Polémique

Un manuel scolaire de Belin accusé de "propagande" par l'Etat turc

Manuel élève 2020 Histoire Géographie Géopolitique Sciences Politiques Terminale - Photo Belin Education

Un manuel scolaire de Belin accusé de "propagande" par l'Etat turc

Un manuel scolaire publié par Belin pour les lycéens francophones de Turquie, et traitant de la question des Kurdes, est vivement critiqué par le gouvernement turc.

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Par Dahlia Girgis
Créé le 21.09.2020 à 23h21

Un dossier de deux pages dans un manuel scolaire d'histoire édité par Belin Education pour les lycées francophones de Turquie pose problème aux autorités de ce pays. Le chapitre intitulé "Un peuple sans État : les Kurdes" attise notamment les tensions. Dans un contexte diplomatiquement tendu entre la France et la Turquie, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a partagé un communiqué, le 6 septembre dernier, dans lequel il déclare que le manuel "comprend des informations sur les Kurdes conformes à l'idéologie séparatiste de l'organisation terroriste YPG/PKK".

"Il n’y pas, pour nous, de propagande terroriste de la part des auteurs (et la question du PKK n’est pas même évoquée dans le dossier), mais une présentation des enjeux géopolitiques de la question kurde pour faire réfléchir les élèves sur une forme de conflit au Proche-Orient", réagit Yves Manhès, le directeur de Belin Education, contacté par Livres Hebdo. "Il a semblé aux auteurs que l’exemple kurde avait toute sa place pour traiter cette question, à côté de celles du conflit israélo-arabe et des guerres du Golfe et leurs suites", continue Yves Manhès.
 
Le dossier "Un peuple sans Etat : les Kurdes" du manuel d'HGGSP de Terminale - Photo BELIN EDUCATION
Ce manuel de Terminale d’Histoire, Géographie, Géopolitique et Sciences politiques (HGGSP), une des matières de spécialité mise en place avec la réforme du lycée, a été publié en mai dernier. Le dossier fait partie du thème 2, "Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution", et d'un "Objet de travail" conclusif qui s’intitule : "Le Moyen-Orient : conflits régionaux et tentatives de paix impliquant des acteurs internationaux (étatiques et non étatiques)".

La double page comporte plusieurs éléments sur l'histoire du peuple kurde avec une chronologie, un tableau indiquant la répartition des Kurdes dans les quatre États de la région, une iconographie sur les Peshmergas, unité de soldats kurdes au sein de l’armée irakienne, une carte de la région et un extrait d’un article du Monde intitulé La fin du Kurdistan syrien.

Un contexte diplomatique tendu entre la Turquie et la France

"Il est évident que cette propagande terroriste, qui est le résultat de la politique officielle de la France, a été initiée par le courage transmis par ceux qui accueillent les soi-disant représentants de l'organisation terroriste au palais présidentiel", déclare le porte parole turc, faisant référence à la visite d'une délégation des FDS (forces démocratiques syrienne), une coalition arabo-kurde engagée en Syrie contre le groupe Etat islamique (EI), à l'Elysée en avril 2019.

La question des Kurdes est très conflictuelle en Turquie. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation politique armée des kurdes de Turquie, est considérée comme une organisation terroriste par de nombreux pays, notamment, la Turquie, l'Union européenne ou encore les Etats-Unis. Tandis que le YPG, Unités de protection du peuple, a qui fait référence le ministre des affaires étrangères dans le communiqué, est la branche armée du Parti kurde syrien.

Depuis plusieurs mois, le président Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan s'affrontent verbalement en raison des activités d'Ankara, militaires en Libye et maritimes dans les les zones territoriales de la Grèce et de Chypre. Le Conseil européen des 24 et 25 septembre doit notamment se prononcer sur des possibles sanctions à l'encontre de la Turquie.

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