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Dossier Rentrée jeunesse : jeune et jolie

OLIVIER DION

Dossier Rentrée jeunesse : jeune et jolie

Après les romans, les documents et les BD, Livres Hebdo présente les points forts de la rentrée éditoriale jeunesse. Les éditeurs développent particulièrement leur offre d'albums et de fiction, tout en articulant leurs programmes avec les productions télé et cinéma, du Petit Prince à La guerre des boutons.

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Par Claude Combet
Créé le 17.06.2021 à 19h36

Entre le retour des enfants des "grandes vacances" et la visite, qu'on espère prodigue de livres, du Père Noël, l'automne reste la saison clé pour l'édition de livres pour la jeunesse, comme l'éclaire chaque année, fin octobre-début novembre, le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. La saison 2011 se révèle éditorialement riche sur l'ensemble des segments d'activité du secteur, des albums à la fiction et au documentaire, avec aussi bien des grands noms de la création pour la jeunesse que des titres de jeunes auteurs.

LES ILLUSTRATEURS AU RENDEZ-VOUS

Les nouveautés de nombreux illustrateurs reconnus sont programmées par les éditeurs. L'Anglais Anthony Browne, prix Andersen 2000, raconte son enfance et les oeuvres qui l'ont influencé dans Déclinaison du jeu des formes : mon métier, mon oeuvre et moi (Kaléidoscope). Le même éditeur propose aussi Six hommes de David McKee, datant de 1972 et jamais édité en France, ainsi qu'une nouveauté, Elmer et Super El. Flammarion Jeunesse fête les 80 ans du Père Castor avec "La petite bibliothèque du Père Castor" et un Michka, revu par Olivier Tallec.

Parmi les rares spécialistes français du pop-up avec Gérard Lo Monaco, Philippe Ug a conçu un oiseau exotique aux couleurs fluo très années 1980 pour Drôle d'oiseau, aux éditions Les Grandes personnes, qui sera lancé le 22 septembre chez Les - Photo OLIVIER DION

On retrouvera aussi Fred Bernard et François Roca, qui se sont intéressés à l'Antiquité égyptienne (Anouketh, Albin Michel Jeunesse) et Benjamin Lacombe, nouveau venu chez Albin Michel Jeunesse avec L'herbier des fées. Yan Nascimbene, créateur des couvertures de "Page blanche", illustre Julien Green (BJZ). Le duo Pittau-Gervais propose deux titres : La visite au zoo, qui dévoile, sous les rabats, l'alphabet, les noms et les cris des animaux... (Gallimard Jeunesse-Giboulées) et L'imagier des saisons (Les Grandes personnes). Mila Boutan publie Les petits papiers de Mila (Loulou & Cie). Au Rouergue, Elzbieta renoue avec ses matériaux habituels - pastels et papier mâché - pour une Ecuyère, qui dévoile un peu de son enfance. L'Ecole des loisirs réédite Akiko Hayashi, Marie Hall Ets et André François, aux côtés du nouveau Claude Ponti, du livre-événement Dessine ! de Bill Thomson et des nouveaux albums de Stéphanie Blake, Michel Gay, Yvan Pommaux, Grégoire Solotareff et Catharina Valckx. Avec Plein soleil, Gautier-Languereau offre le pendant de Pleine lune (15 000 ventes), toujours en noir et blanc avec du fer à dorer, et déclinera les deux livres d'Antoine Guilloppé (qui publie aussi Takiji l'audacieux chez Picquier) dans une gamme de papeterie. Hélium annonce le retour des célèbres pingouins de Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet pour un roman graphique fort de 128 pages.

Christophe Mauri avait 16 ans quand il a envoyé son premier manuscrit chez Gallimard Jeunesse, qui l'a encouragé. Il a aujourd'hui 22 ans et l'éditeur lance sa saga en six volumes avec Le premier défi de Mathieu Hidalf. - Photo OLIVIER DION

Aux éditions des Grandes personnes, Henri Galeron a illustré Le chacheur de Bernard Azimuth, dernier livre réalisé par l'éditeur Patrick Couratin (décédé en janvier) ; tandis que revient Nikolaus Heidelbach. On appréciera aussi l'Italien Fabian Negrin pour un bel album sur Frida Kahlo et Diego Rivera, et Barroux pour un roman graphique sur la guerre de 1914-1918 (Seuil Jeunesse).

Seront aussi présents à la rentrée les illustrateurs Beatrice Alemagna (Autrement et Phaidon), Thierry Dedieu (Plume de carotte), Aurélia Grandin (Actes Sud Junior), Elisabeth Brami avec un Dico des bêtises (Casterman), Jean-François Dumont (Flammarion et Hélium), Iris de Moüy (Hélium), Hervé Tullet (Phaidon), Mario Ramos et Rascal (Pastel), entre autres. Côté texte, Davide Cali signe deux albums (Actes Sud Junior et Sarbacane, en duo avec Marc Boutavant) ; Olivier Adam un album illustré par Ilya Green ; Marie Desplechin compose un duo avec Emmanuelle Houdart (Thierry Magnier) ; Odile Weulersse est cette fois-ci associée à Olivier Latyk pour La fabuleuse recette de Nasreddine (Flammarion Jeunesse) ; Philippe Lechermeier signe Cirque magique (Gautier-Languereau) ; Annette Tamarkin publie chez Les Grandes personnes ; Michel Van Zeveren écrit en vers (Pastel) ; Carl Norac est chez Pastel et chez Sarbacane, pour un magnifique album illustré des peintures à l'huile de Stéphane Poulin, tandis que Barack Obama signe Of Thee I Sing. Lettre à mes filles sur les grandes figures de l'histoire américaine (La Martinière Jeunesse).

