La troisième et dernière vague d’offres organisée dans le cadre de la liquidation judiciaire de Chapitre a permis de sauver encore huit magasins de la fermeture. Il s’agit de ceux de Laval, Bergerac, Brive-la-Gaillarde, Sarreguemines, Châlons-en-Champagne, Saint-Louis, Colmar et Grenoble. Avec les 21 déjà repris depuis l’ouverture de la procédure et les cinq rachetés juste avant, ce sont 34 établissements, sur 57, qui ont finalement pu être sauvés, et 750 emplois maintenus. Parmi ces reprises, 11 sont soutenues par le Centre national du livre (CNL), via l’octroi de prêts pour 1,17 million d’euros. Aujourd’hui, les 8 dernières librairies cédées, auxquelles s’ajoute Biblioteca, société spécialisée dans la vente de livres aux collectivités, ont déjà fait l’objet d’un transfert de propriété. Ainsi, avec les magasins de Sarreguemines et de Châlons-en-Champagne, Albin Michel se retrouve à la tête de sept points de vente (1), tandis que Patrick Hourquebie, patron de l’enseigne culturelle Alice (à Arcachon et au Cap-Ferret), a acquis, avec le soutien d’investisseurs locaux, ceux de Brive et de Bergerac, qui restent indépendants juridiquement et retrouvent leur enseigne originelle, à savoir Les Trois Epis et Forum. Ironie du sort, Jörg Hagen, le président d’Actissia, maison mère de Chapitre, se retrouve impliqué dans le rachat de Biblioteca et de la librairie Arthaud de Grenoble via Césam, la société de Philippe Sylvestre (éditions Rue des Ecoles) dont il est administrateur. A Laval, Philippe Royer, à la tête d’une entreprise de contrôle laitier, s’est associé à Dominique Fredj, déjà aux manettes du Failler à Rennes, pour diriger la librairie rebaptisée Corneille avec une surface de vente ramenée de 1 600 m2 à 1 000 m2. Enfin, François Céard, propriétaire de Siloë à Gap, a repris le magasin de Colmar, rebaptisé de son nom initial, Ruc, tandis que Philippe Hosotte, un cadre de l’industrie chimique, a racheté celui de Saint-Louis.
En revanche, les 23 librairies qui n’ont pas trouvé repreneur ont tiré le rideau le 10 février au soir. Il reste toutefois pour ces dernières la possibilité d’une reprise dans le cadre d’une liquidation sèche, mais sans garantie ni du maintien du personnel ni de l’activité librairie. Dans ce cadre, huit points de vente ont déjà été occupés à l’appel de la CGT, qui espère faire pression sur Actissia pour obtenir "un plan de licenciements décent pour les 434 futurs chômeurs". Les premières discussions devraient débuter le 13 février.
Cécile Charonnat & Clarisse Normand
(1) Voir LH 980 du 10.1.2014, p. 18.