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Dossier rentrée BD : les auteurs au centre

La librairie Bulle au Mans. - Photo Olivier Dion

Dossier rentrée BD : les auteurs au centre

De René Follet à Charles Burns et Joann Sfar en passant par Bilal, Tardi, Boucq, Bourgeon, Mattotti, Schuiten ou Zep, les programmes d’automne des éditeurs de bande dessinée sont portés cette année par les nouveautés souvent puissantes proposées par plusieurs générations d’auteurs majeurs.

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Par Fabrice Piault
Créé le 22.08.2014 à 19h33

Avec une production en forte hausse, l’automne 2013 avait été surdéterminé pour la bande dessinée par le lancement à quelque 2 millions d’exemplaires d’Astérix chez les Pictes, le premier album de la série best-seller de l’édition française non réalisé par Albert Uderzo. La rentrée 2014 s’annonce plus équilibrée, plus cohérente et plus maîtrisée à bien des égards. Sur le plan quantitatif, le nombre de nouveaux titres annoncés par les éditeurs est absolument équivalent à son niveau de l’an dernier. A la fin de juillet, la base Electre a recensé 1 117 bandes dessinées et comics à paraître sur la période d’août à octobre, contre 1 119 un an plus tôt, et 504 mangas, soit exactement le chiffre de la rentrée 2013. Les tirages ayant été ajustés pour répondre à la situation économique générale, les "poids lourds" sont un peu moins nombreux à un an d’intervalle, avec, entre août et décembre, 25 titres tirés à 100 000 exemplaires ou plus, contre 33 l’an dernier. Sur le plan qualitatif, les programmes, variés comme ils le sont depuis plusieurs années, sont balisés par les nouveautés d’un nombre important d’auteurs renommés, relevant de plusieurs générations créatives.

Little Tulip, François Boucq et Jerome Charyn, Le Lombard.- Photo LE LOMBARD

Cinquante ans de création

Doyen de ces auteurs majeurs, René Follet s’est associé à Pascal Bresson pour Plus fort que la haine, un biopic épique sur le boxeur noir Doug Wiston, dans l’Amérique des années 1930 (Glénat, septembre). Le large éventail de ceux qui l’entourent pour cette rentrée permet de retrouver avec des titres inédits des créateurs qui ont marqué le neuvième art de leur empreinte au cours du dernier demi-siècle. Enki Bilal met avec La couleur de l’air un point final à la puissante trilogie inaugurée par Animal’z et poursuivie avec Julia et Roem (Casterman, octobre). Jacques Tardi livre le 2e volet de son travail très personnel sur son père, Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag II B (Casterman, novembre). François Boucq et Jerome Charyn introduisent Little Tulip (Le Lombard, novembre). Régis Loisel et Jean-Louis Tripp publient le 9e et dernier tome de leur touchante saga québécoise Magasin général (Casterman, octobre). François Bourgeon et Claude Lacroix achèvent avec le 6e tome leur Cycle de Cyann, dont les précédents volumes sont tous réédités simultanément (Delcourt, septembre), et Joann Sfar avec le 5e tome sa saga slave Klezmer (Gallimard, août). En attendant un probable 6e opus de son célèbre Chat du rabbin (Dargaud), ce dernier signe aussi l’adaptation de ses chroniques radiophoniques Vous voyez le tableau ainsi que, avec Clément Oubrerie, le 2e tome de Jeangot (Gallimard, octobre et novembre). Zep ajoute un Happy parents à la série des Happy sex et autres Happy girls (Delcourt, octobre).

Retour au Kosovo, Gani Jakupi et Jorge González, Dupuis, "Aire libre".- Photo DUPUIS

François Schuiten et Benoît Peeters délaissent leur série Les cités obscures pour un album de science-fiction, Revoir Paris (Casterman, novembre). Ted Benoit révèle les pensées judicieuses ou absurdes de son héros Ray Banana dans La philosophie dans la piscine (La Boîte à bulles, août). Christophe Blain produit son quatrième Gus, Happy Clem (Dargaud, novembre), et Riad Sattouf publie son quatrième Pascal Brutal, Le roi des hommes (Fluide glacial, septembre).