DES AUTEURS À DÉCOUVRIR

La rentrée apporte son lot de premiers albums à découvrir, signés du graphiste Tristan Mory (Patabulle, Actes Sud Junior), de Solenn Larnicol, (Le livre des moi, Rue du monde), de Julien Béziat (Mäko, Pastel), d'Aurore Callias, qui illustre les poèmes de Guy Goffette (Lumignons, Gallimard Jeunesse-Giboulées) et d'Alexandra Huard (Sarbacane). Les éditions des Grandes personnes proposent de découvrir l'Anglaise très farfelue Harriett Russell (Soixante choses impossibles à faire avant le déjeuner).

Parmi les curiosités ou les auteurs à découvrir, citons le dessinateur de presse Avoine (Les Grandes personnes), l'Américain Stephen Savage avec Morse, où es-tu ?, un album sans texte et aux illustrations années 1930, un "cherche et trouve" signé Bob Staake, illustrateur américain pour le New Yorker, un Pinocchio illustré par l'Italien Maurizio A. C. Quarello (Milan), qu'on retrouve chez Sarbacane pour un album sur Rosa Parks avec Fabrizio Silei, Le bestiaire du Gange (Actes Sud Junior) et un conte indien raconté par Françoise Gay et illustré par Frédéric Mansot, qui sortira pour le Salon de l'Inde à Paris (20e) les 22 et 23 octobre (Gallimard Jeunesse-Giboulées). Chan-Ok s'ouvre plus largement à l'Asie avec un album japonais, Le chat-bonheur.

BOÎTES ET ALBUMS GÉANTS

Montrées à la dernière Foire de Bologne, les boîtes pullulent. Albin Michel Jeunesse lance ses très élégants coffrets (Tampons et Aquarelles), conçus à partir des Inventaires illustrés, de Virginie Aladjidi et Emmanuelle Tchoukriel. Après les Babouchka et Kokeshi, Gautier-Languereau a conçu une boîte Père Noël pour préparer les fêtes. Gallimard Jeunesse-Giboulées propose un coffret-nichoir pour les "Drôles de petites bêtes" d'Antoon Krings, accompagné d'un livre-disque pour écouter le chant des oiseaux, et des éléments pour fabriquer un mobile. Très spectaculaire, la boîte Cinéma !, en forme de "clap" chez Nathan, renferme tout le nécessaire à l'amateur : guide du réalisateur, livret de storyboard, stickers pour effets spéciaux, CD audio avec 99 effets sonores. Tandis que SOS-Véto : la mallette vétérinaire chez Bayard permet de soigner animaux domestiques et sauvages.

Le Pommier initie aux maths (Mon album à compter) et à L'espace avec un jeu de l'oie. Les petits feront la cuisine avec La cuisine de Barbapapa, avec moules en silicone et emporte-pièces (Les Livres du dragon d'or) ou Mes petits biscuits (Deux coqs d'or). Plus éducatif, Gründ, en partenariat avec Science & Vie Découvertes, inscrit à son programme les coffrets "M@xi défis" (La terre, Les pirates, La préhistoire), et Gallimard Jeunesse Le labo des sciences et L'atelier de couture.

Récréation (avec élastique, craies et livret de jeux) pour les filles et Billes pour les garçons constituent les "Boîte à jeux" d'Hugo Jeunesse. De fait, les éditeurs déclinent leurs coffrets selon le sexe et la passion : Ma boîte à billes et Le coffret Cendrillon (Gründ) ; Mes plus belles princesses au fil des saisons et Chevaux (Deux coqs d'or) ; les nouvelles collections "Mon petit coffret" (Maîtresses et Pirates) et "Les petits ateliers" pour créer son carnet secret (Deux coqs d'or).

Hachette Jeunesse met en boîte toutes ses licences : Une boîte Monsieur-Madame pour apprendre à lire l'heure, une boîte à bijoux Madame Princesse (avec bracelets en cuir) ; une boîte à bijoux et Mes premiers pas de danse avec Hello Kitty (avec tutu et serre-tête) ; une valise métal pleine de Contes Oui-Oui, un coffret boîte à musique et une valise en métal (avec magnets) Babar (héros d'une aventure inédite, Coup de foudre aux jeux de Célesteville, et d'une exposition aux Arts-Déco pour ses 80 ans). Et on n'oubliera pas une Méga boîte à questions (Deux coqs d'or), toutes sortes de jeux (Hatier) et d'histoires avec Ma super boîte à histoires de Susie Morgenstern (La Martinière Jeunesse).

Plusieurs albums géants prendront de la place dans les librairies. L'abécédaire de Pascale Estellon est un accordéon de 5 m de long (Les Grandes personnes). L'ABC des grimaces (Ricochet) en fait 8. On aura aussi quelques formats respectables (24 × 36,5) comme l'album-jeu de Benkamin Chaud (Une chanson d'ours, Hélium) ou Gros doudou et moi de Didier Lévy, illustré par Amandine (Gautier-Languereau). Quant aux "Histoires à colorier" proposées par Kimiko, Iris de Moüy et Dorothée de Monfreid (Loulou & Cie), ce sont des tout-cartons aux pages détachables format 30,5 × 43.

