Le projet de booktracking mené par le Syndicat national de l’édition (SNE) devrait connaître une avancée concrète d’ici la fin de l’année avec la constitution d’une structure commerciale dont les contours ont été présentés lors d’une réunion avec l’interprofession au ministère de la Culture le 9 mai dernier. Pour Livres Hebdo, Renaud Lefebvre, directeur général du SNE, donne les grandes lignes du projet entrepreneurial qui doit permettre le suivi quotidien des ventes de livres en France.
Livres Hebdo : Vous avez présenté un projet de structure commerciale pour opérer le suivi des ventes de livres au quotidien. Qu'attendez-vous de ce projet ?
Renaud Lefebvre : Nous avons en effet proposé un modus operandi avec plusieurs options pour satisfaire les objectifs de collecte, de traitement et de mise à disposition des données de ventes de livres. Il implique la participation de l’ensemble de l’interprofession, des libraires aux auteurs en passant par les distributeurs, les diffuseurs et les éditeurs. C’est un projet d’intérêt général pour la filière et, lors de la réunion de présentation au ministère de la Culture, nous avons pu échanger avec des représentants du Conseil permanent des écrivains, de la Ligue des auteurs professionnels, de la Fédération des éditions indépendantes, du Syndicat de la librairie française, du Cercle de la librairie, de Dilicom et du réseau Fnac, mais aussi d’Amazon. L’objectif est que chacun puisse faire valoir ses remarques et adhérer au projet. À l’issue de la réunion, nous avons constitué des groupes de travail thématiques sur l’architecture technique, les règles d’agrégation des données, le modèle économique…
« Principe fondamental de confidentialité »
Quel est le projet entrepreneurial, concrètement ?
C’est une structure commerciale de type SAS dotée du statut de société à mission. Comme son nom l’indique, ses missions sont définies par les statuts, et un comité est garant du respect et de la bonne conduite de ces missions. Ce comité sera interprofessionnel : auteurs-éditeurs-détaillants avec peut-être aussi les pouvoirs publics. Quant à la gouvernance de la société, elle sera classique avec un directoire ou un conseil d’administration, et à son capital, on retrouverait notamment le SNE, le Cercle de la librairie et Dilicom, mais ce n’est pas fermé.
Quelles seront les missions de la structure ?
L’objectif, c’est d’avoir un chiffre par jour et par titre. Avec ce service, on va permettre une amélioration de l’efficacité économique, de la performance environnementale de la filière via l’optimisation des tirages et donner une information sur les ventes quotidiennes à l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre, auteurs compris. Ceci avec un principe fondamental de confidentialité régissant une interface sur laquelle l’utilisateur n’a accès qu’aux données qui le concernent.
« Construire sur des dispositifs existants »
Avez-vous une idée du coût et du rendement de cette structure ?
C’est en cours de chiffrage pour l’investissement, mais notre objectif, c’est évidemment que la capacité de l’entreprise soit en capacité de s’autofinancer sur le moyen terme. L’idée, pour aller vite et être efficace, est de construire sur des dispositifs existants. C’est pourquoi Dilicom devrait jouer un rôle majeur. C’est un opérateur solide, qui a la confiance de l’ensemble de la chaine pour collecter et agréger les données de ventes. Ses recettes proviendront des contributions des bénéficiaires des données au sein de la filière mais également de la valorisation des données de marché qui seront proposées à des réutilisateurs.
Quel est votre calendrier ?
Nous souhaitons achever la définition détaillée du projet d’ici fin juillet, pour le mettre en œuvre à partir de la rentrée, et démarrer au premier semestre 2024.