22 janvier > Roman France

Dès Rester sage (Alma, 2012), l’encore jeune Arnaud Dudek a démontré toute sa virtuosité dans la construction d’un récit, dans ce jeu qu’il instaure avec son lecteur séduit puis complice, et s’est imposé comme le chef de file d’une mini-école romanesque du quotidien revisité, de la réalité décalée. Une plage au pôle Nord s’inscrit bien dans la même veine, loufoque et narquoise, roman court en vingt-sept chapitres brefs qui s’enchaînent comme les épisodes d’un feuilleton improbable, entrecoupés d’épisodes consacrés à la défunte famille des Vitelli, Alfonso, une vieille canaille morte en 2013, et son frère Paolo, dix ans auparavant. Le premier était le mari de Françoise Vitelli, une ancienne institutrice. Un jour, Pierre Lacaze, que l’on ose considérer comme le héros de toute cette histoire, un juriste qui se rêve en dessinateur de BD, reçoit à son bureau une lettre de cette dame lui indiquant qu’elle se trouve en possession d’un appareil photo de marque Panasonic lui appartenant, et qu’il aurait donc perdu. Lacaze lui téléphone, l’informant que l’appareil en question n’est pas à lui, mais à celui qu’il considère encore comme son meilleur ami, Jean-Claude Stillman, un pauvre gars, chômeur, divorcé de Fanny, qu’il aime toujours, sans réciprocité. Ils ont une fille, Lily.

A partir de ce point de départ aussi accidentel que ténu, toute une cascade de rencontres, d’événements et de combinaisons nouvelles vont s’enchaîner, et défile alors une galerie de personnages aussi secondaires que hauts en couleur, comme Jacques et Christiane Moreno, un couple d’artistes de music-hall depuis longtemps à la retraite. Jean-Claude initie Françoise à l’informatique et plus si affinités, afin que, sous le pseudonyme de Bonnie, elle puisse aller draguer sur Internet, Pierre s’éprend un temps de Fanny… L’on en passe, et tout s’achèvera durant une randonnée en montagne.

Le romancier s’amuse à jouer le deus ex machina potache, et le lecteur le suit volontiers dans ses pirouettes et clins d’œil, servis par un style allègre et un humour pince-sans-rire. Quant au pôle Nord, il n’a pas plus de rapport avec cette histoire que les titres des films de Mocky ou d’Audiard avec les leurs. J.-C. P.

14.11 2014

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