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"Calibre ne constitue pas un changement dans ma stratégie de développement mais un coup d'accélérateur." BENOÎT VAILLANT, DIRECTEUR DE POLLEN- Photo OLIVIER DION

Décidée en avril, la liquidation amiable de Calibre débouche finalement sur la reprise par Pollen de l'activité de la plateforme de distribution des très petits éditeurs créée en 2007 par le Syndicat national de l'édition (actionnaire à 80 %) avec le Syndicat de la librairie française (1). A partir du 1er juillet, les quelque 120 éditeurs concernés pourront signer un contrat avec Pollen pour la seule distribution, bien que Pollen soit aussi diffuseur. A la différence de ce que faisait Calibre, les ouvrages seront stockés. "Calibre ne constitue pas un changement dans ma stratégie de développement mais un coup d'accélérateur, explique Benoît Vaillant, directeur de Pollen. Nous travaillons à une offre de distribution depuis mars. Les investissements étaient déjà prévus et financés. Le déménagement de notre espace de stockage est en cours. Le nouvel espace nous procure une réserve de croissance de 40 % en distribution." Calibre représente un quart du volume d'activité de Pollen, qui diffuse et distribue une soixantaine de petits éditeurs et réalise un chiffre d'affaires net de 3,85 millions d'euros. "L'activité de distribution des petits éditeurs n'est possible que si elle se fait à coût marginal, donc si elle est adossée à une activité rentable, ce qui est notre cas", analyse Benoît Vaillant. Responsable des relations éditeurs de Calibre, Caroline Hermoso s'occupera chez Pollen des relations avec les éditeurs distribués.

Pour les éditeurs, l'expérience Calibre se solde par des pertes qui déstabilisent leur économie déjà fragile. Ils ont dû faire face à de nombreux dysfonctionnements, issus pour beaucoup du changement d'opérateur logistique en 2009. Après la faillite du Celf, la logistique a été reprise par Axélis. Mais les éditeurs ont subi des erreurs de facturation et des problèmes de comptabilité. A cela s'ajoute le fait que la liquidation amiable débouche sur l'abandon de 50 % de leurs créances à fin mars. La facture a du mal à passer chez des éditeurs qui avaient rejoint Calibre sur la foi de son soutien institutionnel (SNE, mais aussi SLF, ministère de la Culture, avec une dotation du Cercle de la librairie). Pour le SNE, qui n'était plus prêt à porter à bout de bras une structure lourdement déficitaire, l'addition est salée. Les dettes s'élèvent à 500 000 euros selon l'administratrice judiciaire Isabelle Didier, qui espère en combler 200 000 par le recouvrement. Si Calibre a contribué à professionnaliser des maisons, les délais de livraison s'allongeaient, l'objectif de 300 éditeurs distribués n'a jamais été atteint et les charges salariales étaient trop élevées. "La volonté de bien faire y était, mais c'était une structure entre le public et le privé, qui fournissait un accompagnement de qualité sans respecter les règles économiques strictes", juge Isabelle Didier.

(1) Voir LH 864 du 6.5.2011, p. 49.

12.02 2016

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