LIVRE ANIMÉ, MUSICAL OU NUMÉRIQUE

Tandis que Le Seuil Jeunesse propose son Sabuda annuel, L'extraordinaire garçon qui dévorait les livres d'Oliver Jeffers devient un pop-up "très animé" (Kaléidoscope), comme Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl (Gallimard Jeunesse). Philippe Ug, le maître du pop-up français, raconte l'histoire d'un Drôle d'oiseau (Les Grandes personnes). Gründ s'attache aux classiques Aladin et Pinocchio, et à de drôles d'animaux avec Animagic : le livre animé des animaux magiciens.

Il y a des livres à toucher comme Mon gros Imagidoux à toucher de Fani Marceaux et Claire Le Grand ; un méli-mélo pop-up, Carnaval animal, d'Iris de Véricourt (Hélium) ; une vraie maison de poupée avec Pénélope (Gallimard Jeunesse) ou Le palais de l'oiseau-bleu (Gautier-Languerau) ; un Petit théâtre de Rebecca de Rebecca Dautremer (Gautier-Languereau) ou un "Tourniquet à devinettes" inventé par Fabienne Teyssèdre au Seuil Jeunesse. Sans oublier les graphismes animés grâce à un rhodoïd rayé (selon l'ancienne technique d'animation de "l'ombro-cinéma") de New York en Pyjamarama de Michaël Leblond et Frédérique Bertrand (Rouergue).

En musique, chez Actes Sud Junior, Vincent Delerme signe un livre-CD, Leonard a une sensibilité de gauche. Milan sort un nouveau "Tintamarre" avec François Hadji-Lazaro, le chanteur des Garçons bouchers. Didier Jeunesse fête les 10 ans de la collection "Comptines du monde", avec Les comptines de roses et de safran, venues d'Inde et illustrées par Aurélia Fronty ; et propose Peter Pan et Wendy, sur une musique de jazz de Charles Mingus. Gallimard Jeunesse publie L'énigme du Père Noël, des petites histoires lues par Pierre Richard, et Gautier-Languereau, La belle au bois dormant. On aura au moins trois versions du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, chez Didier Jeunesse, Gallimard Jeunesse et Gautier-Languereau.

En format numérique, qui commence à émerger, Gallimard Jeunesse, après avoir lancé le mouvement en juillet, propose deux nouveaux titres pour iPad, iPhone et iPod Touch : Cendrillon, dans la collection "Les contes illustrés", et La forêt, dans "Mes premières découvertes". De son côté, Hélium annonce Tip Tap, mon premier imagier numérique, conçu par Anouck Boisrobert et Louis Rigaud, les auteurs de Popville (un livre et un CD avec un jeu à télécharger).

PREMIÈRES LECTURES

L'entrée en lecture reste cruciale pour les parents et... les enfants. Autrement se lance dans le genre avec "Les mésaventures scientifiques de Clarence Flûte", Flammarion annonce Je suis en CP, de Magdalena et Emmanuel Ristord, alimentée au rythme d'un titre par mois : Albin Michel Jeunesse publie les aventures de Bat Pat, une chauve-souris érudite et trouillarde imaginée par les créateurs de Geronimo Stilton ; Hugo Jeunesse, Les Bertignac, une famille d'aventuriers, et Bayard, Scream Street, >dont les héros sont un loup-garou, un petit vampire et une momie égyptienne... Rageot publie pour les 8-11 ans Voisins, voisines et Jules le chat de Barbara Constantine et lance "Rageot Graphic", avec Mon voisin, le vampire et Le monstre du lac maudit de Mary Labatt, illustrée par Jo Rioux, dont le héros est un chien détective.

L'Ecole des loisirs compile trois histoires d'Anne Fine dans Le grand livre du chat assassin et en publie une inédite, Le Noël du chat assassin. L'éditeur inscrit aussi à son programme Colas Gutman, Olivier Adam, un Nathalie Kuperman, un nouveau Malo de Marie-Aude Murail et un nouvel auteur, Hervé Walbecq, avec des Histoires d'enfants à lire aux animaux. A l'occasion de la sortie du Bal d'anniversaire de Lois Lowry, l'éditeur organise aussi une journée pour les bibliothécaires au théâtre du Vieux-Colombier sur le thème "Les adolescents et la bibliothèque".

RICHE EN FICTION

La rentrée sera riche en fiction. La nouvelle série chez Albin Michel Jeunesse de Rick Riordan, créateur de Percy Jackson, entraîne cette fois-ci ses lecteurs dans la mythologie égyptienne (La pyramide rouge). Chez le même éditeur, Jonathan Stroud revient avec Bartiméus, le djinn le plus irrévérencieux du monde fantastique ; tandis que Jackson Pearce revisite LePetit Chaperon rouge avec Sisters Red. Créateur de jeux vidéo et du concept de Cathy's Book, Jordan Weisman est de retour chez Bayard Jeunesse avec une nouvelle trilogie écrite par Mel Odom (Le maître du jeu) sur l'Empire maya, et comprend un plateau de jeu et un jeu en ligne. Chez Casterman, Béatrice Bottet, auteure du Grimoire au rubis, délaisse le Moyen Age pour l'Angleterre du XIXe siècle, et son héroïne est une orpheline devenue suffragette, Penelope Green (La chanson des enfants perdus). Parallèlement, l'éditeur publie le premier volume des Rebelles de Saint-Daniel de Michael Gerard Bauer.

