19 février > Essai France

Très réputé mais peu connu : tel est, et c’est le constat que dresse l’historien dès l’introduction, l’un des paradoxes du siècle qui, le premier, fut numéroté par ses contemporains. Né de la chute de l’Empire, achevé dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, il dure cent ans qui sont autant de remises en question, parfois dans le sang, de l’héritage révolutionnaire et des orientations politiques des régimes successifs. Durant ces cent ans, la France s’urbanise, se modernise, s’alphabétise, et les citoyens en devenir nourrissent les plus grandes utopies. Bref, riche est l’histoire du XIXe siècle ; riche et complexe. Tout l’intérêt du Siècle des possibles est d’en proposer un panorama à la fois précis et synthétique, conformément à la vocation de la collection lancée l’année dernière par Claude Gauvard, qui dirige aussi aux Puf les "Que sais-je ?". Organisé de manière chronologique, le texte donne à voir ou à reconnaître les grands moments et les grandes figures des régimes successifs, de Louis XVIII à Jules Ferry, en donnant leur place aussi à Boulanger, Dreyfus ou Louise Michel. Dans un récit toujours dynamique, le lecteur néophyte ou non verra s’organiser les premiers mouvements ouvriers en même temps que se développe la presse, les paysans se défier des Parisiens, les communards imaginer une société nouvelle et les universalistes être les colonisateurs les plus fervents… Tout le mérite de ce tableau est de ne jamais perdre de vue les aspirations contradictoires des différents régimes et de leurs sujets, tour à tour libéraux et autoritaires, chaque régime servant de cristalliseur au passé et d’incubateur à l’avenir. De révolution en répression, c’est l’Etat qui se dessine, et c’est la nation qui se définit. Jusqu’à ce que la Grande Guerre vienne remettre en question une nouvelle fois les options : voilà matière à réfléchir. Fanny Taillandier

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