Un débat sur les modèles numériques dans les pays en développement

Un débat sur les modèles numériques dans les pays en développement

Les éditeurs ont profité de la Foire de Francfort pour s'emparer des résultats de l'étude d'Octavio Kulesz sur “L'édition numérique dans les pays en développement”.

Par Catherine Andreucci
avec ca Créé le 15.04.2015 à 20h04

Ne pas implanter directement les modèles des pays occidentaux mais s'adapter aux contextes particuliers et s'appuyer sur les dynamiques locales : tel est le credo d'Octavio Kulesz, auteur d'une étude sur “L'édition numérique dans les pays en développement” publiée au printemps dernier par l'Alliance internationale des éditeurs indépendants et mise en débat à la Foire de Francfort, jeudi 13 octobre.

Dans ces pays se développent des modèles et des initiatives bien plus adaptées à leur environnement que ceux des pays industrialisés”, a insisté le fondateur et directeur de la maison d'édition numérique argentine Teseo Editorial. “Les grands acteurs ont de fortes capacités d'investissement, mais ce n'est pas le facteur clé. Les contenus locaux et la connaissance de l'environnement sont bien plus décisifs”. Pour lui, l'essor du marché numérique en Amérique du Sud, en Asie, en Russie, en Afrique ou dans le monde arabe repose sur quatre piliers : l'impression à la demande, les plateformes en ligne, les supports de lecture numérique et, surtout, les téléphones portables.

De fait, dans les pays en développement, le numérique suscite de grands espoirs, sans gommer toutefois une pointe de scepticisme. “Nous ne produisons pas les objets avec lesquels les gens vont lire, mais la forte présence du téléphone mobile en Afrique du Sud nous offre l'opportunité d'une diffusion beaucoup plus large de nos contenus”, s'est réjouie Bridget Impey, directrice de Jacana Media. “L'impression à la demande est une autre opportunité d'élargir notre public. Actuellement, le système de distribution du livre papier est complètement fou, polluant et très coûteux. Pour que le modèle numérique fonctionne, il faut développer une plateforme de gestion des droits.”

L'éditrice brésilienne Mariana Warth (Pallas Editora) s'est montrée, elle, plus soucieuse devant la faible demande. “Nous devons investir pour convertir notre fonds au format ePub, de façon à ce qu'un jour des gens achètent nos livres. Mais la demande de livres numériques n'est pas forte, et les tablettes et readers sont toujours très chers. Au Brésil, les gens possèdent deux ou trois téléphones chacun, mais je ne crois pas que la lecture se fera sur ce support-là. Le gouvernement envisage de produire des tablettes au Brésil afin de faire baisser les prix, et d'offrir des iPads aux enfants dans les écoles.”

Aux inquiétudes suscitées par la puissance commerciale des géants comme Amazon ou Apple, Octavio Kulesz oppose un volontarisme à toute épreuve : “Entrons en concurrence ! Si nous proposons des choses, nous avons de grandes chances de gagner, car nous connaissons le contexte local.”

Lire l'étude sur le site Alliance-lab.org/etude
15.04 2015

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