6 mai > roman Etats-Unis

James Ellroy est un écrivain obsessionnel. Inlassablement, il malaxe le même matériau pour la plus grande joie de ses lecteurs. Le revoici aux affaires avec l’imposant Perfidia. L’Américain a une nouvelle fois vu large. Le projet est simple : entamer un nouveau Quatuor de Los Angeles, et proposer, après coup, un prélude à son mythique Dahlia noir ("Rivages/thriller", 1988, repris en "Rivages/Noir", 2014) qui s’ouvrait en juin 1947.

Nous sommes cette fois ramenés en décembre 1941. L’orchestre de Glenn Miller joue le thème de Perfidia. L’heure de la guerre approche pour les Etats-Unis, alors que les Japonais s’apprêtent à bombarder Pearl Arbor. Plusieurs protagonistes entrent en scène. On avoue une préférence pour le premier. Hideo Ashida est le seul Japonais de la police de Los Angeles. Il est né en Amérique, de parents immigrés. Son père pose des rails, son frère s’occupe d’une exploitation maraîchère dans la vallée de San Fernando. Lui a passé des diplômes universitaires en chimie et en biologie. Ashida n’ignore rien de la sérologie, des empreintes digitales, de la balistique. Il se sent américain, n’est japonais qu’en raison de la "différence de caractéristique raciale", et sait qu’il doit se rendre indispensable. Autour de lui, on trouve une femme qui s’habille en 34. Kay Lake tient un journal où elle confesse mener une vie de dilettante. Elle vient du Dakota du Sud, se décrit comme une "arriviste douée". La dame lit, dessine et flâne. Kay fréquente autant de flics que de criminels. Elle cohabite avec un policier qui lui "lâche la bride en ce qui concerne les hommes" pour qu’elle passe l’éponge "sur tous les trucs scabreux" qu’il faits dans son métier.

Le capitaine William H. Parker vient lui aussi du Dakota du Sud. Pas de Sioux Fall, mais de Deadwood. Connu dans la police sous le nom de "Whisky Bill", il s’occupe du service d’enquêtes sur les accidents de la circulation. Il y a là aussi Duddley Smith. Un Irlandais, un dur, qui a cinq filles. Dont une certaine Elizabeth Short, une enfant naturelle, qui restera dans les mémoires sous le nom du "Dahlia noir". Duddley travaille également à temps partiel pour la Columbia que Harry Cohn dirige d’une main de fer.

Dans une ville sous tension, on découvre les cadavres d’une "famille de Jaunes", les Watanabe, étendus sur le dos et éviscérés dans leur maison de Highland Park. On voudrait faire croire à un suicide collectif, alors qu’il s’agit d’un homicide… Toujours aussi impressionnant narrativement, James Ellroy mélange des personnages de fiction, que l’on a déjà croisés sous sa plume, et des personnages réels. Le résultat ouvre de belle manière un Second Quatuor de Los Angeles, dont on attend déjà la suite. Al. F.

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