2 février > roman Autriche > Valerie Fritsch

"Toute enfance porte en elle le désespoir futur de quelqu’un." Celle d’Anton débute pourtant dans un cadre paradisiaque, le domaine familial des Winter. Une bulle à la Rousseau dans laquelle il grandit à l’abri du sombre monde. Le sien est un jardin verdoyant rempli "d’herbes hautes, de roses thé et de pommes vertes que l’on regardait avec tant de désir durant tout l’été, qu’elles finissaient par rougir timidement". Ici, la mort fait partie de la vie, même les tombes sont recouvertes de framboises.

Dans cet univers enchanté, on est luthier de père en fils, mais Anton choisit un autre destin. Il devient citadin. Du haut de sa tour, il prend soin des oiseaux et scrute l’enfer sur terre. Les hommes se déchirent ou se suicident, comment ne pas se laisser happer par cette fin annoncée ? L’amour est l’ultime rempart du désespoir. Pour Anton, il a le visage de Frederique, qui travaille bénévolement dans une maternité. Alors que Thanatos se propage, elle donne la vie.

Cette femme sensible lui apprend qu’"aimer est la seule façon convenable d’exister. Grâce à l’amour, on est enfin à nouveau quelqu’un. Je pense à toi, donc tu es." Leur temps est peut-être compté, mais ils tentent de résister. Le hasard les mène vers le frère disparu d’Anton. Une façon de renouer avec l’enfance, où "tout était possible". Valerie Fritsch est l’une des valeurs sûres de la nouvelle génération d’écrivains autrichiens. Née en 1989, cette grande voyageuse se distingue pour sa poésie, ses récits et ses photographies. Cette ère maussade lui a inspiré une jolie sérénade à l’amour et à la vie. K. E.

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