Pascal Brutal, Le roi des hommes, Riad Sattouf, Fluide glacial.- Photo FLUIDE GLACIAL

Après de premières incursions dans la fiction, le spécialiste de l’essai en BD Philippe Squarzoni évolue vers la medieval fantasy dans Mongo est un troll (Delcourt, septembre). Lewis Trondheim publie avec Matthieu Bonhomme le deuxième tome de Texas cowboys et le septième Ralph Azham (Dupuis), tandis que L’Association réédite en septembre son Monolinguistes & psychanalyse, ouvrage emblématique du courant minimaliste, au début des années 1990. Frederik Peeters termine sur un 4e tome sa stimulante série SF Aâma (Gallimard, octobre). Johan De Moor et GillesDal proposent un audacieux Cœur glacé (Le Lombard, août). Emmanuel Lepage et son frère François Lepage retracent leur expédition dans l’Antarctique dans La Lune est blanche (Futuropolis, octobre).

Beaucoup plus confidentiel, mais néanmoins renommé pour sa production atypique, que L’Association et Glénat rééditent depuis quelques années, Francis Masse revient de son côté avec Elle, une série de strips au dessin beaucoup plus épuré que celui de ses œuvres antérieures (L’Association, août), et le premier volume de L’encyclopédie de Masse (Glénat, octobre).

En traduction, le Japonais Jirô Taniguchi explore Les contrées sauvages, et l’Américain Dylan Horrocks décrit les affres de la création de comics dans Sam Zabel and the Magic Pen (Casterman, septembre). Son compatriote Charles Burns achève sa trilogie avec Calaveras (Cornélius, septembre). L’Anglais Alan Moore et son compère écossais Eddie Campbell reviennent avec Serpents et échelles, adapté d’un spectacle poétique et métaphysique donné à Londres il y a quinze ans (Çà et là, août). Gani Jakupi signe un Retour au Kosovo dessiné par l’Argentin Jorge González (Dupuis, "Aire libre", octobre). Casterman rassemble dans Mattotti works les travaux du flamboyant dessinateur italien Lorenzo Mattotti consacré à la mode, tout en produisant une nouvelle édition augmentée de son Docteur Jekyll & Mister Hyde, réalisé avec Jerry Kramsky (septembre). Cornélius réédite Mr. Natural de Robert Crumb (septembre). Delcourt traduit Une histoire populaire de l’empire américain de Zinn, Buhle et Konopacki, un classique de l’essai politique en BD (août). Fei fait découvrir avec 4 femmes l’œuvre de l’unique dessinatrice de bande dessinée chinoise dans les années 1930, Wang Shu Hui (août).

Valeurs sûres

Les ventes de l’automne seront aussi assurées comme chaque année, au-delà des principaux poids lourds répertoriés dans notre tableau p. 64, par de nouveaux opus d’autres séries classiques ou récentes qui se sont imposées comme des piliers des catalogues. On retrouvera chez Casterman Alix senator, Le tueur, Lefranc, Last man ou encore Universal war two ; chez Dargaud, Silex and the city de Jul, Le perroquet des Batignolles de Boujut, Tardi et Stanislas, Survivants de Léo, Garfield, Les chroniques de la Lune noire, Pico Bogue, Les vieux fourneaux, Black op, Complainte des landes perdues, Wayne Shelton ; chez Delcourt, Star wars, BPRD, Snoopy, Hauteville house, Jour J, Le chant des Stryges ou le manga Coq de combat ; chez Dupuis, Spirou et Fantasio, Jérôme K. Jérôme Bloche, Jeremiah, Michel Vaillant, Les psy, Soda, Lady S ; chez Glénat, Franky Snow, Geronimo Stilton, Les aigles décapitées, Le grand mort et le 4e et dernier volume de L’or et le sang, avec quatre auteurs dont Fabien Nury ; chez Jungle, Les Simpson, Mars et Vénus, Nos chers voisins, Vie de merde ; au Lombard, L’instit Latouche, IR$, Capricorne, Ernest & Rebecca, Les Schtroumpfs, Alpha, Kriss de Valnor ; chez Soleil, Les naufragés d’Ythaq, Les conquérants de Troy, ou encore Atalante.

