La montagne règne en silence, et puis un jour elle gronde. C'est l'avalanche. Elle jette un grand linge blanc sur ces skieurs qui étaient là au mauvais moment. Le drap de neige est le plus souvent un linceul. Rares sont ceux qui en réchappent. Pascal et Ferdinand, vieux amis médecins férus d'alpinisme, ont été surpris par « l'avalanche survenue cet hiver au val Vény », une des vallées du massif du Mont-Blanc. Leurs corps sont retrouvés intacts, ils sont héliportés à l'hôpital. On les installe d'urgence dans deux salles d'opération contiguës, équipées de consoles de circulations extracorporelles. L'anesthésiste est sceptique mais tente un nouveau traitement, « une expérience inédite. » Intimes du duo dans le coma, Éléonore et Lola espèrent. L'une est prof de maths dans un lycée au fond de la vallée et l'ancienne femme de Ferdinand ; l'autre, l'amoureuse de Pascal, s'est installée dans les Alpes après avoir fui un stage de médecine à Munich pesant, où tout le monde faisait sans cesse allusion à son héritage juif. Éléonore, parfois accompagnée de Lola, rend visite aux dormeurs. Elle croit distinguer des mouvements ténus du poignet et de l'index de l'un des « gisants ».

Pour Après l'avalanche, Arrigo Lessana a imaginé une intrigue tressée de liens anciens et de rapports subreptices entre les protagonistes et dissèque avec une certaine finesse les désirs et les peurs des uns et des autres. Grâce au protocole expérimental, les ensevelis du val Vény se réveillent. Le réveil est un éveil. Chacun recouvre lentement sa mémoire, et avec elle les souvenirs d'antan comme des doutes existentiels très contemporains. Pascal se rappelle ce cher grand-père, saltimbanque, à la fois séducteur et au caractère bourru. Ferdinand retrouve sa boussole affective un peu folle qui l'empêche d'avoir le bon positionnement vis-à-vis des femmes. Toujours la même « désorientation ». Lui revient le visage de sa fille Charlotte, sa colère noire contre ses aventures de « connard » dans les glaciers, sa maladie, le deuil... Cinquante ans ont passé. Pascal, devenu peintre, retourne à l'hôpital en tant que patient. L'occasion pour l'auteur d'Après l'avalanche de réunir le petit cercle des vacances à la montagne. Il signe, ce faisant, une réflexion subtile sur ce que met en branle le surgissement de la catastrophe au sein d'un groupe uni par l'amour et l'amitié.