Gallimard Jeunesse annonce la révélation française de la rentrée, Christophe Mauri, auteur du Premier défi de Mathieu Hidalf, une saga en six volumes. L'éditeur inscrit trois titres historiques tirés de documents réels : Je m'appelle Marie, premier roman de Jacques Saglier sur Drancy ; Ceux qui n'ont pas pu nous prendre, de Ruta Sepetys, dont l'héroïne est emprisonnée dans un camp estonien, victime de Staline, et Cachée, inspiré des écrits du fiancé d'Anne Franck. L'éditeur annonce aussi la suite très attendue de Vango, un prince sans royaume de Timothée de Fombelle et poursuit A comme association avec Rageot ; tandis que les sept volumes d'Harry Potter bénéficieront d'une nouvelle couverture conçue par le graphiste anglais John Gray. L'auteur de L'école des chats, Kim Jin-Kyeong, revient avec une nouvelle saga fantastique (Picqiuer).

Chez Rageot, la suite de La saga de Sakari, l'épopée nordique et fantastique de Guillaume Lebeau. En "Gründ poche", un nouveau Hélène Montardre, Le premier matin, et en "Black Moon", Abandon de Meg Cabot. On lira aussi en Pocket Jeunesse le premier volume des Extraordinaires aventures de Tom Scatterhorn et Le baiser du diable, de Sarwat Chadda, dont l'héroïne doit combattre le mal et veiller sur les secrets des Templiers. Et un thriller mêlant humour et science-fiction au Seuil Jeunesse, Tempest.

On retrouvera nombre de suites des séries : 18 lunes, le tome 4 de Vampire City, le tome 3 du Journal de Stefan et la réédition du Journal d'un vampire (tome 1) avec le visuel de la série télé ("Black Moon") ; Eona (Gallimard Jeunesse) ; Fedeylins (Gründ) ; Eternels, Les héritiers d'Enkidiev, Night World (Michel Lafon) ; Genius Squad, La grande école du mal et de la ruse et Le vampire amoureux (MSK) ; Leviathan, Chroniques de la fin du monde, Le royaume des loups de Kathryn Lasky (l'auteure des Gardiens de Ga'hoole), La maison de la nuit, George et le big bang de Stephen et Lucy Hawking ou le 13e tome de Guerre des clans (Pocket Jeunesse). Et la vogue de la dystopie se poursuit. Saba, ange et la mort de Moïra Young (Gallimard Jeunesse) ; Divergent de Veronica Roth (Nathan) ; Gone, l'épidémie de Michael Grant (Pocket Jeunesse) et Six jours de Philip Webb (La Martinière Jeunesse) relèvent de la dystopie. On aura aussi des vampires timides, comme le héros de Tim Collins chez Hugo Jeunesse.

Mais les éditeurs ont à coeur de faire découvrir de nouveaux auteurs : Jean-Luc Marcastel (Hachette Jeunesse, "Black Moon") ou Eléonore Cannone, auteure d'une trilogie Le carnet de Théo, une héroïne androgyne dessinée par Sinath, dessinatrice de mangas (Rageot). Et quelques héroïnes étranges : Charlotte, fantôme doté de pouvoirs surnaturels (Ghostgirl : retour à la maison de Tonya Hurley, Plon Jeunesse) ; Briony, qui a le don de seconde vue qui la relie au monde des Esprits (La fille du marais de Franny Billingsley, Les Grandes personnes) ; une dragonne (Lueur de feu de Sophie Jordan, Gallimard Jeunesse) ; Laurel, une adolescente qui a une énorme fleur avec de grands pétales qui pousse dans son dos (Wings, Pocket Jeunesse).

HISTOIRES D'ADOS

La vague de romans pour les adolescents continue. Thierry Magnier publie Un monde dans la main de Mikaël Ollivier. Le Rouergue annonce en "DoAdo" Le faire ou mourir, un premier roman de Claire-Lise Marguier et Comment (trop) gérer sa love story d'Anne Percin (la suite de Comment (bien) rater ses vacances). Hélium publie la Canadienne Susin Nielsen (Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ?) et l'Australienne Glenda Millard (Une tribu dans la nuit).

Cathy Ytak arrive à L'Ecole des loisirs avec l'histoire d'une musicienne, Le retour de la demoiselle (et publie un photoroman chez Thierry Magnier), tandis que Gil Ben Aych avec Le livre d'Etoile poursuit la saga familiale, Shaïne Cassim avec Je ne suis pas Eugénie Grandet et Tania Sollogoub avec Au pays des pierres de lune se révèlent dans des titres très autobiographiques. Chez le même éditeur, on lira aussi l'autobiographie de Steve Wozniak (iWoz), créateur avec Steve Jobs d'Apple.