Parmi les nouvelles séries lancées avec un tome 1 à l’automne, sont notamment attendues Mort au tsar de Fabien Nury et Thierry Robin, Ultime frontière de Léo et Icar, et la relance d’Achille Talon avec de nouveaux auteurs (Dargaud, août). Avec une héroïne "justicière masquée la nuit, actrice porno le jour", Xavier Dorison et Terry Dodson inaugurent Red skin, chez Glénat où Yslaire propose avec Marc-Antoine Boidin un nouveau cycle de La guerre des Sambre (septembre), et Alexandro Jodorowsky et Georges BessLa légende du lama blanc (octobre). Associé à Quaresma, Makyo revient pour Les pierres rouges (septembre) chez Delcourt, qui par ailleurs adapte la célèbre web-série Annoying orange (août) et lance les séries comics Tech Jacket (septembre) et Les gardiens du globe (octobre), et les séries de manga shojo Six half de Ricaco Iketani (octobre) et Les leçons d’amour (novembre). Le péplum Gloria victis de Juanra Fernandez et MateoGuerrero est annoncé au Lombard (octobre). Soleil lance Odyxes par Arleston et Lejeune, et relance Némésis (août). L’éditeur inaugure les séries Sherlock Holmes : les chroniques de Moriarty, Les enquêtes du Misterium (septembre), Dr Watson (octobre). Urban Comics propose Human target et Infinite crisis. Pika inaugure Say I love you et Le monde de Wan Wan (septembre).

Chez Futuropolis, Frédéric Bihel et Stéphane Piatzszek publient le premier des six volumes prévus de L’or, un récit inspiré de la sidérante réalité d’un village de Guyane (septembre). Les premières années d’Arsène Lupin : les origines donnent lieu à une série chez Rue de Sèvres (octobre). Fane, qui a réalisé quatre tomes du Joe Bar Team, signe avec JuanLa légende de Little Boost (Vents d’ouest, août). Dubois et Hausman reviennent avec Capitaine Trèfle (Le Lombard, septembre).

Auteurs en devenir

Au côté des références du secteur, la rentrée 2014 donne l’occasion de suivre d’autres auteurs marquants de la dernière génération. Nine Antico, qui a notamment signé il y a cinq ans le puissant Coney island baby, revient à L’Association avec le premier volume d’Autel California, Treat me nice, une œuvre forte sur les groupies des Beatles et des Rolling Stones (octobre). Donatien Mary a choisi la gravure sur cuivre pour suivre les traces des chasseurs de baleines dans Que la bête fleurisse (Cornélius, août). Hervé Bourhis plonge dans l’univers impitoyable des laboratoires pharmaceutiques avec Le Teckel (Casterman, août) tout en proposant un Petit livre de la bande dessinée (Dargaud, novembre). Marion Montaigne publie un 3e volume de Tu mourras moins bête (Delcourt, septembre). Très inspirée par la mode, Tiffany Cooper porte son regard sur l’espèce humaine dans Tout va pour le mieux (Delcourt, "Shampooing", août). Julien Frey et Dominique Mermoux signent avec Un jour, il viendra frapper à ta porte un ambitieux récit autobiographique (Delcourt, "Shampooing", octobre). Terkel Risbjerg et Anne-Caroline Pandolfo voyagent dans le Danemark de la fin du XIXe siècle avec Le roi des scarabées (Sarbacane, octobre). Régis Hautière et Antonio Lapone campent un personnage ambivalent de chroniqueur mondain dans Adam Clarks (Glénat, "Treize étrange", octobre). Robert Varlez réalise une performance graphique avec HAahh ! (The Hoochie Coochie, août).

Parmi les traductions, Çà et là donnera une nouvelle occasion de découvrir le travail subtil et original de la Britannique Carol Swain avec Gast (août). Delcourt introduira Nils Glot avec ses Chroniques suédoises et l’Américain Michael Cho avec sa fable initiatique Petite voleuse (septembre). Cambourakis publiera en septembre de nouveaux titres des Américains Leslie Stein (L’œil de la créature majestueuse) et Nick Bertozzi (Shackleton, l’odyssée de "L’Endurance"), notamment remarqué pour Le salon.

Le polar dans tous ses états

Toujours un des piliers du neuvième art, le polar se déploie sous de multiples formes. Pascal Rabaté et Sébastien Gnaedig signent avec Le linge sale un thriller social particulièrement bien ficelé (Vents d’ouest, août), et Christophe Merlin et Joseph IncardonaLonely Betty (Sarbacane, août). Le tandem Mako-Didier Daeninckx se reconstitue pour La chute d’un ange. Scénariste du très remarqué L’art de voler, Antonio Altarriba propose Moi, assassin, dans les milieux de la critique d’art (Denoël Graphic, septembre). Benoît Sokal signe un 23e Canardo, Mort sur le lac (Casterman, août). Max Cabanes adapte avec brio le beau Fatale de Jean-Patrick Manchette (Dupuis, septembre). De nouvelles séries sont lancées telles Légal d’Amazing Améziane et Cédric Gouverneur (Casterman, septembre), Wonderball de Pécau et Duval (Delcourt, septembre), ou encore, dans le domaine de l’espionnage, Velvet (Delcourt, octobre). Le Lombard inaugure de son côté un polar antique, Maxence, signé Romain Sardou et Carlos Rafael Duarte (octobre).

