Le CRPE porté par la réforme et les reconversions

"Nous avons fait en sorte que nos ouvrages soient en adéquation avec les nouveaux programmes de la rentrée." Valérie Perthué, Hatier - Photo Olivier Dion

Le CRPE porté par la réforme et les reconversions

L’évolution des programmes et l’augmentation du nombre de candidats au concours de recrutement de professeur des écoles permettent au secteur de se maintenir.

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Par Charles Knappek
avec Créé le 13.01.2017 à 00h32

Réformé en 2013, le concours de recrutement de professeur des écoles (CRPE) a fait les beaux jours des éditeurs. Il a perdu en dynamisme à mesure que s’estompait l’effet de nouveauté et que s’installait le marché de l’occasion et, au premier semestre 2016, la morosité était de mise parmi les éditeurs.

Mais ces derniers reprennent des couleurs depuis l’entrée en vigueur en septembre des nouveaux programmes scolaires. Si le concours en tant que tel reste sur sa matrice de 2013, les programmes enseignés aux élèves ont eux évolué et ont nécessité la refonte intégrale des ouvrages préparant au CRPE, avec un effet immédiat sur les ventes. Hatier, le numéro un historique, est passé de 27 % à 33 % de parts de marché en un an. "Nous avons fait en sorte que nos ouvrages soient en adéquation avec les nouveaux programmes de la rentrée. Ils progressent tous très bien", se félicite Valérie Perthué, directrice éditoriale.

Refontes et innovations

L’effet de seuil très net par rapport au premier semestre bénéficie à tous, et ce d’autant plus que si le nombre de postes proposés pour la session 2017 est resté stable (13 031), le nombre de candidats a pour sa part augmenté de 5 % avec 86 409 inscrits. "Depuis septembre, ce sont les candidats préparant le concours de 2017 qui achètent, ils veulent des manuels à jour du nouveau programme scolaire", confirme Patrick Gonidou, directeur éditorial du département sciences et concours chez Nathan.

Cette dynamique incite les éditeurs à innover : Vuibert a lancé en septembre une nouvelle offre avec deux manuels qui traitent de leur discipline en un seul volume, l’un en mathématiques, l’autre en français. "Avec ces deux titres, nous sommes en rupture par rapport à ce que nous proposons dans nos collections "Admis" et "100 % efficace" où nos livres marchent bien, mais ont un potentiel de prescription faible", explique François Cohen, directeur général de Vuibert. Avec ce concept, l’éditeur confie avoir voulu "franchir un cap". "Nous proposons à la fois les connaissances à acquérir et la manière de les transmettre dans un même ouvrage. C’est plus ergonomique pour les élèves", détaille-t-il. Le concept pourrait-il être étendu aux autres matières du CRPE ? Sans doute, mais pas avant la rentrée 2017 et l’éditeur "ignore encore sous quelle forme".

Hachette a renforcé son offre en développant une série "Entraînement" en maths et en français au sein de sa grande collection "Objectif CRPE". Selon Cécile Labro, directrice des départements parascolaire, enseignement supérieur et pédagogie chez Hachette Supérieur, ces nouveautés "démarrent très bien". Chez Dunod, le directeur éditorial classes préparatoires et concours, Eric d’Engenières, signale lui aussi une progression du chiffre d’affaires sur le CRPE, malgré un "certain encombrement du marché". L’éditeur a mis à jour ses titres, refondu ses couvertures et adopté de nouveaux codes couleur. Pour Patrick Gonidou, directeur éditorial chez Nathan, plusieurs facteurs expliquent ce regain d’intérêt pour le CRPE : "C’est devenu le concours de la reconversion pour un grand nombre de candidats qui, passé la quarantaine, quittent leur emploi pour se lancer dans l’enseignement." De fait, selon un récent rapport rendu par le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire), 25 % des admis au CRPE en 2015 étaient des salariés du public et du privé, ou des demandeurs d’emploi. Hors demandeurs d’emploi, les salariés représentaient 15 % des admis, contre 8,4 % dix ans plus tôt. Ce public, plus expérimenté et plus mûr, n’hésiterait pas à aborder le concours avec une certaine dose de second degré, au point d’expérimenter le CRPE : tout-en-un pour les nuls chez First. "Il y a un côté dédramatisation dans le fait d’utiliser les "Nuls" pour préparer un concours qui plaît sans doute aux candidats plus mûrs, précise Laure-Hélène Accaoui, l'éditrice responsable des concours chez First. Mais nos contenus sont référents et nous savons que nous touchons aussi les jeunes étudiants." d

13.01 2017

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