Etats-Unis

Une librairie vaincue par l’augmentation du salaire minimum

Borderlands Books à San Francisco

Une librairie vaincue par l’augmentation du salaire minimum

Votée en novembre, la mesure sociale engendre une hausse des charges salariales intenable pour Borderlands. Spécialisée en science-fiction et installée depuis 1997 à San Francisco, la librairie fermera ses portes d’ici fin mars.

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Par Cécile Charonnat
Créé le 07.02.2015 à 08h17

C’est l’une des plus célèbres librairies-cafés de San Francisco, qui, en 18 ans, a su faire face à bon nombre de défis, parmi lesquels une hausse de loyer de 100% en 2 000. Et si 2014 figure parmi les meilleures années jamais enregistrées, Borderlands, spécialisée en science-fiction et fantasy, fermera pourtant ses portes d’ici le 31 mars.
 
Confronté à une augmentation du salaire minimum, votée massivement par les électeurs de San Francisco en novembre, son propriétaire, Alan Beatts, préfère jeter l’éponge avant de mettre la librairie en difficultés financières.
 
« Bien que toute l’équipe de Borderlands soit favorable au concept de salaire décent et que nous croyons que cette nouvelle loi sera bonne pour San-Francisco, la librairie dans son organisation actuelle ne sera pas une affaire rentable si elle est soumise à ce salaire minimum », explique Alan Beatts sur le blog de la librairie.
 
18% de dépenses supplémentaires
 
Dans un long billet, il explique notamment que l’augmentation du taux horaire minimum, de 10,74 dollars (9,47 euros) en 2014 à 15 dollars (12,23 euros) en juillet 2018, provoquera une hausse du coût de sa masse salariale d’environ 39%, et, par effet de cascade, un accroissement de 18% des dépenses globales.
 
Pour le libraire, le seul moyen de compenser consisterait alors à accroitre le volume des ventes de 20%. Or, « dans les circonstances actuelles, cette solution ne semble pas réaliste pour une librairie de San Francisco », plaide Alan Beats.
 
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Augmenter le prix des livres, libre aux Etats-Unis, représente une autre alternative. Mais la concurrence d’Amazon rend impossible cet ajustement à la hausse : les prix pratiqués par le libraire sont déjà plus élevés que ceux du géant de la vente en ligne. Dernière option, la réduction des dépenses, donc de la masse salariale, établie aujourd’hui à 5 personnes, est inenvisageable pour Alan Beatts.

S’il ferme fin mars, c’est aussi pour éviter de faire durer une situation déjà pénible, notamment pour son équipe. « Garder le moral et continuer à servir notre clientèle tout en sachant que nous allons fermer est très difficile à vivre depuis trois mois. Persévérer dans cette voie serait encore pire », justifie le libraire.
 
Toutefois, afin de ne négliger aucune piste pour maintenir l’activité, Alan Beatts convie ses clients à une réunion publique de réflexion le 12 février. En attendant, il les exhorte à être « joyeux » et à « venir et acheter des livres ». Un pull inédit à l’effigie de la librairie portant en plus la mention 1997-2015 sera en vente à partir de mi février.
 

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