"Un grand instrument au service de l’université"

"Je suis convaincue que la bibliothèque est un élément important de l’attractivité internationale d’une institution",Lise Dumasy, université Grenoble Alpes - Photo Université Grenoble Alpes

"Un grand instrument au service de l’université"

Pour Lise Dumasy, présidente de l’université Grenoble Alpes, créée en janvier suite à la fusion des trois universités grenobloises, la documentation est au cœur de l’enseignement supérieur.

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Par Véronique Heurtematte
avec Créé le 30.09.2016 à 01h30

Quelle place occupe la documentation dans votre université ?

Je trouve fondamental d’avoir une bibliothèque adaptée aux besoins des étudiants, offrant des collections abondantes et actualisées, et qui soit également un lieu de vie où l’on ait envie de s’installer, pour se détendre. La bibliothèque doit être un grand instrument au service de son université.

La formation à la recherche documentaire est essentielle, surtout quand on voit les pratiques des étudiants en la matière. C’est un réflexe naturel pour eux d’aller piocher sur Internet. Il est inutile de s’en offusquer. Il faut en revanche leur apprendre à sélectionner l’information, à vérifier les sources.

Les bibliothèques doivent aussi s’adapter aux nouvelles pédagogies. Aujourd’hui, le professeur n’est plus celui qui sait tout mais celui qui apprend à apprendre.

Qu’est-ce que la fusion des trois universités grenobloises a changé pour la bibliothèque universitaire ?

Pour la documentation, cela signifie que nous avons maintenant deux grands espaces documentaires : une bibliothèque Droit et lettres et une bibliothèque Sciences. Les deux bâtiments ont été rénovés récemment et nous avons entamé la mutation vers le modèle de learning center. Nous devons cependant réfléchir à l’évolution de la bibliothèque Sciences dont la fréquentation a beaucoup baissé ces dernières années, une grande partie des ressources étant accessible en ligne.

Une conséquence plutôt fâcheuse de la fusion est que le coût de nos abonnements aux bouquets de revues électroniques a explosé, car les éditeurs calculent leurs prix sur le nombre total de nos étudiants. Comme si un élève en lettres modernes allait se plonger dans une revue de physique ! A ce stade-là, ce n’est plus du commerce, c’est de la piraterie. Il faut que l’Etat fasse un effort sur cette question. Il y a les licences nationales, mais ce n’est pas suffisant. Pour assumer le coût grandissant de la documentation électronique et maintenir les acquisitions de livres imprimés, il faudrait augmenter les budgets d’acquisition de manière considérable ; or l’université, qui est elle-même dans un contexte économique contraint, n’en a pas les moyens. A Grenoble, la documentation papier a déjà fait les frais de cette situation.

La documentation est-elle un enjeu pour l’attractivité internationale des établissements ?

C’est difficile de nous comparer avec les bibliothèques étrangères car les moyens dont disposent les universités américaines sont sans commune mesure avec les nôtres. A Princeton, où j’ai étudié, la bibliothèque est ouverte 24 heures sur 24 toute l’année. En France, nous n’en sommes pas là, mais je trouve que c’est un point sur lequel nous avons beaucoup progressé. A Grenoble, les bibliothèques sont ouvertes 78 heures par semaine. Permettre à nos étudiants d’accomplir une partie de leur cursus à l’étranger me paraît aujourd’hui fondamental. Cela implique que des étudiants étrangers aient envie de venir chez nous, puisque cela repose sur un système d’échange. Je suis convaincue que la bibliothèque est un élément important de l’attractivité internationale d’une institution.

30.09 2016

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