Flammarion Jeunesse lance une nouvelle collection pour les adolescents (dès 13 ans) traitant des "Emotions" : Malika Ferdjoukh l'inaugure avec Chaque soir à 11 heures ; Elisabeth Brami, Nathalie Legendre, Sarah Cohen-Scali suivront. Tandis que sortiront en "Tribal" Les guerriers de la nuit de Jean-Pierre Andrevon et Summertime blues d'Emmanuel Bourdier. Aux éditions des Grandes personnes, on retrouve Mary Hooper avec Waterloo Necropolis, Sonya Hartnett avec L'enfant du jeudi, Mary E. Pearson avec L'héritage Jenna Fox et Silvana Gandolfi, avec un récit sur la Mafia, L'innocent de Palerme.

Milan annonce Boys don't cry, de Malorie Blackman ("Macadam") et Bleu saphir, la suite de Rouge rubis, de Kerstin Gier. Nathan prévoit le tome 2 d'Instinct de Vincent Villeminot (une histoire de lycanthropie) et les derniers tomes de la trilogie Strom d'Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas et de Fablehaven (tome 5) de Brandon Mall. Dans la collection "Exprim'" (Sarbacane) sortiront Lorraine super-bolide de David Tavityan ; K-Cendres d'Antoine Dole et Toute la vie, premier roman de Jérôme Bourgine ; et en "Mini-romans Sarbacane", Appelle-moi Charlie de Marcus Malte et Délinquante de Martine Pouchain. A La Martinière Jeunesse : Jennifer Donnelly mêle dans Révolution deux voix, celle d'Andi, jeune Américaine d'aujourd'hui, et celle d'Alexandrine, jeune actrice risquant sa vie pendant la Révolution française.

Les doubles exploitations, en littérature pour adultes et en littérature jeunesse, restent exceptionnelles. Plon proposera les deux versions de Ma soeur vit sur la cheminée d'Annabel Pitcher. Intronisé par la Société Sherlock Holmes, l'auteur jeunesse Anthony Horowitz a pris la suite de Conan Doyle : Calmann-Lévy publie La maison de soie pour les adultes et Hachette Jeunesse pour les jeunes. Bayard édite hors collection un livre autobiographique d'Anne-Laure Bondoux, L'autre moitié de moi-même, qui révèle un secret de famille.

DES POIDS LOURDS SUR LES ÉCRANS

Les éditeurs soignent aussi leurs classiques, dont plusieurs font l'objet d'adaptations audiovisuelles, à commencer par Le Petit Nicolas, sans lequel la rentrée scolaire ne serait pas ce qu'elle est. Pour accompagner la diffusion de la 2e saison du dessin animé sur M6, Imav propose toute une gamme de papeterie, une collection de petits albums consacrés chacun à un personnage et un livre de cuisine pour réussir son gratin de coquillettes.

Gallimard lance un nouvel univers autour de Timo d'Emilie Gillet, >avec des photos de Cyril Emtzmann, et développera les licences Pénélope en les accompagnant d'un programme éditorial comprenant notamment Pénélope fait un gâteau et La maison de Pénélope. Pour accompagner la diffusion du Petit Prince sur France 3, sont aussi prévus quatre albums, un album-CD et un coffret collector avec jeux de cartes. Anatole (Milan), les "Zozos" (chez Naïve), imaginés sous le nom de Cocobé par l'actrice et réalisatrice Louise Deschamps-Wallon, et Kola, un petit personnage imaginé par l'illustrateur du Livre des grands contraires philosophiques (4 titres chez Nathan), voudraient prendre leur succession.

Autrement réédite Gruffalo d'Axel Scheffler à l'occasion de la diffusion le 19 octobre d'un court-métrage produit par les producteurs de Wallace et Gromit. Chez Actes Sud Junior, Sid le scientifique (dès 3 ans), diffusé en 2010 sur France 5 (26 nouveaux épisodes sont en cours de production) fait l'objet de cinq albums. Surtout, désormais dans le domaine public, La guerre des boutons de Louis Pergaud bénéficie de pas moins de deux adaptations au cinéma, l'une de Christophe Barratier, dont Hachette Jeunesse publiera les livres (poche et novélisation), l'autre de Yann Samuell, dont les livres sortiront chez Gallimard Jeunesse (album et "Folio Junior", voir notre article p. 102).

Conte initiatique et musical, Le voyage de Zadim bénéficie d'un livre-CD, avec des berceuses du monde entier, chez Milan, en même temps qu'il sera monté au théâtre de la Renaissance d'Oullins (Lyon). La comédie musicale Lili Lampion, montée au théâtre de Paris à partir du 22 octobre, se retrouvera dans les librairies sous le titre Le carnet de Lili Lampion (texte d'Amanda Sthers, illustrations de Florent Chavouet, Nathan). Bayard réédite, sous format souple cette fois-ci, L'invention de Hugo Cabret de Brian Selznick, autour de Georges Méliès (dont on célébrera le 8 décembre les 150 ans de la naissance), dont l'adaptation par Martin Scorsese sort au cinéma le 14 décembre. L'Ecole des loisirs remet en vente Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie Zenatti, dont le film réalisé par Thierry Benisti sortira sur les écrans en décembre.

