3 mai > Roman Burkina Faso > Monique Ilboudo

Le narrateur, Jeanphi, est né dans un pays sahélien d’Afrique noire, qui pourrait ressembler au Burkina Faso, patrie de la romancière Monique Ilboudo. A Ouabany, une ville touristique, dans une famille chrétienne assez traditionnelle, relativement aisée au début (père ancien combattant pensionné, mère couturière), mais qui se paupérise, victime de la crise. Le garçon, qui ne rêve que d’émigrer, laisse tomber ses études et, à l’adolescence, part en vrille: fugues, dérive, drogues. "Nègre mal construit", il va toutefois se reprendre en main, se faire lui-même sa culture, et essayer de s’en sortir. Il est d’abord écrivain public, mais son business est tué par Internet et les téléphones portables. Il se résout à partir, mais ses deux tentatives (dont l’une le mène jusqu’au Maroc, espérant passer en Europe à Ceuta ou Melilla) s’avèrent des échecs cuisants et coûteux. Il fait alors la connaissance d’un Blanc, Paul-Emile Latour-Genêts alias Elgep, un senior richissime qui fait de l’humanitaire à sa façon, privée. Il a construit deux lycées qui ne fonctionneront jamais, pour cause de corruption et d’incurie des pouvoirs publics. Elgep embauche Jeanphi comme homme de confiance, et celui-ci mène alors une vie confortable, dont profite sa famille. Mais le garçon apprend que son patron est gay. Au début, cela le met mal à l’aise. Puis, il l’accepte, et devient son ami de cœur. Ils s’installent en France, se marient, jusqu’à ce que Jeanphi revienne au pays, pour aider à son tour les jeunes désœuvrés et déscolarisés. Ce faisant, il renoue avec son passé, sa famille (son père est "mort de honte"), mais aussi les traditions, les préjugés, l’homophobie, et risque sa vie.

A travers ce roman touffu et dense, Monique Ilboudo, avocate burkinabée militante des droits de l’homme, dépeint comme peu d’écrivains une Afrique très contemporaine, autour d’un sujet toujours tabou. Jean-Claude Perrier

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