Essai/France 7 février Olivier Rasimi

Un chagrin au soleil

Olivier Rasimi - Photo DR/ARLÉA

Un chagrin au soleil

Pendant trois ans, au soleil de Villefranche-sur-Mer, Jean Cocteau va porter le deuil de Raymond Radiguet.

Par Olivier Mony
Créé le 25.01.2019 à 11h53

Il faut imaginer Cocteau malheureux. Comme il ne le sera peut-être plus jamais. Après, ce sera différent. Son chagrin ne servira plus que d'illustration à sa légende. Là, c'est autre chose (« nous, c'est autre chose », écrira-t-il bien des années plus tard).

Là, ce 12 décembre 1923, Raymond Radiguet est parti, à l'âge de 20 ans, emportant avec lui le feu et la jeunesse. Avant lui, Cocteau n'était que le ludion surdoué et affecté des jolies choses des arts et lettres. Après, il est enfin rendu à lui-même. Après, il y aura l'opium et la poésie. Et durant trois ans, le soleil de Villefranche-sur-Mer.

Ce sont ces années-là, toutes de mort et de transfiguration, que réinvestit plus qu'il ne les narre, avec une vraie force poétique, Olivier Rasimi dans Cocteau sur le rivage. L'histoire est connue bien sûr, mais a-t-on jamais mieux compris la solitude de cet homme qui ne savait pas être seul, l'absence atroce, le temps qui cesse de passer ? Bien sûr, il y a les amis, Picasso, Stravinsky, Auric, leur bienveillance. Il y a la mer, cette Méditerranée qui est encore une aube du monde. Il y a surtout le bleu du ciel et puis la nuit. Qui se disputent et puis s'accordent. Et un homme perdu à qui tout cela, et le chagrin aussi, finira par offrir comme une résolution. L'œuvre à venir.

Olivier Rasimi
Cocteau sur le rivage
Arléa
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 17 euros ; 168 p.
ISBN: 9782363 081797

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