Contes et légendes

Les plus jeunes pourront retrouver La petite sirène et La petite poule rousse chez Bamboo. Mais, à la croisée des contes et légendes traditionnels et de la fantasy, les éditeurs développent de multiples autres projets. Ainsi la nouvelle série Porcelaine se présente comme "un conte de fées gothique" (Delcourt, septembre). Alex Alice lance chez Rue de Sèvres le premier acte de son ambitieux Château des étoiles (septembre). Turf propose la première partie d’un nouveau diptyque, Le voyage improbable (Delcourt, octobre). Glénat publie la série Druiz (novembre). Mêlant les références, Crisse réalise un Clochette au pays des merveilles (Le Lombard, septembre).

En famille

Ne dédaignant pourtant pas le réel, la bande dessinée continue d’explorer, comme la littérature, les névroses du couple et de la famille. Alexandre Franc et Vincent Sorel retracent le délitement d’un couple dans Les pénates (Casterman, "Professeur Cyclope", août), et Marion Barraud l’après-séparation dans Entre parenthèses (Delcourt, septembre). Dans le 7e volume des aventures conjugales que leur ont imaginé Dodo et Ben Radis, Max & Nina expérimentent, après leur séparation, la garde alternée (Glénat, septembre). Lydia Frost et Jean-Philippe Kalonji s’intéressent à l’adultère dans In bed (Delcourt, octobre). Récit autobiographique de l’artiste anglo-américaine Marguerite Van Cook, mis en image par James Romberger, L’enfant inattendue est l’histoire d’une enfant non désirée mais néanmoins aimée (Çà et là, septembre).

Le biopic sous toutes ses formes

En plein essor, le biopic se révèle comme un autre moyen pour la bande dessinée de traiter des défis de l’intime et des épopées individuelles. Associé à Jean-Michel Dupont pour le scénario, Mezzo met sa virtuosité graphique au service d’un hommage au grand guitariste noir Robert Leroy Johnson (1911-1938) dans Love in vain (Glénat, septembre). On lira Louis de Funès, une vie en bande dessinée par François Dimberton et Alexis Chabert (Delcourt, novembre) et Louis de Funès, Rabbi Jacob à la folie ! par Chanoinat et Da Costa (Jungle, octobre). Chez Jungle est aussi prévu le premier tome de Johnny, la naissance d’une idole (octobre). Hervé Bourhis et Christian Cailleaux livrent la première époque de Jacques Prévert, inventeur (Dupuis, "Aire libre", septembre). Pierre-Roland Saint-Dizier et Cédric Fernandez campent Saint-Exupéry, le seigneur des sables (Glénat, octobre). Maxime Schmitt et Giacomo Nanni produisent un "roman fantasmagorique", Vince Taylor n’existe pas, pour rendre hommage au poète rockeur (Olivius, septembre). Sandrine Martin et Domnok s’intéressent à l’artiste Niki de Saint Phalle dans Niki, le jardin des secrets (Casterman, octobre), le Norvégien Steffen Kverneland à Munch (Nouveau monde éditions, "Nouveau monde graphic", octobre), et Virginie Greiner et Daphné Collignon à Clara Malraux dans Avant l’heure du tigre (Glénat, octobre). Marc Malès rend hommage au photographe social américain du début du XXe siècle, Lewis Hine, dans Mettez des mots sur votre colère (Glénat, septembre). Luigi Critone publie le deuxième volume de Je, François Villon, adapté de Jean Teulé (Delcourt, septembre). Julian Voloj et Claudia Ahlering dressent le portrait du chef de gang Benjamin Melendez dans Ghetto brother (Steinkis, août).

Souvent le sujet est traité sous un angle humoristique comme pour Gérard Depardieu, par Sergio Salma (Bamboo, septembre). Jean Dufaux porte, lui, avec Penet et Bastide, un regard très personnel sur Staline dans Koba (Delcourt, août).

