Belgique

Les auteurs belges demandent d'urgence l'abolition de la tabelle

La Bibliothèque royale de Belgique - Photo DR Flickr

Les auteurs belges demandent d'urgence l'abolition de la tabelle

Dans une tribune publiée par La libre Belgique, 70 auteurs dénoncent le surcoût de 15% sur les livres français importés et distribués par Hachette Livre et Editis 

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Par Hervé Hugueny
Créé le 14.04.2015 à 20h38

"Nous, auteurs belges dont certains publiés en France, nous ne comprenons pas pourquoi nos livres, comme tous ceux des écrivains du monde entier, se vendent plus cher à Bruxelles, Liège, Namur ou Charleroi qu’à Paris, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg ou Marseille" protestent 70 auteurs signataires d'une tribune contre la tabelle publiée dans La libre Belgique.

"Imaginée à l’origine par les distributeurs de livres pour couvrir les frais de douane et les risques de fluctuation du change entre les francs belge et français, cette tabelle a perdu toute raison d’être depuis la création du grand marché européen et la naissance en 2002 de la monnaie commune, l’euro" expliquent-ils.

Elle ajoute un surcoût d'environ 15% aux prix français et n'est plus appliquée que par Hachette Livre et Editis, via leurs filiales d'importation et de diffusion-distribution, Dilibel d'une part et Interforum Belgique d'autre part, dont les services justifient maintenant cette surcharge. Les deux groupes "représentent plus de 60 % de ce marché. Et ce nombre pourrait bientôt se trouver augmenté par le rachat du distributeur Volumen par le groupe Editis" s'inquiètent les signataires. Le groupe La Martinière n'applique en effet plus cette tabelle depuis plusieurs années.

"Certains groupes tels Gallimard, Actes Sud ou Flammarion n’imposent fort heureusement pas cette distribution exclusive pour la Belgique (...) Pour leurs ouvrages, le libraire peut passer commande directement auprès du distributeur français, évitant ainsi d’infliger à son client le surcoût de la tabelle" précisent les signataires, ajoutant qu'elle n'entre "évidemment pas dans le calcul des droits des auteurs, fortement lésés dans l’opération".

Alain Berenboom, Philippe Geluck, Benoît Peeters, François Schuiten, Jean-Philippe Toussaint, font notamment partie des 70 premiers signataires de cette tribune, qui ne manque pas de souligner un "absurde paradoxe : le lecteur bruxellois payera-t-il plus cher un livre d’un auteur belge alors qu’il est à moins d’une heure trente de Paris que le lecteur toulousain qui mettra six heures pour rejoindre la capitale".
 
Les auteurs rappellent aussi que "la Belgique est un des derniers pays européens à ne pas avoir adopté une loi réglementant le prix du livre, situation qui favorise le discount sauvage et les grandes surfaces alors que, pour l’essentiel, ce sont les libraires qui assurent la présence continue de nos livres sur leurs tables et dans leurs rayons". "C’est pour ces raisons que nous demandons que d’urgence soit abolie la tabelle" concluent-ils.

Dilibel, filiale belge du groupe Hachette, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 48,6 millions d'euros, en repli de 2%, et un bénéfice avant impôt de 1,3 million d'euros, contre 4 millions d'euros l'année précédente, en raison d'une provision importante pour risque client, selon le dernier bilan publié. Chapitre, qui comptait six librairies en Belgique, avait annoncé sa mise en liquidation en 2013. Dilibel emploie 75 personnes.
 
Interforum Benelux a réalisé pour sa part un chiffre d'affaires de 28,9 millions d'euros en 2013, en baisse de 5,6%, mais le bénéfice avant impôt a progressé de 19,8%, en raison d'un meilleur contrôle des coûts, selon le bilan. Le distributeur-diffuseur a toutefois connu une année 2014 moins favorable (comptes non encore publiés), en raison de la fin du contrat avec l'Ecole des loisirs, qui représentait un chiffre d'affaires d'environ un million d'euros. Interforum Bénélux emploie 62 personnes.

Dans les deux cas, ces résultats dépendent notamment des prix de transferts internes pour les achats de livres, qui représentent 78,5% du chiffre d'affaires.

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