Hachette Jeunesse proposera une gamme Emilie Jolie pour la sortie du film en octobre, et accompagne d'albums, livre d'activités et romans le film d'animation Un monstre à Paris sur la crue de 1911 ; ainsi qu'une version abrégée illustrée par Bret Enquist (l'illustrateur des Orphelins Baudelaire) pour la sortie des Trois mousquetaires en 3D. L'éditeur accompagne aussi la sortie du film Révélation (de la saga Twilight) avec pour la première fois une réédition du livre avec l'affiche du film en couverture, le Guide officiel du film, et celle de la comédie musicale Dracula du texte original de Bram Stoker avec l'affiche du spectacle en couverture.

UNE PALETTE DE DOCUMENTAIRES

Chez Plon, L'encyclo des filles de Sonia Feertchak et Catel Muller fête ses 10 ans avec la boîte métallique qui a fait son succès. Tandis que le Dico génération ados chez Bayard devient millésimé 2011-2012. Rue du monde retrace l'enfance des grands personnages dans la collection "Petit deviendra grand", avec Petit Pablo deviendra Picasso de Karim Ressouni-Demigneux, illustré par Zaü, Petit Jacques deviendra Prévert de Carole Aurouet, illustré par Bruno Heitz, et Petit Charlie deviendra Charlot de Bernard Chambaz, illustré par Pef. L'éditeur commémore aussi le 10e anniversaire du 11-Septembre avec un album de Bernard Chambaz, illustré par Barroux, Je m'appelle pas Ben Laden !, dans la collection "Histoire d'Histoire", et nous fait découvrir l'histoire vraie d'un bibliothécaire colombien qui amène les livres dans les villages reculés à dos-d'âne, La biblio des deux ânes de deux auteurs latino-américains, Monica Brown et l'illustrateur John Parra.

Nathan ouvre la réalité augmentée à des thèmes "passion" comme Les dinosaures et Le corps pour les plus grands, et publie un Dokéo des records. Gulf Stream lance en septembre une nouvelle collection, "Et, toc !", des "abécédaires décalés, drôles et intelligents pour penser... et briller en société !" destinés aux adolescents. Cinq titres seront en librairie : T'es rock ou t'es ringue ? de Béatrice Egémar, illustré par Renart ; ®évolution des mutants de Jean-Baptiste de Panafieu, illustré par Benjamin Lefort ; Le fric, c'est chic d'Alexandre Messager, illustré par Pacco ; La toile et toi de Philippe Godard, illustré par Marion Montaigne, et Derrière le petit écran de Carole Trébor illustré par Clotka.

Sur le segment du livre d'art, Palette... lance une nouvelle collection pour les 5-6 ans, "Artimini", déclinée de "L'art et la manière", et inaugurée par Calder. Le même éditeur propose 50 personnages en quête d'artistes, un documentaire rigolo à la mise en page "presse people". Signalons le Street Art à l'occasion de l'exposition qui aura lieu au parc de la Villette du 21 septembre au 15 décembre ; et Les vraies histoires de l'art, ou l'histoire des tableaux racontée en BD. Yves Klein de David Moquay initie les 5-7 ans au célèbre bleu... en attendant 2012, et la commémoration des 50 ans de la disparition du peintre (BJZ & Cie). Les éditions du Centre Pompidou lancent de leur côté "C'est tout un art !", une collection de cahiers d'activités. Alain Korkos raconte des Petites histoires de chefs-d'oeuvre (La Martinière Jeunesse). Et Nathan, sur le modèle de Fashion Book, invite les jeunes à créer Mon book d'artiste et apprend à compter aux plus petits avec Mes 10 premiers tableaux de Marie Sellier. De quoi composer de belles vitrines.

"On souffle dans le micro, on incline l'objet, on touche l'écran..."

 

Gallimard Jeunesse a lancé en juillet ses premières applications jeunesse pour l'iPad : Les trois petits cochons dans la collection "Contes illustrés" et La coccinelle dans "Mes premières découvertes". A l'automne paraîtront Cendrillon et La forêt. Rencontre avec Hedwige Pasquet, directrice de Gallimard Jeunesse, autour des nouvelles technologies.

 

Livres Hebdo - De quelle façon Gallimard Jeunesse a-t-il choisi d'être présent sur le numérique ?

L'App « Mes premières découvertes » expliquée par Hedwige Pasquet : la coccinelle naît d'une larve, change de couleur, s'envole, mange des pucerons...- Photo OLIVIER DION

Hedwige Pasquier - Gallimard Jeunesse se doit d'innover - nous fêterons les 40 ans de la maison en 2012 - et nous avons pris le parti d'investir d'emblée dans des développements importants. Le numérique est un outil extraordinaire qui permet de faire beaucoup de choses mais qu'il faut aborder globalement. Il reste cependant pour nous complémentaire du papier, et nous le développons au même titre que l'audiovisuel. Nous lançons en numérique des lignes thématiques, des "Contes illustrés" avec la jeune start-up britannique Nosy Crow, des titres issus de la collection "Mes premières découvertes", et nous nous ouvrirons cet automne à la bande dessinée. Au contraire de "Mes premières découvertes", les "Contes illustrés" paraissent directement en numérique et ne s'appuient pas sur des livres du fonds. Rien ne nous empêche de proposer ensuite des ouvrages directement issus de ces applications.

Pourquoi avez-vous privilégié l'iPad ?

