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Reconversion : pourquoi j’ai quitté mon métier de bibliothécaire (2/2)

Fanny Guyomard

Reconversion : pourquoi j’ai quitté mon métier de bibliothécaire (2/2)

Ils étaient bibliothécaires municipaux et sont partis ailleurs. Quels ont été leurs cheminements, quelles ont été leurs déceptions ? De cette série en deux épisodes, ressort en creux les difficultés d’un métier-passion. Témoignages.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 25.01.2024 à 16h24

Pourquoi un bibliothécaire devrait quitter son métier ? Parce que le salaire est trop bas (voir encadré), avancent nombre d’entre eux. Comme Jean-Baptiste Moreau, qui a enchaîné les CDD payés au Smic jusqu’à ses 29 ans, à Paris, avant de bifurquer vers l’informatique, grâce aux développeurs qu’il rencontrait pour les logiciels de bibliothèque. « Autre point noir : le marché est bouché », balaie-t-il, bien que toujours amoureux « du milieu des bibliothécaires, et de leur rôle social, le côté “service public” ».

Un métier saturé ? Quand Magali Gibeau, alors bibliothécaire, a déménagé avec son mari dans une nouvelle ville, Bourges (Cher), « il n’y avait pas de poste de bibliothécaire de disponible ». Elle qui avait hésité, étudiante, entre le métier de bibliothécaire et celui de librairie, avait décliné le second « par peur de l’instabilité du salaire ». Une quinzaine d’années plus tard, la voilà libraire salariée. Et quatre ans plus tard, elle gagne sa liberté et crée sa propre boutique, Simone(S), en référence à Simone Weil, Simone de Beauvoir et Simone Veil. « J’aime mon indépendance, je mets la musique que je veux, je peux rire comme je veux, je ne suis freinée par personne et je peux mener les projets de mes rêves – essayer d’accueillir Titiou Lecoq et Mona Chollet cette année »… Le moins : le salaire. « Je me dégage mille euros, en travaillant beaucoup. Bibliothécaire, je gagnais un peu plus que le Smic. »

Gagner en indépendance

Être bibliothécaire titulaire est un statut confortable, car normalement assuré à vie. Mais certains préfèrent y renoncer. « La gestion des ressources humaines dans les collectivités territoriales se fait à la tête du client. Et il n’y a pas un élu qui s’intéresse à la bibliothèque. On est méprisés, on travaille dans des conditions lamentables. Les ordinateurs pour les publics mettent quarante minutes à s’allumer. Les bibliothécaires qui partent ne sont pas remplacés », estime une future ex-bibliothécaire qui souhaite rester anonyme.

Sa médiathèque a tout de même eu droit à une récente rénovation. « Mais elle a été rénovée parce qu’elle est au milieu de l’hôtel de ville, dont le maire l’a comprise dans un grand projet. La bibliothèque est donc belle, mais pas du tout fonctionnelle. Mais comme les bibliothécaires sont très motivés – on n’arrive pas à ce métier par hasard –, on se bouge et on fait avec des bouts de ficelle », s’anime la quinquagénaire, prête à tourner la page, « sans aigreur ».

Elle quittera la fonction publique seulement à salaire égal. Devenir illustratrice, autrice jeunesse… « Mais j’adore toujours mon métier », répète-t-elle. Comme l’acteur Gérard Hernandez, 91 ans, qui a d’abord été bibliothécaire et disait aimer ce métier, rapporte Femme actuelle. Problème : il « ne s’amusait pas ». Et sans doute a-t-il eu un meilleur salaire par la suite...

 

Lire : Reconversion : pourquoi j’ai quitté mon métier pour devenir bibliothécaire (1/2)

 

Quel est le salaire des bibliothécaires ?

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