Nouvelles séries jeunesse

En parallèle, les éditeurs investissent dans le renouvellement de leur public avec pour la fin de l’année de nombreuses nouvelles séries pour la jeunesse. BD Kids (Bayard) lance les deux premiers albums de Lulu (août), ou encore, en octobre, Charlotte et son cheval ou le premier tome d’Avni. Glénat inaugure les séries Nas, poids plume et Lilou et Filou (août). Jungle propose Lili Chantilly, avec Playbac (septembre).

Le Lombard relance les aventures de Chlorophylle, du grand Raymond Macherot, avec un nouveau duo d’auteurs, Godi et Zidrou (septembre).

À boire et à manger

Enfin, parmi les mille et un thèmes abordés dans les albums de l’automne, le vin et la cuisine restent des sujets de prédilection pour les éditeurs inspirés par les succès des premières initiatives de Glénat ou de Futuropolis. Glénat lui-même poursuit ses séries de fiction In vino veritas et Châteaux Bordeaux (septembre), et lance Bodegas, dans le vignoble espagnol, et Le sang de la vigne (octobre). Gallimard lance le troisième A boire et à manger de Guillaume Long (novembre). Rue de Sèvres publie les "premières saisons" de Frères de terroirs par le chef Yves Camdeborde et Jacques Ferrandez (octobre) et Dargaud La passion de Dodat-Bouffand par Mathieu Burniat (octobre). Chez Bamboo, en septembre, Hervé Richez et Boris Guilloteau reconstituent l’histoire d’Un grand bourgogne oublié ("Grand angle", septembre), la série Les fondus du vin se penche successivement sur les côtes-du-rhône et le champagne, et on pourra rire de La cuisine des rugbymen.

En manga, le troisième tome de Mangeons !, promenades culinaires de Takada Sanko, est pour octobre (Casterman, Sakka), et Delcourt lance les deux premiers tomes d’une nouvelle série, Food wars (septembre et novembre). <

Les poids lourds de l’automne

27 titres au-dessus de 100 000 exemplaires sont annoncés par les éditeurs entre le 27 août et le 5 décembre.

Une rentrée dans l’actualité

 

Economie, politique, questions de société et commémorations nourrissent une partie importante des programmes éditoriaux, en fiction comme à travers des documents en bande dessinée.

 

La ligue des économistes extraordinaires,Benoist Simmat et Vincent Caut, Dargaud.- Photo DARGAUD

Plusieurs titres, fictions ou documents programmés cet automne, rebondissent sur l’actualité internationale et française. Tsav 8, de Gilad Seliktar, est le récit autobiographique d’un auteur de bande dessinée réserviste dans l’armée israélienne (Çà et là, novembre). Bartoll et Jef entament avec le premier volume de La traque le récit de la recherche d’Ousama Ben Laden (Delcourt, octobre). Tristan Thil et Zoé Thouron retracent Florange, une lutte d’aujourd’hui (Dargaud, octobre). L’enquête très documentée de Daniel Blancou et Sylvain Lapoix sur le gaz de schiste prépubliée dans La revue dessinée est éditée sous le titre Energies extrêmes (Futuropolis, août). Le journaliste Renaud Dély et Aurel signent La République des couacs (Glénat, novembre). Au Lombard, Dufranne et Lefebvre dessinent le Journal d’une Femen (septembre) et Thomas Mathieu dénonce le machisme et le sexisme dans Les crocodiles (octobre).

Crise oblige, c’est cependant l’actualité économique qui concentre le plus grand nombre de nouveautés. Dargaud propose avec La ligue des économistes extraordinaires, de Benoist Simmat et Vincent Caut, une sorte de manuel présentant quarante personnalités du domaine, et le deuxième tome de La banque (août). L’Anglais Darryl Cunningham signe un essai à la fois politique et économique sur L’ère de l’égoïsme : comment le néolibéralisme l’a emporté (Çà et là, octobre). Tandis que Le Lombard publie le second volume d’Hedge fund (octobre), Glénat lance le tome 1 d’un nouveau thriller financier, Shadow banking (septembre).

Les questions de santé sont aussi abordées. Ceux qui me restent, de Damien Marie et Laurent Bonneau (Bamboo, "Grand angle", août), et Le grand désordre, par Sarah Leavitt (Steinkis, septembre), traitent de la maladie d’Alzheimer. La question de la trisomie est au cœur de Ce n’est pas toi que j’attendais de Toulmé et Blatte (Delcourt) et de Downtown 21 de Noël Lang et Rodrigo Garcia (Steinkis).