Conçue par Nosy Crow avec Gallimard Jeunesse, l'App consacrée à l'histoire des Trois petits cochons exploite toutes les possibilités du support : l'enfant souffle dans le micro pour que s'envole le toit de paille de la maison, fait faire un

L'iPad nous autorise à aller encore plus loin dans notre relation avec l'enfant. La technologie de l'iPad permet d'introduire du son, de la vidéo et une interactivité - on souffle dans le micro, on incline l'objet, on touche l'écran - qui convient tout à fait à ce qu'on veut transmettre à notre jeune public. Nous avons conçu des Apps pour l'iPad, l'iPod et l'iPhone. Celles de "Mes premières découvertes", que nous développons en interne, seront aussi utilisables par les tablettes sous Android. Ces développements ont encore des coûts élevés, mais ça ne devrait pas durer : peut-être les matériels finiront-ils par être compatibles entre eux.

Comment se passe le partenariat avec Nosy Crow ?

Sa fondatrice, Kate Wilson, a dirigé Scholastic UK et MacMillan en Angleterre, avec lesquels nous travaillons depuis longtemps dans l'édition traditionnelle, et elle possède une solide culture du livre pour la jeunesse. D'ailleurs, elle n'abandonne pas le support papier et prépare parallèlement des albums. Avec les "Contes illustrés", elle a réussi une application de qualité, riche d'une centaine d'animations. Comme l'éditeur allemand Carlsen, nous en sommes partenaires financièrement, tandis que la filiale américaine de Walker Books, Candlewick, se contente de les diffuser aux Etats-Unis. Nous participons à la conception du produit et nous possédons les droits de diffusion de la langue française. Nous renouons ainsi avec les pratiques de la coédition.

Comment avez-vous procédé pour "Mes premières découvertes" ?

Pour "Mes premières découvertes", nous capitalisons sur le matériel existant dans les livres - images, textes, informations - et nous utilisons les animations comme pour une série animée. Rien n'est encore signé, mais nous avons contacté les éditeurs étrangers avec lesquels nous avons travaillé depuis 1989 pour la collection papier.

Publiez-vous par ailleurs des titres numériques ? Qu'en est-il d'Harry Potter ?

Nous avons entre 12 et 15 titres numériques au catalogue, disponibles sur la plateforme Eden dans les deux formats PDF et ePub, vendus 15 % et 20 % moins cher que la version papier. Nous allons systématiser dès les prochaines semaines sur ce support la publication des nouveautés en grand format (quand on en possède les droits), tout en proposant les titres du fonds en poche. Nous n'avons pas les droits numériques d'Harry Potter. C'est le site Pottermore qui vendra la version française numérique, mais il n'ouvrira réellement qu'en octobre. Nous communiquerons à ce moment-là.

Plus globalement, comment utilisez-vous Internet ? Développez-vous toujours des sites dédiés ?

Les sites, les blogs (notamment Onlitplusfort.fr pour les adolescents), les réseaux sociaux, Twitter, Facebook font partie de notre communication. Nous avons entièrement refondu en juillet le site Gallimard Jeunesse, qui accueille désormais les sites dédiés. Il est conçu par tranches d'âge, avec un moteur de recherche très pointu, des vidéos sur les auteurs et des univers autour des personnages phares du catalogue comme Le Petit Prince, les Drôles de petites bêtes, Pénélope. Face à une production toujours plus importante, les parents ont du mal à se repérer, et nous devons les accompagner dans leur choix. Le Net permet une réactivité beaucoup plus importante, loin de la lourdeur du catalogue papier dont on devait attendre la réimpression : on peut en permanence présenter les nouveautés, ajouter des informations, dialoguer avec nos lecteurs.

La guerre des boutons aura bien lieu

 

La compétition s'annonce âpre entre les deux films adaptés de La guerre des boutons, le classique de Louis Pergaud.

 

Choc unique dans l'histoire du cinéma français : en septembre sortent en salle deux adaptations de La guerre des boutons, le célèbre roman de Louis Pergaud, tombé dans le domaine public fin septembre 2010. Et pour corser l'affaire, Gaumont ressort en salle le 12 octobre une copie remastérisée du célèbre film d'Yves Robert, tourné en 1962.

CASTINGS SOLIDES

En septembre, duel en salles entre La guerre des boutons et La nouvelle guerre des boutons... auxquels s'ajoutera, le mois suivant, la sortie d'une version remasterisée du classique d'Yves Robert.

