L’enfance au cœur des premiers romans

L’enfance au cœur des premiers romans

Les cicatrices et les traumatismes de l’enfance mais aussi ses joies inspirent de nombreux primo-romanciers. Une thématique qui s’accompagne souvent d’une réflexion sur la famille et le milieu social.

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avec Créé le 15.04.2015 à 23h36 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Cette année, les éditeurs publient davantage de premiers romans français que l’hiver dernier. On en compte 60 pour janvier et février 2014, contre 45 début 2013. La grande majorité des maisons d’édition publie un seul premier roman. Comme l’année dernière, Gallimard fait exception en en publiant quatre. Seules sept maisons en proposent deux : Albin Michel, Allary, Daphnis et Chloé, La Différence, Le Manuscrit, Naïve et Seuil.

De tout âge et de tout métier.

La parité n’est toujours pas atteinte mais on s’en approche. On compte 28 romancières pour 32 romanciers. Le doyen, Michel Deutsch, metteur en scène et scénariste, a 65 ans, et le benjamin, Edouard Louis, étudiant en philosophie et en sociologie à l’Ecole normale supérieure, 22 ans. Presque la moitié des primo-romanciers (49 %) ont plus de 40 ans. Côté personnalités, Denis Podalydès, acteur de théâtre et de cinéma et metteur en scène, publie son premier roman. Il avait obtenu le prix Femina essai en 2008 pour son recueil Voix off (Mercure de France). Un autre acteur se lance dans la fiction romanesque, Manuel Blanc, César du Meilleur espoir masculin en 1992 pour son rôle dans J’embrasse pas d’André Téchiné.

Beaucoup d’auteurs ont des professions inattendues, notamment dans le domaine des sciences et de la médecine. Jean-Robert Lépan est chirurgien, Manon Launay interne en pharmacie hospitalière, et Florence Charrier est psychanalyste. On compte aussi une mathématicienne, Michèle Audin, un ingénieur, Laurent Ladouari, un polytechnicien et entrepreneur, Philippe Hayat, et un architecte, Didier Laroque. Autres profils inhabituels : Philippe Marchandise, juriste et directeur des affaires publiques d’une grande entreprise, et Frédéric Doré, diplomate. A noter également la publication des premiers romans de deux étudiants : Edouard Louis et Thomas Dietrich.

Autour de l’enfance.

Le thème de l’enfance inspire nombre d’auteurs. Dans Ocean park, Ludovic Debeurme, plus connu comme dessinateur pour ses albums parus chez Cornélius ou Futuropolis, met en scène deux frères, qui, à peine sortis de l’enfance, ont été abandonnés par leurs parents (Alma). C’est aussi l’histoire de deux frères, des jumeaux, que raconte Mathieu Tazo dans La dynamique des fluides (Daphnis et Chloé). Rescapés d’un accident d’avion où leurs parents ont péri, et séparés juste après, ils se retrouvent vingt ans plus tard. Dans Crache les cuisses, Benoît Sourty met en scène une femme qui reçoit une déclaration d’amour anonyme (Fayard). Son enquête provoquera des réminiscences de son enfance. Une adolescente de 13 ans traînait son enfance brisée avant de tomber amoureuse d’un homme deux fois plus âgé qu’elle dans Et au pire, on se mariera de Sophie Bienvenu (Noir sur blanc). Le jour de l’enterrement de son mari, une vieille dame engage une conversation imaginaire avec son amie d’enfance, avec qui elle a vécu la montée du fascisme, dans Les conversations d’Anna Lisbeth Marek (Phébus). Dans Mon numéro dans le désordre de Guillaume Fédou, un jeune journaliste offre à sa mère en dépression, dont il est sous l’emprise, le voyage à New York qu’ils devaient faire quand leur famille était encore unie (Léo Scheer).

Le poids de la famille.

Cette réflexion autour de l’enfance se fond souvent dans une autre, plus vaste, sur la famille et le milieu social. Dans Martin de La Brochette, Thierry Des Ouches raconte l’histoire d’un garçon de bonne famille, antithèse de ses frères et sœurs, qui est surnommé depuis son enfance « P’tit Boudin » (Daphnis et Chloé). Cette question de conformité aux conventions sociales est aussi abordée dans En finir avec Eddy Bellegueule d’Edouard Louis (Seuil). La manière de se tenir, l’élocution et la délicatesse du héros, élevé dans une famille ouvrière, sont moquées par ses camarades de classe mais aussi par ses parents. Lui-même va s’interroger sur cette homosexualité dont on le taxe. Dans Bien-aimé Tchebychev, Caroline Renédebon raconte l’histoire d’une famille, qui sur sept décennies, relève successivement de différents milieux sociaux (La Différence). Enfin, l’adolescente héroïne de La légèreté d’Emmanuelle Richard, en vacances sur l’île de Ré, a honte de ses parents aux origines sociales modestes (L’Olivier).

Les femmes occupent une grande place dans plusieurs romans. Elles sont tour à tour fruits du désir (Paris est un rêve érotique de Thibault Malfoy, Grasset), grand amour (Dans ton corps de Francis Métivier, Le Passeur), victimes de violences conjugales (A l’instant précis où les destins s’entremêlent d’Angélique Barberat, Michel Lafon) ou d’un passé douloureux (Zone d’amour prioritaire d’Alexandra Badea, L’Arche ; Et elles passèrent sur l’autre rive de Françoise Landrot, Béatitudes), trompées ou maîtresses (Le secret de Diane de Jean-Robert Lépan, Nouvelles Plumes ; Un temps égaré de Marie-Laure de Cazotte, Albin Michel ; Les fidélités de Diane Brasseur, Allary ). M. Q.

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