Ecologie

Carbone 4 : Le cabinet expert qui  relève l'empreinte d'Hachette

Le siège d'Hachette Livre à Vanves. - Photo Olivier Dion

Carbone 4 : Le cabinet expert qui  relève l'empreinte d'Hachette

«?Le livre est considéré comme un mode de culture plutôt bas carbone?» rappelle Clément Mallet, consultant senior chez Carbone 4.

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Par Marine Durand,
Créé le 07.12.2021 à 12h01

Pas facile de joindre Carbone 4 en pleine COP 26. Sursollicité par les médias pendant la conférence internationale sur les changements climatiques, le cabinet de conseil spécialisé sur les enjeux de transition énergétique, fondé en 2007 par l'ingénieur Jean-Marc Jancovici et l'économiste Alain Grandjean, mène aussi un chantier conséquent pour Hachette Livre : le premier bilan carbone du groupe à l'international, qui sera rendu public dans les semaines qui viennent et permettra de décliner une stratégie de réduction des émissions à l'échelle mondiale.

« Hachette Livre fait partie de nos clients historiques, puisqu'ils nous ont demandé de comptabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre en France tous les trois ans dès 2009 », observe Clément Mallet, consultant senior chez Carbone 4, pour qui cette « extension » de l'audit au niveau mondial a constitué un défi de taille. « Il a fallu refaire le travail de collecte de données que nous avions fait il y a douze ans pour l'Europe, auprès des fournisseurs, des papetiers, et faire face à certaines spécificités, comme une part de transport en avion plus importante. »

18,5 % de baisse de GES pour Hachette

C'est au sein de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) que Jean-Marc Jancovici a développé, à partir de 2000, sa méthode de bilan carbone, consistant à mesurer ou estimer les quantités de tonnes de CO2 équivalent (tCO2eq) émises par une organisation. La méthodologie proposée par Carbone 4, qui œuvre principalement pour de grandes entreprises dans tous les secteurs d'activité, repose sur les mêmes principes, « mais on met l'accent auprès de nos clients sur le fait qu'il ne faut pas se contenter de cette photo, et nous proposons des pistes d'amélioration », note Clément Mallet.

Entre 2008 et 2018, Hachette Livre est parvenu à faire baisser ses émissions de 18,5 %, à 176 000 tonnes de CO2eq, en agissant au niveau de la production du papier et de l'impression, deux postes qui représentent à eux seuls 80 % des émissions de la production d'un livre. « Dès le début, nous avons choisi de calculer nos émissions en scope 3, c'est-à-dire en prenant en compte nos consommations énergétiques, mais aussi les émissions des autres maillons, depuis la fabrication de la pâte à papier jusqu'à la porte du distributeur », détaille Gaëtan Ruffault,directeur RH et de la RSE d'Hachette Livre, qui diffuse une grille de collecte dans la totalité de ses périmètres, et a également mandaté le cabinet Greenflex pour réaliser son bilan plastique. « Mais le plus important, c'est la prise de conscience du rôle que chacun peut jouer. » Si Hachette indique aussi, depuis 2012, l'empreinte carbone de ses livres titre par titre en suivant la méthode de calcul de Jean-Marc Jancovici, rares sont les maisons à évaluer cette empreinte, et parmi les principaux groupes, seuls Bayard et Hachette ont publié des résultats sur la base carbone de l'Ademe.

« Peut-être parce que l'industrie n'est pas réellement sous le feu des critiques, le livre étant considéré comme un mode de culture plutôt bas carbone », analyse Clément Mallet, tout en relevant l'importance du fret dans les émissions carbone de la filière, « car le papier est un matériau assez lourd ». Outre des bilans carbone, Carbone 4 conseille aussi ses clients sur la façon de s'adapter aux changements climatiques à venir, et de se préparer à un monde bas carbone. Pour les éditeurs, « cela pourrait être le coût du transport qui va augmenter, ou le fait de se demander si son papetier s'approvisionne en bois dans des forêts à risque d'incendie ». Un autre pas vers une prise de conscience collective.

 

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