Dominique Mazuet dénonce le fonctionnement actuel des marchés publics

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Dominique Mazuet dénonce le fonctionnement actuel des marchés publics

Le responsable de la librairie Tropiques (Paris 14e) revient dans une lettre ouverte sur la polémique déclenchée début juillet par la présidente de l'Association des librairies spécialisées jeunesse (ALSJ), sur le rôle d'un groupement de libraires.

Par Christine Ferrand
avec cf Créé le 15.04.2015 à 21h00

«Il me semble important d'apporter ici publiquement mon soutien, en tant que libraire de quartier indépendant, généraliste et parisien, et au nom de mes confrères, à la plainte de Laurence Tutello, à l'encontre de «groupements» tels que Libr'est, pour la confirmer et la compléter», écrit Dominique Mazuet (librairie Tropiques, Paris 14e) dans une lettre adressée à Livres Hebdo.
Mais au-delà, le libraire dénonce le fonctionnement actuel des marchés de bibliothèques publiques et le soutien «qu'ils sont supposés apporter au réseau national de libraires de proximité».

«D'abord, explique-t-il, leur nature de «marché» est de facto une supercherie dès lors que les dispositions de la loi sur le prix unique du livre annihilent toute différence de prix (la remise plafonnée étant d'application générale par tous les soumissionnaires aux marchés des bibliothèques). Cette première imposture est doublée de la confusion mystificatrice sur laquelle débouchent, comme l'explique bien Laurence Tutello, les critères «résiduels» d'attribution de ces marchés. Au final, loin de «soutenir» les authentiques librairies indépendantes (et leur proximité si indispensable et d'autant plus appréciée en ces temps de destruction du lien social et de délabrement culturel «multimédiatisé») la «politique du livre» conduite par les pouvoirs publics aboutit au résultat inverse de celui qu'elle revendique comme objectif déclaré».

Se plaignant des «méthodes abusives» de Libr'est, il dénonce également «la ségrégation affirmée par le CNL: dans le cadre de la fourniture de sites et de portail, Dialogues et La Générale du Livre sont subventionnées au titre de leur activité SSII et non à celui de «librairie». Alors que Place des libraires et Mediaweb permettent aux libraires, depuis plusieurs années, de géolocaliser leurs stocks sur internet et de vendre en ligne, le CNL refuse de soutenir un projet de développement significatif de ces outils.»

Enfin, il s'inquiète de la baisse de la fréquentation des librairies, imputable, selon lui, «à la prédation opérée par les ventes en ligne, directes et dématérialisées, sur internet» et appelle à «restaurer, encourager, promouvoir la fréquentation des librairies et non la dissuader au seul profit du marché. Autrement dit: restaurer, encourager, promouvoir l'autonomie, l'indépendance, la diversité et la proximité sociale des librairies (et donc l'accès égalitaire aux livres) et non les détruire en suscitant une «guerre de tous contre tous» sur fond de «darwinisme social» destructeur d'emploi et de valeur. [...]

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