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Librairie : La Page s’agrandit à Londres

Sébastien Détré, libraire, et Isabelle Claret Lemarchand, propriétaire de La Page. - Photo dr

Librairie : La Page s’agrandit à Londres

La plus ancienne librairie francophone de Londres double sa surface et veut devenir davantage un lieu de vie et de rencontres.

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Par Clarisse Normand
avec Créé le 15.04.2015 à 20h04

J’y crois !" lance Isabelle Claret Lemarchand, qui a racheté La Page à Londres en 2008 et s’apprête à en doubler la surface. Installée en plein cœur du très joli quartier français de la capitale, face au lycée Charles-de-Gaulle, sur Harrington Road, la librairie généraliste francophone passera, mi-avril, de 90 m2 à 190 m2, grâce à la reprise du local adjacent qui accueillait un restaurant de sushis. Métamorphosée, La Page va développer l’ensemble de son offre sur ses deux niveaux, en rez-de-chaussée et en sous-sol.

Ainsi le livre, qui représente 75 % de son activité, va voir l’ensemble de ses rayons existants augmenter et va en intégrer de nouveaux, à commencer par les documents d’actualité. De 7 000, le nombre de références passera à 12 000. Par ailleurs, à côté de son offre en papeterie scolaire, jeux et presse française, elle va ajouter de la papeterie de luxe et, à cette occasion, devenir grossiste de la marque Clairefontaine à Londres. Dans le même temps, deux embauches sont programmées, portant à cinq le nombre de pleins-temps, dont un libraire confirmé, Sébastien Détré, arrivé en septembre après une expérience de douze ans dans les librairies Fontaine à Paris. "Je fais un pari sur l’avenir, mais je suis persuadée que l’on peut faire encore mieux pour répondre à la demande", estime la dynamique gérante de 37 ans qui a dû batailler ferme pour reprendre le bail adjacent.

Promouvoir la culture française

Ayant financé son agrandissement en partie sur fonds propres et en partie grâce un emprunt bancaire, elle espère doubler son chiffre d’affaires à moyen terme. L’objectif est ambitieux, mais le chemin parcouru par la librairie depuis sa reprise plaide en faveur de cette autodidacte qui a vite appris le métier. Forte de diverses expériences professionnelles, notamment comme responsable d’une société de papeterie en franchise, Isabelle Claret Lemarchand, venue à Londres pour suivre son compagnon, aujourd’hui devenu son mari, a donné un sérieux coup de jeune à la plus ancienne librairie francophone de Londres, créée en 1978 par un Britannique ne parlant pas français. "Dès que j’ai repris La Page, j’ai voulu y mettre ma patte. Avec quelques coups de peinture, l’assainissement du stock et l’embauche d’une salariée, on est tout d’un coup devenu, dans l’esprit des gens, une librairie jeune et sympa." Résultat, le point de vente, qui s’est aussi informatisé, a doublé en sept ans son chiffre d’affaires pour le porter à 450 000 £ (soit plus de 600 000 €). "Nous avons une clientèle fidèle qui dispose d’un fort pouvoir d’achat et qui dépense. Mais si les gens viennent chez nous, c’est aussi pour le lien social, pour les conseils… D’ailleurs, nous connaissons tous nos clients et nous savons exactement qui va acheter quoi."

Aujourd’hui, si Isabelle Claret Lemarchand croit au potentiel de développement de La Page, c’est aussi parce que, en Angleterre, "le livre français est une niche qui vaut pour sa capacité à rassembler une communauté. On est un peu comme le café du Commerce où les gens viennent se rencontrer ! C’est pourquoi on est ici moins exposé qu’un libraire anglais à la concurrence d’Internet et du numérique." Avec son agrandissement qui lui permettra de développer ses animations, La Page va aussi se démarquer davantage de ses rares concurrents locaux, à savoir une toute petite librairie francophone installée dans le quartier et la librairie European Bookshop, dotée d’un petit rayon de livres en français. Débordant d’idées et d’énergie, Isabelle Claret Lemarchand n’a d’ailleurs jamais hésité à se différencier en promouvant l’ensemble de la culture française : elle vend des billets pour des concerts d’artistes français, offre à ses clients, certains dimanches matin, une baguette de pain frais grâce à un partenariat avec une boulangerie.

Ayant rejoint depuis deux ans l’Association internationale des libraires francophones (AILF), elle entend bien, à l’avenir, œuvrer au développement de la présence du livre français non seulement à Londres, mais aussi en Angleterre, notamment en se déplaçant dans les écoles.

15.04 2015

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