Première à entrer en piste, le 14 septembre, la réalisation signée Yann Samuell, avec Alain Chabat, Eric Elmosnino, Fred Testot et Mathilde Seigner. Même casting solide pour le film de Christophe Baratier, encore auréolé du triomphe des Choristes, en salle le 21 septembre : La nouvelle guerre des boutons, titre finalement choisi, réunit Kad Merad, Gérard Juniot, Laetitia Casta et Guillaume Canet. Et bien sûr, dans les deux cas, des hordes d'enfants sont là, car ce sont les vrais héros du roman. La lutte risque d'être âpre dans la promotion et au box-office. Elle devrait être aussi sensible sur les tables des librairies, car les nouvelles adaptations cinématographiques coïncident avec la tombée dans le domaine public du roman publié en 1912 au Mercure de France. Si plusieurs éditeurs ont inscrit le classique de Louis Pergaud dans leur catalogue (voir encadré ci-dessous), deux apparaissent principalement dans les rôles des clans rivaux du roman, les Longevernes et les Velrans : Gallimard et Hachette. Pour Gallimard, maison mère du Mercure, La guerre des boutons est tout naturellement dans le fonds de "Folio" : 1,5 million d'exemplaires en ont été vendus depuis la création de "Folio" en 1972, dans la version classique et en "Folio junior" (le livre est aussi disponible en "1 000 soleils"). Pour les remises en place liées à l'événement cinématographique, l'éditeur a décidé d'illustrer la couverture des 25 000 rééditions d'une photo extraite du film de Yann Samuell : "On a pu lire le scénario, il est très fidèle au roman", dit-on dans la maison. Chez Hachette, on a engagé un partenariat avec l'équipe du film de Christophe Baratier : le texte intégral est chez LGF (20 000 exemplaires au départ), une édition abrégée au Livre de poche Jeunesse (30 000 exemplaires), ainsi qu'un grand format proposant la novélisation et des photos du film (15 000 exemplaires). Il s'agit bien de novélisation, car Christophe Baratier a pris quelques libertés avec le texte et a notamment choisi de situer son action en 1945, en intégrant des faits totalement liés à cette période. "FiIm ou pas film, nous aurions de toute manière publié La guerre des boutons », dit-on au Livre de poche. Trois textes et des notes de l'auteur et de l'éditeur complètent l'édition classique.

PRIX GONCOURT 1910

On peut parier que Louis Pergaud n'a jamais imaginé qu'au XXIe siècle il serait au coeur de tels enjeux. La vie et l'oeuvre de cet instituteur de Franche-Comté, épris de poésie, passe aujourd'hui derrière la célébrité de son roman. On a même oublié qu'il a obtenu le prix Goncourt en 1910 pour De Goupil à Margot. Et même si les oeuvres de cet écrivain à la très brève carrière (il est mort au champ d'honneur en 1915) sont disponibles en "Folio", il reste un auteur emblématique du Mercure de France. Alors qui gagnera, de Christophe Baratier ou Yann Samuell ? Finalement, qu'importe. La sortie conjointe des deux films va permettre de découvrir ou redécouvrir un texte très moderne, vif et drôle, souvent rabelaisien, qui n'a pas uniquement sa place au rayon jeunesse.

"Quand on adapte, on est un peu assis sur un coussin"

Après avoir réalisé quatre films, Yann Samuell s'attaque à un classique de la littérature et du cinéma, La guerre des boutons. Et se prépare à affronter la sortie presque simultanée du film de Christophe Baratier.

Pourquoi avez-vous accepté ce projet ?

Pour le réalisateur Yann Samuell, après Jeux d'enfants en 2003 et L'âge de raison en 2010, il s'agit du troisième film parlant de la jeunesse.- Photo UGC DISTRIBUTION

Lorsque le producteur Marc de Pontavice me l'a proposé il y a deux ans, j'ai réservé ma réponse, mais après lecture, je me suis dit que c'était une évidence. J'ai déjà réalisé trois films qui parlaient de l'enfance, mais du point de vue des adultes. Ici, c'est différent, c'est l'enfance par l'enfance. C'est une écriture très moderne, et il y a une universalité derrière tout ça. Je l'ai d'ailleurs vérifié auprès de mes propres enfants !

Vous avez choisi de situer votre film à la toute fin des années 1950. Pourquoi ne pas avoir carrément transposé l'action de nos jours... ou en 1912, année de parution du roman ?

Il y a encore, au début des années 1960, toute une imagerie de l'enfance qui n'existe plus aujourd'hui. Et puis je voulais mettre en abîme cette guerre des boutons avec une autre guerre, celle de l'indépendance de l'Algérie. A côté de cela, j'ai gardé tout le côté "réac", mais j'ai développé certains personnages, comme celui de Marie, la soeur du personnage de Tintin, sorte de trublion qui essaie d'entrer dans le clan, et qui annonce une forme de féminisme.

Quand avez-vous appris que Thomas Langmann et Christophe Baratier travaillaient sur le même projet ?

D'abord j'ai cru que c'était une blague, mais en janvier j'ai vraiment su qu'ils travaillaient dessus. Non seulement ils ne m'ont pas appelé, mais ils ont tout fait pour faire capoter mon projet. On entre dans des domaines qui dépassent l'entendement... Je sors en premier, il me reste au moins ça !

On ne pourra pas s'empêcher de comparer votre adaptation à celle, mythique, qu'Yves Robert a réalisée en 1962. Etes-vous prêt ?

Avant de prendre ma décision, j'ai commencé par appeler Danièle Delorme, détentrice des droits du film d'Yves Robert, pour lui dire que je pensais que l'on pouvait faire un autre film. J'ai simplement essayé de retrouver le côté frais, naturel et authentique de l'adaptation de 1962.

Préférez-vous adapter un roman ou travailler sur des scénarios originaux ?

Ce sont deux expériences très différentes que j'apprécie également. Quand on adapte, on est un peu assis sur un coussin, on adapte ce qu'on aime, même si on se sent investi d'une mission ! Là j'ai tourné en Angleterre The Great Ghost Rescue, d'après un roman pour enfants d'Eva Ibbotson, et je viens d'adapter Nos séparations de David Foenkinos, que je tourne l'année prochaine.

17.06 2021

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