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Oliver Gallmeister : « La diffusion, outil indispensable pour l’indépendance »

Oliver Gallmeister, fondateur des éditions Gallmeister - Photo Jean-Marc Fiess

Oliver Gallmeister : « La diffusion, outil indispensable pour l’indépendance »

Diffusée par le CDE et distribuée par la Sodis depuis sa création en 2005, la maison indépendante Gallmeister va développer sa propre structure de diffusion, dénommée Sequoia, en partenariat avec Hachette Distribution à partir de 2025.

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Par Éric Dupuy
Créé le 21.03.2024 à 22h30

Les éditions indépendantes Gallmeister, qui publient quasi exclusivement des traductions et réalisent un chiffre d’affaires de près de 10 millions d’euros, vont créer leur propre outil de diffusion, dénommé Sequoia. Quittant le CDE pour la diffusion et la Sodis du groupe Madrigall pour nouer un partenariat avec Hachette Distribution à partir de 2025, le fondateur de la maison aux trois collections, Oliver Gallmeister, s’en explique à Livres Hebdo.

Lire : Les éditions Gallmeister créent leur propre diffusion

 

Livres Hebdo : Gallmeister va fêter ses 20 ans l’an prochain. Comment se porte votre maison ?

Oliver Gallmeister : Depuis la création de la maison en 2005, nous sommes en constante évolution : jusqu’en 2021 nous n’avons publié que de la littérature américaine, puis nous avons commencé à publier des auteurs étrangers non américains : norvégiens, anglais, allemands, italiens… Et en 2023, nous avons publié même notre premier auteur français : Alexandre Dumas, avec Le Comte de Monte Cristo dans la nouvelle collection Litera. Nous publions aujourd’hui une soixantaine de titres dans trois collections : Fiction pour les grands formats, Litera pour les classiques et Totem pour les poches, collection que nous avons lancée dès 2010. Nous sommes aujourd’hui à peu près la 10ème maison d’édition indépendante de littérature générale en France (selon le classement Livres Hebdo – GFK, ndlr) et nous réalisons près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires PPHT (Prix public hors taxes, ndlr), mais, surtout, nous restons une maison indépendante. J’ai toujours été très attaché à préserver cette indépendance, dès la création de la maison. Or quand on s’intéresse à l'histoire de l'édition en France, on remarque que deux outils sont indispensables pour qu’une maison puisse conserver son indépendance : le premier, c'est une collection Poche qui soit suffisamment développée pour faire vivre le fond de la maison (c’est le rôle de TOTEM), et le second est la maîtrise de sa diffusion. C’est pourquoi nous avons pris cette année la décision de lancer notre propre diffusion.

« Nous ressentons le besoin d’une force de vente uniquement dédiée à notre catalogue »

Après 19 ans au CDE, pourquoi créer sa propre diffusion ?

Depuis l’origine, Gallmeister entretient un lien très fort avec la librairie, nous avons trois personnes uniquement dédiées à la relation libraires, je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de maison d’édition avec un tel ratio. Nous participons chaque année à près de 150 rencontres non seulement en librairies, mais aussi en médiathèques, dans des festivals ou autres. Créer notre diffusion est le prolongement logique de la stratégie actuelle de surdiffusion qui a fait la force de la maison. Nous avons beaucoup de plaisir à travailler avec les équipes du CDE et du groupe Madrigall qui nous accompagnent depuis l’origine et font un travail absolument remarquable, mais la diffusion multi-éditeurs, c’est-à-dire la mutualisation d'une force de diffusion, ne nous convient plus. Nous ressentons le besoin d’une force de vente uniquement dédiée à notre catalogue, alors que les équipes du CDE représentent aujourd’hui une quarantaine d’éditeurs. Une équipe dédiée sera capable de faire du sur-mesure, de s’adapter aux attentes de chacun de nos clients. Bien entendu, j’ai conscience que cela constitue une prise de risque qui n'est pas négligeable, mais créer sa diffusion est un pari sur l’avenir : et je suis intimement persuadé qu’il y a encore beaucoup de belles choses à inventer et à développer dans le livre, je suis très optimiste à partir du moment où on se donne à fond. C'est à nous d'aller chercher les lecteurs, et c'est à nous d'aller expliquer notre travail aux libraires, et j'ai la chance d'avoir une équipe éditoriale et commerciale absolument remarquable, capable de faire ce travail.

Comment va s’organiser votre structure ?

Nous avons créé une structure de diffusion baptisée Sequoia, qui sera sous la responsabilité de Raoul Tixier, le directeur commercial de Gallmeister. Il sera assisté de Thibault Gendreau, responsable de la relation libraires. Notre force de vente sera constituée de cinq représentants exclusifs et d’un poste d’administration des ventes à recruter d’ici l’été. Sequoia a vocation à diffuser environ les trois-quarts de notre activité, le reste étant confié aux équipes d’Hachette Livre, qui assurera également la distribution de l’intégralité de nos ouvrages. Hachette prendra une participation minoritaire de 20% dans Sequoia. Les représentants de Sequoia se rendront en librairie dès le mois de septembre pour y présenter le programme du 1er trimestre 2025. Nous envisageons quatre tournées par an, contre cinq actuellement, mais, une fois encore, tout cela reste à définir au cas par cas. Notre contrat avec CDE prendra donc fin au 31 décembre 2024.

Sequoia aura-t-elle vocation à diffuser d’autres maisons ?

Cela ne fait pas du tout partie de notre projet, car cela reviendrait finalement à recréer un système multi-éditeurs auquel nous voulons justement échapper.

Qu’est-ce que cela va changer pour les libraires ?

Cela ne changera absolument rien et tout en même temps ! Mais une chose est certaine, aucune librairie n’y perdra, car nous pourrons définir au cas par cas nos conditions de ventes pour les libraires que nous visiterons directement. Les libraires qui seront visités par les équipes d’Hachette conserveront les mêmes conditions commerciales que celles qu’ils ont actuellement pour ce qui concerne Gallmeister. Outre ces aspects essentiels, les libraires pourront bénéficier d’une relation plus fluide, plus directe avec notre maison, ce qui permettra d’assainir les flux physiques en réduisant les retours notamment. Pour toutes ces raisons, je suis intimement persuadé qu’un cercle vertueux va s’enclencher.

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