Cet été, plus de 4 000 professionnels des bibliothèques venus du monde entier se sont retrouvés à Lyon pour le congrès de l’Ifla (International Federation of Library Associations). Pour le réseau des bibliothèques municipales lyonnaises, l’événement a été l’occasion de mettre les bouchées doubles pour concrétiser plusieurs des évolutions prévues dans leur projet d’établissement. "Le congrès a servi d’accélérateur et nous a donné une échéance", confirme Gilles Eboli, directeur du réseau des bibliothèques municipales de Lyon. Conformément aux grands axes du projet, qui place les usagers au centre de la réflexion, l’accent a été mis sur l’accueil, la création d’espaces conviviaux et sur le numérique. Deux sites ont été privilégiés : la bibliothèque centrale de la Part-Dieu et la médiathèque du Bachut, dans le 8e arrondissement de la ville, qui incarnent désormais les bibliothèques lyonnaises "nouvelle formule".
Fresques murales
A la Part-Dieu, le hall d’entrée a été transformé avec de nouveaux équipements et des fresques murales réalisées par des artistes. Les collections ont été réorganisées en grands pôles thématiques. Dans la réflexion sur son réaménagement, l’un des problèmes à résoudre était de faire vivre les immenses espaces de circulation très vides de ce bâtiment en béton des années 1970. Au deuxième étage, le département société et civilisation s’en sort plutôt bien : dans le hall, le visiteur découvre un "carré Actu" proposant la presse française et étrangère, et des canapés pour la consulter, ainsi qu’un bar à tablettes équipé de dix iPad avec également un accès à différents médias via leurs applications. Une bibliothèque éphémère offre une sélection de documents thématiques qui sera renouvelée tous les trimestres. La salle de lecture a été réaménagée avec le même mobilier qu’à la grande médiathèque centrale d’Amsterdam : des étagères basses aux formes arrondies et des fauteuils confortables.
A la médiathèque du Bachut, qui a rouvert ses portes le 19 août après quatre mois de travaux, les transformations ont également été importantes : les transactions ont été entièrement automatisées avec l’équipement des collections en RFID. Les prêts et retours se font sur des automates, ce qui a permis de repenser entièrement les missions d’accueil : la grande banque du rez-de-chaussée a été supprimée au profit de plusieurs postes différenciés : un bureau d’orientation en face de l’entrée, un autre pour les inscriptions, ainsi que des agents apportant leur aide pour l’utilisation des automates de prêt. "La posture des agents, debout ou installés à des petits comptoirs, crée une disponibilité et une proximité avec le public", explique Anne-Marie Rouge, responsable de la médiathèque du Bachut.
D’ici à 2017, toutes les bibliothèques du réseau seront progressivement restructurées et automatisées, et trois annexes verront le jour. "C’est très important, car je pense que l’un des problèmes du réseau de lecture publique en France est le manque d’équipements de proximité", affirme Gilles Eboli.
La grogne du réseau
Malgré ces avancées significatives, le travail qui reste à accomplir est considérable et les mutations ne vont pas sans heurts. Depuis septembre 2013, le réseau municipal a connu six actions de grève. Principaux motifs invoqués par la CGT, à l’origine des mouvements : la dégradation des conditions de travail ainsi qu’un manque de clarté et de dialogue concernant la mise en œuvre du projet d’établissement. Cet été, la grève a été évitée de justesse grâce à la signature, avant le début du congrès de l’Ifla, d’un accord entre la mairie et la CGT. Il prévoit en particulier la mise en place d’une équipe volante chargée de remplacer les absences de courte durée, et le déblocage de moyens financiers importants pour améliorer le parc informatique. De quoi calmer, au moins temporairement, la grogne. "Nous sommes très satisfaits de cet accord, admet Roland Hernandez, délégué syndical. Mais nous restons inquiets devant la perspective d’ouvrir de nouveaux établissements à effectifs constants."