 

Comme en 14.

Les commémorations d’événements historiques donnent également à des albums relevant de l’histoire une forte dimension d’actualité. Très souvent traitée en bande dessinée comme dans d’autres secteurs éditoriaux, la guerre de 1914-1918, en particulier, suscite à l’occasion du centenaire de son déclenchement une nouvelle moisson de nouveautés. Marion Mousse, Duhand et Delbosco en ressuscitent un épisode méconnu dans Les poilus d’Alaska chez Casterman (août), qui réédite au même moment C’était la guerre des tranchées de Jacques Tardi, l’intégrale de Putain de guerre ! de Tardi et Jean-Pierre Verney, l’album-CD des Chansons contre la guerre de Dominique Grange avec Tardi et Verney et Le sang des valentines de Christian De Metter et Catel.

 

Cornélius édite Chez les toubibs que le grand Gus Bofa réalisa après qu’il eut été grièvement blessé aux jambes, en décembre 1914 (août). Soleil réédite ses deux volumes de Paroles de poilus (octobre). Delcourt lance les tomes 1 et 2 de la série de récits 14-18 (août et novembre), tout en publiant le 3e et dernier tome du Temps du rêve (septembre). On lira chez Glénat la fiction sombre et poétique d’Olivier Supiot, La patrouille des invisibles ("1 000 feuilles", septembre), et au Lombard Le chant du cygne de Cédric Babouche, Xavier Dorison et Emmanuel Herzet (août).

En marge des célébrations du soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Sowa et Gawron évoquent à travers L’insurrection l’atmosphère du Varsovie de 1944 (Dupuis, "Aire libre", août). <

Rien ne se perd, tout s’adapte

 

Romans classiques et contemporains, films, séries, mais aussi Web doc, jeux vidéo ou de plateau, les éditeurs continuent d’étendre le domaine de l’adaptation en bande dessinée.

 

Les royaumes du Nord, Stéphane Melchior-Durand et Clément Oubrerie, Gallimard.- Photo GALLIMARD

Toutes les bonnes idées testées avec succès dans d’autres secteurs éditoriaux méritent aussi un traitement BD, semblent considérer les éditeurs. Du côté classiques, L’Odyssée fait l’objet d’un ambitieux album illustré chez Glénat (novembre). Grégoire Carlé se livre à une adaptation libre mais érudite et référencée de Sophocle avec Philoctète et les femmes (L’Association, septembre). Thierry Murat transpose Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway (Futuropolis, octobre), et on lira le second volume du Moby Dick de Christophe Chabouté (Vents d’ouest, octobre). Dans Les cauchemars de Lovecraft, Horacio Lalia adapte 18 récits du maître de l’horreur (Glénat, octobre).

Côté romans contemporains, l’Autrichienne Ulli Lust s’empare avec brio de Voix de la nuit de Marcel Beyer (Çà et là, septembre). Chez Futuropolis, Didier Tronchet adapte dans Vertiges de Quito ses propres récits éponymes (août).

En jeunesse, Gallimard lance avec un premier volume la version BD des Royaumes du Nord de Philip Pullman par Stéphane Melchior-Durand et Clément Oubrerie (septembre). BD Kids propose l’adaptation par Cassandra Jean du best-seller de Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers (novembre), et celle des Orangers de Versailles d’Annie Pietri par Nicolas Digard et Christine Circosta. Jungle adapte la série BD de Nathan Les filles au chocolat (octobre). Le fameux Journal d’un chat assassin d’Anne Fine se retrouve en bande dessinée chez Rue de Sèvres, où Guillaume Sorel illustre Alice au pays des merveilles (octobre).

Inspiré par les documents, Casterman livre un deuxième volume des Histoires de France de Lorànt Deutsch en BD (octobre). L’audiovisuel aussi donne des ailes aux éditeurs. Dargaud sort un quatrième Game of thrones (août). En septembre, 12bis réécrit La nuit des morts-vivants ; en octobre, Glénat fait un comics de [Rec], phénomène du film d’horreur espagnol. Hugo BD propose un troisième titre issu de la Web-série Joueur du grenier ; Jungle adapte Les pourquoi radiophoniques de Philippe Vandel. L’éditeur trouve même le moyen de transposer dans une série BD l’univers du très classique jeu de plateau Cluedo (octobre). <


22.08 2014

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