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La Boutique du lieu investit les musées

La boutique du musée du Louvre-Lens.

La Boutique du lieu investit les musées

En neuf ans, la jeune société spécialisée dans la gestion déléguée de librairies de musées d’art a obtenu huit concessions. Elle compte plus que doubler son périmètre d’ici à cinq ans.

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Par Clarisse Normand
Créé le 10.06.2016 à 02h30 ,
Mis à jour le 10.06.2016 à 10h45

Depuis un mois, La Boutique du lieu compte deux librairies de plus : dans le Centre Pompidou-Metz et au palais des Beaux-Arts de La Boverie, à Liège, en Belgique. "Nous avons obtenu la gestion de la boutique de Metz à l’occasion du renouvellement de la concession initialement attribuée à Flammarion, et celle de Liège dans le cadre de l’ouverture d’un centre international d’art et de culture", explique Thibault Catrice, président et actionnaire à 98 % de la société qu’il a créée en 2007.

Spécialisée dans la gestion déléguée de librairies de musées d’art, La Boutique du lieu compte désormais huit points de vente en marque blanche avec une offre largement centrée sur le livre. "Sur les 2,3 millions d’euros de chiffre d’affaires pour notre exercice clos le 31 janvier 2016, 65 % ont été réalisés avec le livre", assure Thibault Catrice, qui revendique une clientèle à 80 % locale. Ce P-DG de 47 ans, volontiers disert, poursuit : "Notre spécificité est de nous installer en province, sur des petites et moyennes surfaces où nous ne cherchons pas à présenter une offre exhaustive sur un sujet, mais plutôt une sélection, avec du fonds, faisant écho à une expérience et un contenu créés par une institution culturelle. Dès lors, chacune de nos boutiques est conçue sur mesure en fonction du lieu où elle est installée." Saluant la démarche, Marc Alexis Baranes, directeur commercial et marketing des éditions d’art Somogy, note aussi "le professionnalisme" de Thibault Catrice : "C’est quelqu’un qui sait faire des choix et prendre des risques dans ses achats, tout en étant un excellent gestionnaire."

 

Activité erratique

Fort de son expérience anglaise à l’université de Cambridge où il a dirigé un musée d’art, Thibault Catrice apprécie la spécificité du public français qui a pris l’habitude, après sa visite au musée, de s’arrêter dans la boutique située à la sortie. "Les achats qui y sont faits sont des achats d’impulsion", observe ce diplômé de l’Edhec de Lille et de la London School of Economics, qui a débuté sa carrière à la Réunion des musées nationaux (RMN) où il a travaillé huit ans. Pour autant, l’économie des boutiques de musées est conditionnée par l’attractivité des institutions où elles sont installées et des expositions qui y ont lieu. "L’activité est très erratique, confirme le P-DG de La Boutique du lieu. Le chiffre d’affaires annuel moyen d’une boutique peut tripler certaines années. Au musée de Villeneuve-d’Ascq qui a accueilli l’exposition "Amedeo Modigliani. L’œil intérieur" de mars à mai, chaque mois s’est soldé par un chiffre d’affaires équivalent à celui d’une année normale !" Face à ces écarts d’activité, poursuit celui qui emploie aujourd’hui l’équivalent de 24 temps pleins, "notre modèle économique nécessite des coûts fixes peu élevés. D’autant que nous finançons nos investissements de développement sur nos fonds propres." Bénéficiant du désengagement de la RMN en région, La Boutique du lieu, qui a déjà repris certaines concessions qu’avait cette dernière à Lille, Villeneuve-d’Ascq et Nancy, envisage d’étoffer de 2 à 3 points de vente par an son périmètre sur les cinq prochaines années. "Nous répondons à des appels d’offres et entrons parfois en concurrence avec des spécialisés, comme la RMN, Flammarion, Arteum, mais aussi des grandes librairies locales. A Rouen, L’Armitière a obtenu la concession de la librairie du musée des Beaux-Arts ; à Montpellier, Sauramps celle du musée Fabre…" Mais Thibault Catrice travaille aussi à la mise en ligne de ses boutiques "avec des sites propres à chacune permettant de garder la mémoire de ce qui s’y est passé et de valoriser le travail de sélection des équipes".

Indépendant de toute activité éditoriale, "du moins pour l’instant", l’entrepreneur croit au potentiel du livre et au créneau qu’il s’est choisi et qu’il estime porté par "la multiplication des expositions dans les musées".

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