections sur grand écran, rencontres professionnelles ou avec auteurs, festival du livre audio et du podcast –, continueront d'animer la période printanière.
Pérenniser le dynamisme culturel
Durant l'été, le monde du sport sera mis à l'honneur, avec le passage des flammes Olympiques et Paralympiques. Fin juin, « la Symphonie des arts », grand concert de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, explorera les liaisons entre musique et créations littéraires. À la rentrée, les « Bibliothèques idéales », manifestation portée par l’association Relatio, inviteront acteurs culturels et grandes institutions à initier des programmations artistiques inspirées de cette année inédite. Enfin, l’événement annuel « Strasbourg, capitale de Noël », s'alignera lui aussi sur l'actualité littéraire de la ville, avec la diffusion de contes et de spectacles articulés autour des traditions de fin d’année.
« J’espère que cet événement influera durablement notre politique culturelle », a ajouté la maire de Strasbourg. Et pour cause : tout au long de l'année, le livre et la lecture s’inviteront dans les moindres quartiers. Une expansion dont s’est réjoui Salem Drici, conseiller municipal chargé de la lecture publique et de la politique du livre, citant, par exemple, la mobilisation d’un public éloigné, constitué de demandeurs d’asile ou de réfugiés, mais aussi l’agrandissement et la création de médiathèques dans les zones dites sensibles.
« Ce projet, porté par tous et qui s’adresse à tous les âges de la vie, donnera lieu à des échanges aussi bien interculturels qu’intergénérationnels », a-t-il ajouté, enthousiaste. Ateliers pour femmes enceintes, dotation de livres pour les structures de la petite enfance, réalisation d’un « Booktube » par les adolescents, clubs de lecture, collecte de récits de vie, formations professionnelles, la lecture sera représentée dans tous les espaces et services publics, à destination de tout public. Une propagation saine et joyeuse que l’ensemble des collaborateurs souhaiteraient voir se pérenniser au-delà de cette année particulière.